Au lendemain du premier tour des élections législatives anticipées, les déclarations fracassantes de Bruno Le Maire ont mis le feu aux poudres au sein de la majorité présidentielle. Le ministre de l’Économie a en effet refusé d’appeler à voter pour les candidats de La France insoumise face au Rassemblement national au second tour, déclenchant l’ire des écologistes et soulevant de vives tensions entre alliés.
Marine Tondelier fustige la position « lâche » de Le Maire
Invitée ce lundi matin sur France Inter, la secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts Marine Tondelier n’a pas mâché ses mots pour condamner les propos tenus un peu plus tôt par Bruno Le Maire. Visiblement très émue, la responsable écologiste a livré un vibrant plaidoyer :
Je suis atterrée et extrêmement en colère. Ce que vient de faire Bruno Le Maire, c’est un comportement de lâche et de privilégié. C’est hors sol, c’est lunaire et ce n’est pas à la hauteur de l’histoire. Ils ont choisi le déshonneur aujourd’hui.
Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes
Vivant elle-même à Hénin-Beaumont, une ville dirigée par le RN depuis 10 ans, Marine Tondelier a souligné avec émotion les dangers que représenterait une percée de l’extrême droite à l’Assemblée nationale. Elle a ainsi reproché à Bruno Le Maire de se tromper de combat en ciblant La France insoumise plutôt que le Rassemblement national.
Le spectre d’un RN en position de force
Au vu des résultats du premier tour publiés dimanche soir, le parti de Marine Le Pen est en effet en passe de décrocher un nombre record de députés, faisant craindre une recomposition politique majeure. Face à cette menace, la plupart des ténors de la majorité présidentielle ont appelé à faire barrage au RN dans tous les cas de figure.
En refusant de choisir entre les « extrêmes », Bruno Le Maire a donc jeté un pavé dans la mare, alors même qu’Emmanuel Macron a martelé durant l’entre-deux tours sa volonté d’endiguer la progression de l’extrême droite. Une position qui tranche avec la « discipline républicaine » prônée par de nombreux responsables de la majorité.
Remous et divisions chez les macronistes
Au-delà de l’indignation des écologistes, les propos de Bruno Le Maire ont suscité un vif malaise dans les rangs de LREM. Plusieurs figures du parti présidentiel ont tenu à se démarquer, à l’instar du patron du groupe LREM à l’Assemblée Christophe Castaner. Ce dernier a rappelé qu’il n’était « pas question de mettre un signe égal » entre LFI et le RN.
Ces remous interviennent à un moment charnière pour la majorité, alors qu’Emmanuel Macron joue gros pour obtenir une majorité absolue à l’issue du second tour dimanche prochain. Mais les divergences stratégiques et les prises de position clivantes de certains ténors fragilisent la cohésion de son camp.
L’opposition se saisit de la polémique
Sans surprise, les déclarations de Bruno Le Maire ont été vivement dénoncées par les responsables de LFI et du RN, qui y voient le signe d’un pouvoir « aux abois ». Jean-Luc Mélenchon a fustigé « l’arrogance » et le « mépris » du ministre de l’Économie, l’accusant de faire le jeu de l’extrême droite.
Marine Le Pen s’est quant à elle félicitée que LREM ne donne pas de « consigne de barrage » contre ses candidats, tout en ironisant sur les « pleurnicheries » des écologistes. Autant de passes d’armes qui promettent une fin de campagne électrique.
Reste à savoir si la majorité parviendra à refermer ses plaies d’ici dimanche et à envoyer un message clair aux électeurs. Au moment où le spectre d’une paralysie de l’action gouvernementale se profile, Emmanuel Macron ne peut se permettre la moindre fausse note. Les prochains jours s’annoncent décisifs.