L’affaire Dominique Boutonnat continue de faire des vagues dans le milieu du cinéma français. L’actrice Judith Godrèche monte au créneau pour dénoncer le soutien apporté par le président de la République Emmanuel Macron et le gouvernement à l’ex-patron du CNC, condamné vendredi à trois ans de prison dont un an ferme pour agression sexuelle sur son filleul.
Un soutien jusqu’au verdict qui passe mal
Dans une story Instagram, Judith Godrèche rappelle qu’Emmanuel Macron avait reconduit Dominique Boutonnat dans ses fonctions en juillet 2022, « malgré les courriers des syndicats, de collectifs, d’associations », et ce plus d’un an après sa mise en examen. L’actrice reproche au chef de l’État d’avoir ainsi « fait le jeu du RN » en le maintenant à son poste.
Elle s’en prend également à la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak, qui avait rendu hommage en mai dernier au travail de Dominique Boutonnat lors du Festival de Cannes, « devant un parterre de professionnels ». « Une fois de plus, le déni, l’entre-soi », fustige Judith Godrèche.
Les craintes pour l’avenir du CNC
Au-delà de l’indignation, l’actrice s’inquiète des conséquences de ce soutien jusqu’au bout. Elle craint en effet que ce soit « le prochain ministre de la Culture qui choisirait son successeur à la tête du CNC », du fait du maintien de Dominique Boutonnat à son poste jusqu’à sa condamnation.
Une situation qui pourrait fragiliser cette institution centrale du 7ème art français, en pleine réforme de ses mécanismes de financement et de soutien à la création. Le prochain patron du CNC aura fort à faire pour restaurer la confiance et rassembler une profession sous le choc.
Une condamnation qui en dit long
Pour Judith Godrèche, le jugement du tribunal de Nanterre est sans appel. La justice a reconnu « l’abus d’autorité et la notion d’emprise » dans cette affaire d’agression sexuelle, des actes « particulièrement graves » aux yeux des juges.
Cette affaire est la parfaite démonstration de ce qu’est une agression sexuelle.
L’avocate de la partie civile
Un constat partagé par l’actrice, qui a fait de la lutte contre les violences sexuelles dans le milieu du cinéma un de ses combats. Elle est notamment à l’origine d’une commission d’enquête parlementaire sur le sujet.
Le début d’une prise de conscience ?
Si le soutien de l’exécutif à Dominique Boutonnat interroge, sa condamnation marque peut-être un tournant. Le milieu du 7ème art semble aujourd’hui prêt à regarder en face ses zones d’ombre et à agir contre le sexisme et les violences qui gangrènent le secteur.
Reste à savoir si les actes suivront les paroles. Les premières réponses devraient venir avec la nomination du prochain patron du CNC, un choix crucial pour l’avenir du cinéma français, entre impératifs économiques, enjeux créatifs et exigence éthique. Un sacré défi en perspective.