À un mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, prévue pour le 25 octobre 2025, une tempête politique se profile. L’opposition, galvanisée par le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo, hausse le ton face à la candidature controversée d’Alassane Ouattara, président sortant, qui brigue un quatrième mandat. Ce scrutin, déjà marqué par des exclusions majeures et des accusations d’inconstitutionnalité, pourrait-il plonger le pays dans une nouvelle crise ?
Une Élection sous Haute Tension
La Côte d’Ivoire, nation ouest-africaine riche en histoire et en défis, se prépare à une élection qui cristallise les tensions. Le parti de Laurent Gbagbo, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), a lancé un appel vibrant à la communauté internationale pour qu’elle prenne position face à ce qu’il considère comme une violation de la Constitution. Ce cri d’alarme intervient dans un contexte où le pays a déjà connu des crises électorales meurtrières, notamment en 2010-2011, avec 3 000 morts, et en 2020, avec 85 victimes.
Mais qu’est-ce qui alimente cette montée des tensions ? Au cœur du débat : la candidature d’Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2010, qui divise profondément le paysage politique ivoirien. L’opposition argue que ce quatrième mandat est inconstitutionnel, tandis que le Conseil constitutionnel défend une interprétation différente, basée sur la Constitution de 2016.
Un Conflit Constitutionnel Explosif
La Constitution ivoirienne limite strictement le nombre de mandats présidentiels à deux. Pourtant, une décision controversée du Conseil constitutionnel soutient que l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro pour Alassane Ouattara. Cette interprétation, perçue comme un passe-droit par l’opposition, a mis le feu aux poudres.
Notre Constitution ne prévoit ni trois, ni quatre mandats. Nous souhaitons que nos amis le constatent et soient clairs sur ce point.
PPA-CI, dans un courrier adressé à l’ONU et à l’Union africaine
Ce différend juridique n’est pas qu’une question de sémantique. Il reflète un clivage profond entre les partisans d’Ouattara, qui vantent la stabilité économique sous son mandat, et une opposition qui craint une dérive autoritaire. Le PPA-CI, dans un document de six pages adressé à des institutions comme l’Union africaine, l’ONU ou encore l’Union européenne, appelle à une clarification internationale pour éviter une crise majeure.
L’Appel à une Médiation Internationale
Face à l’escalade des tensions, le PPA-CI ne se contente pas de dénoncer. Il demande une médiation internationale sous l’égide de l’ONU ou de l’Union africaine pour prévenir une crise électorale à haut risque. Cette requête fait écho à l’histoire récente du pays, marquée par des violences post-électorales. En 2010, la contestation des résultats avait plongé la Côte d’Ivoire dans un conflit sanglant. En 2020, des affrontements avaient fait des dizaines de morts.
Le parti de Gbagbo met en garde : sans une intervention claire de la communauté internationale, le scrutin pourrait dégénérer. Mais cet appel sera-t-il entendu ? Les institutions internationales, souvent critiquées pour leur prudence dans les affaires internes des États, se retrouvent face à un dilemme.
Les Enjeux en Quelques Points
- Constitution : Limite de deux mandats présidentiels, contestée par une interprétation favorable à Ouattara.
- Opposition : Exclusion de figures clés comme Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam.
- Risques : Une crise électorale potentielle, dans un pays marqué par des violences passées.
- Appel international : Demande de médiation pour garantir un scrutin apaisé.
Les Candidats en Lice
Si Alassane Ouattara domine la scène, quatre candidats ont été validés par le Conseil constitutionnel pour l’affronter. Parmi eux, Jean-Louis Billon, ancien ministre du Commerce et dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), tente de se positionner comme une alternative crédible. Simone Ehivet Gbagbo, ex-épouse de Laurent Gbagbo, et Ahoua Don Mello, ancien ministre proche de ce dernier, incarnent une rupture avec leur ancien allié. Enfin, Henriette Lagou, candidate en 2015, complète ce tableau.
Mais l’absence de figures majeures comme Laurent Gbagbo, exclu pour des raisons judiciaires, et Tidjane Thiam, leader du PDCI, alimente les critiques sur l’équité du processus. Gbagbo, radié des listes électorales, reste une figure influente, et son parti mobilise pour dénoncer ce qu’il appelle une injustice.
Une Campagne sous Pression
À partir du 10 octobre, les candidats éligibles entreront officiellement en campagne. Le parti au pouvoir, par la voix de son porte-parole Kobenan Kouassi Adjoumani, assure que le processus électoral se déroule normalement. Mais l’opposition reste sceptique, pointant du doigt un système biaisé en faveur du président sortant.
Nous en appelons à la responsabilité de tous pour garantir des élections paisibles.
Leonardo Santos Simao, représentant spécial de l’ONU
La visite récente de Leonardo Santos Simao, représentant de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, témoigne de l’attention internationale portée à ce scrutin. Après des rencontres avec les principaux acteurs politiques, il a insisté sur la nécessité d’un processus apaisé. Mais dans un climat de méfiance, cette aspiration semble fragile.
Un Passé qui Hante le Présent
La Côte d’Ivoire n’est pas étrangère aux crises électorales. Les violences de 2010-2011, déclenchées par le refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, restent dans toutes les mémoires. Ces événements avaient nécessité une intervention militaire internationale. Plus récemment, en 2020, des heurts avaient éclaté autour de la réélection controversée d’Ouattara.
Ces précédents alimentent les craintes d’un nouveau dérapage. Pourtant, les récents scrutins locaux ont montré que des élections pacifiques sont possibles. La question est : le climat actuel permettra-t-il de reproduire cette sérénité ?
Année | Événement | Conséquences |
---|---|---|
2010-2011 | Crise post-électorale | 3 000 morts, intervention internationale |
2020 | Violences électorales | 85 morts, tensions politiques |
2023-2024 | Scrutins locaux | Élections apaisées |
Vers un Scrutin Apaisé ?
Le défi est immense. La Côte d’Ivoire se trouve à un carrefour : un scrutin apaisé pourrait consolider sa stabilité, tandis qu’un dérapage risquerait de raviver des blessures encore fraîches. L’opposition, menée par le PPA-CI, insiste sur la nécessité d’une vigilance internationale pour garantir la transparence et le respect des règles démocratiques.
Les prochaines semaines seront cruciales. Les candidats vont sillonner le pays, tandis que la communauté internationale observera de près. La question demeure : la Côte d’Ivoire parviendra-t-elle à organiser une élection qui réconcilie plutôt qu’elle ne divise ?
Pour l’heure, le pays retient son souffle. Les appels à la paix se multiplient, mais les tensions restent palpables. Ce scrutin, au-delà d’un simple choix présidentiel, est un test pour la résilience de la démocratie ivoirienne.