Alors que la réforme de l’assurance chômage avait été qualifiée d’« indispensable » par Emmanuel Macron il y a quelques semaines à peine, le gouvernement vient d’annoncer sa suspension au soir du premier tour des élections législatives. Un véritable coup de tonnerre qui soulève de nombreuses interrogations. Comment expliquer ce soudain revirement ?
Une réforme vivement contestée
Rappelons que cette réforme, qui prévoyait un nouveau tour de vis des règles d’indemnisation au 1er décembre, était loin de faire l’unanimité. Syndicats et oppositions n’ont eu de cesse de dénoncer une mesure injuste et inefficace pour lutter contre le chômage. Le gouvernement, lui, martelait son caractère « indispensable » pour inciter les chômeurs à reprendre un emploi plus rapidement.
Des inquiétudes quant à son impact social
Au-delà de son efficacité discutable, de nombreuses voix se sont élevées pour pointer du doigt les conséquences sociales délétères d’un tel durcissement des règles. Avec une indemnisation réduite, des centaines de milliers de chômeurs risquaient de basculer dans la précarité, fragilisant encore davantage des populations déjà durement éprouvées par la crise.
Un contexte politique tendu
C’est donc dans ce contexte déjà électrique qu’est intervenue l’annonce de la suspension de la réforme, quelques heures seulement après les résultats du premier tour des législatives. Des résultats qui se sont avérés très décevants pour la majorité présidentielle, loin de la victoire espérée. Face au spectre d’une Assemblée nationale hostile, où une alliance des oppositions pourrait contrarier ses projets, le gouvernement a préféré reculer. Fini le jusqu’au-boutisme, place à la prudence…
La réforme pourra « faire l’objet d’aménagements » pour favoriser une alliance avec la gauche, assure Matignon.
La crainte d’un blocage institutionnel
En suspendant la réforme, le gouvernement espère ainsi se ménager une marge de manœuvre pour négocier le soutien des forces de gauche à l’Assemblée. Une main tendue qui révèle surtout la crainte d’un blocage institutionnel qui paralyserait l’action de l’exécutif pour les cinq prochaines années. Quitte à sacrifier une mesure pourtant défendue contre vents et marées jusque-là…
Un rude retour sur terre
Après la réélection triomphale d’Emmanuel Macron il y a quelques semaines, ce premier revers électoral fait l’effet d’une douche froide pour la macronie. Dos au mur, l’exécutif est contraint de revoir ses priorités et d’afficher un nouvel esprit de compromis. Mais ce revirement soudain, dicté par des considérations purement politiques, ne risque-t-il pas d’écorner son image et sa crédibilité ?
Les défis à venir
Une chose est sûre, les prochains mois s’annoncent agités sur le front social, avec une rentrée qui s’annonce déjà brûlante. Entre poussée de l’inflation, menace de récession et crise énergétique, les dossiers urgents ne manquent pas. Le gouvernement, fragilisé, parviendra-t-il à garder le cap tout en composant avec une Assemblée turbulente ? Réponse au soir du second tour…