Les élections législatives anticipées de 2024 ont réservé leur lot de surprises, en particulier pour plusieurs ministres d’Emmanuel Macron. Au lendemain du premier tour, ces figures de proue du gouvernement se retrouvent dans une position délicate, contraintes de batailler ferme pour conserver leur siège à l’Assemblée nationale. Entre triangulaires périlleuses et scores décevants, leur avenir politique est plus que jamais en suspens.
Des ministres en eaux troubles
Même les poids lourds du gouvernement n’ont pas été épargnés par la vague de désaveu qui a frappé le camp présidentiel lors de ce premier tour. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, bien qu’arrivé en tête dans son fief du Nord avec 36% des voix, devra affronter une triangulaire face au candidat du Rassemblement national. Une équation complexe qui pourrait lui coûter son portefeuille ministériel en cas de défaite.
Autre figure en difficulté, le ministre de la Transformation numérique Stanislas Guerini. S’il échappe de justesse à une triangulaire, il accuse un retard conséquent de dix points sur son adversaire écologiste à Paris. Lui qui avait déjà été élu sur le fil en 2022 joue là aussi sa survie politique.
Vers des désistements en série ?
Face à l’éparpillement des voix et au risque de voir s’envoler des sièges cruciaux, plusieurs ministres pourraient être contraints au désistement en vue du second tour. C’est notamment le cas de la secrétaire d’État de la Ville Sabrina Agresti-Roubache, troisième dans les Bouches-du-Rhône, qui a d’ores et déjà renoncé à se maintenir pour faire barrage au RN.
Sa collègue chargée des Outre-mer Marie Guévenoux a elle aussi jeté l’éponge dans l’Essonne, tandis que la ministre déléguée aux Personnes handicapées Fadila Khattabi, en mauvaise posture en Côte-d’Or, hésite encore sur la marche à suivre. Autant de potentiels retraits en rase campagne qui fragilisent un peu plus la majorité présidentielle.
Un reflux macroniste généralisé
Au-delà des cas individuels, ces législatives illustrent le net recul de la macronie sur l’ensemble du territoire. En Haute-Garonne par exemple, où le camp présidentiel avait raflé neuf des dix circonscriptions en 2017, la ministre déléguée Dominique Faure se retrouve en grande difficulté, prise en tenaille entre la gauche et le RN.
Un constat similaire dans l’Hérault pour la secrétaire d’État Patricia Mirallès, incapable de creuser l’écart face à ses concurrents malgré son ancrage local. Autant de signaux inquiétants pour la majorité qui devra se démener pour conserver sa prééminence à l’Assemblée nationale.
Le second tour du 7 juillet s’annonce donc crucial pour l’exécutif et les ministres candidats. Entre jeux d’alliance, désistements stratégiques et mobilisation de l’électorat, ils devront plus que jamais mouiller la chemise pour sauver leur peau politique. Et avec elle, la capacité d’Emmanuel Macron à poursuivre son action réformatrice lors de la dernière ligne droite de son second mandat.