Alors que l’industrie automobile traverse une période de profonde transformation, le marché français résiste tant bien que mal. Au premier semestre 2024, il enregistre même une légère croissance de 2,82%, portée essentiellement par l’engouement pour les modèles hybrides et électriques. Mais derrière ces chiffres encourageants se cachent des défis de taille pour les constructeurs.
L’hybride, moteur du marché
Avec respectivement 25% et 15% de hausse des ventes, et des parts de marché de 38,7% et 17,4%, les véhicules hybrides et 100% électriques ont le vent en poupe. Ils permettent au marché de rester dans le vert malgré la baisse des motorisations essence et diesel traditionnelles.
Ce basculement s’explique par plusieurs facteurs :
- La pression réglementaire en faveur de la décarbonation
- Les aides à l’achat comme le bonus écologique
- La multiplication des modèles abordables
- L’amélioration de l’autonomie des batteries
Les constructeurs généralistes comme Toyota, Stellantis ou Renault-Nissan misent ainsi massivement sur l’électrification de leur gamme, une tendance lourde appelée à s’accélérer dans les années à venir.
Des nuages à l’horizon
Malgré ces éléments positifs, le marché automobile reste fragile. Sur la période avril-juin, les immatriculations sont reparties à la baisse (-4,79% en juin), signe d’un essoufflement de la dynamique. Même l’électrique marque le pas, pénalisé par les nouveaux critères du bonus écologique.
Le tassement du marché est lié à l’attentisme des particuliers comme des entreprises, qui voudraient des modèles électriques moins chers et correspondant à leurs usages.
– Julien Billon, analyste chez AAA Data
Par ailleurs, l’impact du leasing social gouvernemental devrait progressivement s’estomper. Autant d’éléments qui poussent les experts à anticiper un second semestre 2024 en berne, sous la barre des 1,9 million de ventes annuelles.
Vers une nouvelle donne
Au-delà des chiffres, ce sont les équilibres du secteur qui se trouvent bousculés. Symboliquement, la Peugeot 208 électrique ravit pour la première fois la place de voiture la plus vendue en France à sa jumelle thermique.
De nouveaux acteurs 100% électriques comme Tesla ou les marques chinoises grignotent des parts de marché, bousculant la hiérarchie. Et les problèmes d’approvisionnement en semi-conducteurs continuent de perturber les chaînes de production.
Autant de signaux faibles qui présagent d’une recomposition en profondeur de l’industrie automobile française. Les constructeurs historiques devront s’adapter en accélérant leur virage électrique et en repensant leur modèle, sous peine d’être dépassés. Le chemin vers la mobilité durable est encore long et semé d’embûches.