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Disparition d’un Nantais en Andorre : 20 Ans de Prison pour Meurtre

En 2016, Florent Grégoire disparaît en Andorre. Une femme est condamnée pour meurtre, mais où est le corps ? Plongez dans une affaire troublante...

En septembre 2016, un jeune ingénieur nantais, Florent Grégoire, disparaît sans laisser de trace dans la principauté d’Andorre. Neuf ans plus tard, un verdict tombe : une femme de 64 ans, Ichsanna Samba Rukmi Widhyastuti, est condamnée à 20 ans de réclusion criminelle pour son meurtre. Mais dans cette affaire, ni corps ni aveux n’ont été trouvés. Comment une enquête sans scène de crime a-t-elle conduit à une telle condamnation ? Plongez dans un récit où la vérité reste aussi insaisissable qu’un brouillard pyrénéen.

Une Disparition Inquiétante dans les Pyrénées

Florent Grégoire, 28 ans, était un homme discret, passionné d’écologie et de woofing, ce mode de voyage où l’on travaille bénévolement dans des fermes en échange du gîte et du couvert. En août 2016, après avoir retrouvé ses parents dans les Pyrénées, il part randonner en Espagne, puis s’installe dans une auberge andorrane. Le 12 septembre, il est vu pour la dernière fois quittant l’établissement avec un simple sac à dos. Ensuite, plus rien. Ses proches, habitués à ses nouvelles régulières, s’inquiètent rapidement.

La famille de Florent signale sa disparition, mais les autorités andorranes, peu habituées aux affaires criminelles, cessent vite les recherches. Une femme, cependant, entre en scène : Ichsanna Samba Rukmi Widhyastuti, une Australienne d’origine indonésienne, se présente comme sa compagne. Elle affirme que Florent va bien, qu’il est parti pour un mariage en Bretagne ou même qu’il se trouve au Royaume-Uni. Mais ses déclarations, marquées par des incohérences, attisent les soupçons.

Une Accusée aux Contours Flous

Ichsanna, alors âgée de 55 ans, est une figure énigmatique. Se décrivant comme docteure en architecture et globe-trotteuse, elle a rencontré Florent en 2015 dans une auberge de jeunesse à Bordeaux. Leur relation, mal définie, intrigue les enquêteurs. Était-elle amoureuse ? Jalouse ? Ou motivée par des intérêts plus sombres, comme l’argent ? Les investigations révèlent qu’elle a voyagé dans une vingtaine de pays après la disparition de Florent, un détail qui renforce son image de fugitive insaisissable.

Elle est décrite comme une forteresse, avec des mécanismes de défense puissants, conscients et inconscients.

Un expert psychologue lors du procès

Les experts psychologiques dépeignent une personnalité complexe, marquée par la mythomanie et une capacité à manipuler. Ichsanna crée des faux comptes sur les réseaux sociaux pour faire croire que Florent est toujours en vie, envoyant des messages comme : « Mon collègue a reçu un mail de Florent, laissez-le tranquille. » Ces manœuvres, loin de dissiper les doutes, resserrent l’étau autour d’elle.

Des Indices Accablants, mais Pas de Corps

L’enquête, initialement ouverte pour disparition inquiétante, prend un tournant criminel. Les enquêteurs découvrent des éléments troublants : des photos du permis de conduire, de la carte bancaire et du passeport de Florent dans le téléphone d’Ichsanna, prises huit jours après sa disparition. De plus, plusieurs milliers d’euros sont retirés du compte bancaire du jeune homme peu avant le 12 septembre 2016, une attitude incompatible avec son mode de vie modeste.

  • Retraits bancaires suspects : Plusieurs milliers d’euros débités en quelques jours.
  • Photos compromettantes : Documents d’identité de Florent retrouvés dans le téléphone d’Ichsanna.
  • Messages post-disparition : Faux comptes et emails envoyés pour simuler la survie de Florent.

En novembre 2019, Ichsanna est arrêtée à l’aéroport de Roissy, à la sortie d’un vol en provenance de Lisbonne. Mise en examen pour enlèvement et séquestration, elle est ensuite poursuivie pour meurtre en 2023. Malgré ces indices, elle nie toute implication, affirmant que Florent travaillait pour les services secrets français et qu’elle-même était visée par un complot international.

Un Procès sous Tension

Du 22 au 26 septembre 2025, la cour d’assises de Loire-Atlantique à Nantes se penche sur cette affaire hors norme. Sans corps, sans arme, sans scène de crime, le procès repose sur un faisceau d’indices et la personnalité déroutante de l’accusée. Ichsanna, traduite par une interprète en indonésien, multiplie les déclarations incohérentes, évoquant des théories conspirationnistes impliquant la DGSE ou les attentats du Bataclan. Ses réponses évasives frustrent la cour et la famille de Florent.

Nous n’avons pas attendu neuf ans pour entendre des scénarios inventés qui n’ont aucun sens.

Le frère de Florent Grégoire, lors du procès

La famille de Florent, déchirée par le chagrin, témoigne de la douleur de l’absence. Le frère du disparu, âgé de 35 ans, évoque un homme indépendant et solitaire, mais toujours en contact avec ses proches. Les investigations informatiques, les témoignages et les expertises psychiatriques dressent le portrait d’une accusée manipulatrice, mais sans mobile clair. La jalousie, suggérée par l’accusation, reste une hypothèse fragile.

Un Verdict Historique

Le 26 septembre 2025, après sept heures de délibération, la cour rend son verdict : Ichsanna est déclarée coupable de meurtre et condamnée à 20 ans de réclusion criminelle, assortie d’une interdiction définitive du territoire français et de 98 000 euros de dommages et intérêts aux proches de Florent. L’avocate générale, Claire Loumadine, avait requis la même peine, soulignant que l’accusée avait « condamné l’âme de Florent à errer dans l’obscurité » par ses mensonges.

Étape Détail
Disparition 12 septembre 2016, Andorre
Arrestation Novembre 2019, aéroport de Roissy
Mise en examen Enlèvement (2019), meurtre (2023)
Verdict 20 ans de prison, septembre 2025

Pour la défense, Me Simon Despierre a plaidé l’acquittement, arguant d’un dossier rempli d’hypothèses et d’incertitudes. Il reconnaît la mythomanie de sa cliente, mais conteste qu’elle ait l’intelligence criminelle qu’on lui prête. Malgré ces arguments, la cour tranche en faveur de la culpabilité, un verdict rare dans une affaire sans corps ni aveux.

Une Affaire Sans Fin ?

Ce verdict, bien que marquant, laisse un goût d’inachevé. Où est le corps de Florent ? Quel était le mobile exact ? Les réponses restent enfouies, peut-être à jamais, dans le silence d’Ichsanna. Cette affaire, comparée à d’autres cas de meurtres sans cadavre, comme celui de Narumi Kurosaki, montre que la justice peut condamner sur la base d’indices convergents, même en l’absence de preuves matérielles.

Pour les proches de Florent, la condamnation apporte une forme de soulagement, mais pas de closure. La douleur de l’absence persiste, amplifiée par l’absence de réponses concrètes. La cour a reconnu la souffrance de la famille, mais le mystère d’Andorre continue de planer, comme une ombre sur les cimes pyrénéennes.

Les leçons de l’affaire

  • La justice peut trancher sans corps ni aveux, grâce à un faisceau d’indices.
  • Les technologies numériques (téléphones, réseaux sociaux) jouent un rôle clé dans les enquêtes modernes.
  • La douleur des familles face à une disparition reste une plaie ouverte, même après un verdict.

En attendant un éventuel appel, l’affaire Florent Grégoire reste un symbole des défis de la justice face à des dossiers complexes. Elle interroge sur la nature humaine, sur les motivations cachées et sur la quête inlassable de vérité dans un brouillard d’incertitudes.

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