Au lendemain d’un premier tour des législatives anticipées marqué par un score historique du Rassemblement national et un nombre inédit de triangulaires en perspective, Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire, a pris la plume pour livrer une analyse acerbe de la situation politique. Dans un communiqué au vitriol, l’élue Horizons, qui a récemment quitté Les Républicains pour rejoindre le parti d’Édouard Philippe, expose sa « position personnelle » en cas de duel entre le RN et le Nouveau Front populaire (NFP) : voter blanc.
Un rejet virulent de la gauche unie
Plus tranchée que le « ni-ni » à géométrie variable prôné par Édouard Philippe, la consigne de vote de Christelle Morançais s’accompagne de propos d’une rare virulence à l’égard de la coalition de gauche. « Dans les deux cas, c’est non ! », martèle-t-elle d’emblée, pointant du doigt la réalité électorale : un tiers des électeurs a voté RN. Une réalité qui, selon elle, « ne va pas disparaître au motif que de “belles personnes” autoproclamées nous dispensent des leçons de morale sur l’éternel refrain du barrage républicain ».
L’élue poursuit en dénonçant ce qu’elle qualifie de « mensonge terrifiant » sur lequel serait bâti le NFP. Selon elle, « les mêmes qui bordélisent l’Assemblée et profèrent les pires horreurs antisémites s’érigent maintenant en remparts de la République ». Une allusion à peine voilée à La France insoumise et à son leader, Jean-Luc Mélenchon.
Pas de distinction entre LFI et le reste de la gauche
Contrairement à Édouard Philippe, qui estime pouvoir voter pour des candidats du NFP n’appartenant pas à LFI, Christelle Morançais assume un rejet en bloc de la coalition de gauche. « Je ne vois aucune différence entre un candidat LFI et un candidat PS ou écologiste qui a pactisé avec Jean-Luc Mélenchon et ses idées anti-républicaines », assène-t-elle, avant d’ajouter : « Enfin, peut-être une : l’un assume, y compris le pire, et l’autre se compromet dans le déshonneur. »
Une position à contre-courant de la majorité présidentielle
Cette prise de position tranche avec celle adoptée par la plupart des ténors de la majorité présidentielle au soir du premier tour. Si le premier ministre Gabriel Attal a évoqué le « devoir moral » d’« empêcher le Rassemblement national d’avoir une majorité absolue », d’autres comme François Bayrou ont posé des conditions à une éventuelle alliance entre « les candidats démocrates et républicains », à déterminer au cas par cas dans chaque circonscription.
À l’inverse, la présidente de région assume une ligne intransigeante vis-à-vis du NFP. Un positionnement qui illustre les divergences stratégiques au sein même de la majorité, au moment où se profile un second tour aussi crucial qu’incertain pour l’avenir du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Le spectre d’une Assemblée ingouvernable
Car au-delà des postures, c’est bien la question de la gouvernabilité du pays qui se pose après ce premier tour. Avec une poussée inédite du RN et une gauche unie en embuscade, le risque d’une Assemblée morcelée et difficile à manœuvrer n’a jamais été aussi présent. Un scénario que redoutent les macronistes, qui espèrent encore pouvoir compter sur une majorité, même relative, pour mener à bien les réformes promises.
Mais face à la menace d’un blocage institutionnel, certains à l’instar de Christelle Morançais semblent privilégier une ligne de fermeté, quitte à assumer le vote blanc. Un pari risqué, qui pourrait bien se retourner contre la majorité si d’aventure le RN venait à triompher. Car comme le souligne l’élue des Pays de la Loire, on ne fait pas barrage contre 11 millions de Français. Un constat qui devrait inciter chacun, au-delà des clivages partisans, à s’interroger sur les raisons profondes de cette colère exprimée dans les urnes.
