C’est un séisme politique qui s’annonce pour le second mandat d’Emmanuel Macron. Au soir du premier tour des élections législatives, c’est la nouvelle union de la gauche, baptisée “Nouveau Front Populaire” et menée par La France Insoumise, qui arrive en tête, devant le Rassemblement National et la majorité présidentielle. Avec 32 députés élus dès le premier tour, le NFP affiche clairement ses ambitions : obtenir une majorité absolue à l’Assemblée Nationale pour mener sa politique.
Le NFP veut “changer immédiatement la vie des gens”
Pour Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise et figure de proue du NFP, l’objectif est clair. Interrogé sur RTL au lendemain du premier tour, il a affirmé que l’union de la gauche souhaitait décrocher une majorité absolue de sièges afin de pouvoir appliquer son programme et “changer immédiatement la vie des gens”.
Il y a une hypothèse qui a été tranchée hier, c’est que le camp présidentiel n’est pas en mesure de disposer d’une majorité absolue.
Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise
Le député réélu dès le premier tour a par ailleurs vertement critiqué la position d’Édouard Philippe, qui a refusé de donner une consigne de vote entre le NFP et le RN, jugeant cela “totalement insupportable et inacceptable”. Quant à Emmanuel Macron, il a estimé que le chef de l’État, “premier défait de cette élection”, n’était “pas en mesure d’appeler au rassemblement autour de lui”.
La ligne rouge du NFP : “pas une voix, pas un siège de plus pour le RN”
S’il se montre offensif vis-à-vis de la majorité présidentielle sortante, Manuel Bompard n’en oublie pas pour autant “le combat contre l’extrême-droite”. Le mot d’ordre du NFP est ainsi “pas une voix, pas un siège de plus pour le Rassemblement National”. Le candidat de la gauche se retire ainsi dans la circonscription d’Élisabeth Borne, arrivée en 2ème position derrière le RN, pour faire barrage.
En revanche, dans la circonscription de Gérald Darmanin, arrivé en tête devant le candidat RN, le NFP maintient son candidat, estimant que ce n’est pas le Rassemblement National qui est arrivé en tête. Pour les électeurs de gauche, “ils feront ce qu’ils ont à faire”, a conclu Manuel Bompard, refusant de se considérer comme “propriétaire des voix”.
Quid des dissidents Insoumis ? “Ils ne pourront pas siéger avec nous”
Plusieurs figures de La France Insoumise, comme Alexis Corbière, Raquel Garrido ou Danièle Simonnet, se sont présentées sans avoir reçu l’investiture de leur parti au sein du NFP. Une dissidence que ne compte pas accepter la direction Insoumise en cas de victoire de ces candidats :
S’ils sont élus, ils ne pourront pas siéger avec La France Insoumise.
Manuel Bompard au sujet des candidats dissidents
Alexis Corbière et Danièle Simonnet sont arrivés en tête dans leurs circonscriptions respectives, tandis que Raquel Garrido est qualifiée pour le second tour. Leur avenir au sein du groupe parlementaire Insoumis s’annonce donc plus qu’incertain en cas de victoire dimanche prochain.
Jean-Luc Mélenchon Premier ministre ? “Je ne l’exclus pas”
Alors que plane l’hypothèse d’une potentielle cohabitation en cas de victoire du NFP dimanche prochain, la question du nom du Premier ministre se pose. Jean-Luc Mélenchon, leader historique de La France Insoumise, tiendra-t-il ce rôle ? “Je ne l’exclus pas, je ne l’impose pas”, a répondu Manuel Bompard, renvoyant aux propos du principal intéressé qui affirme “n’être candidat à rien”.
Selon le coordinateur de LFI, si une majorité absolue se dessine pour le NFP, un choix devra être fait pour désigner le Premier ministre “le plus à même d’appliquer le programme” de l’union de la gauche. Les tractations s’annoncent intenses dans la perspective du second tour qui pourrait redistribuer complètement les cartes du jeu politique pour les 5 prochaines années.
