Culture

France.tv Slash : Fin du Wokisme, Virage Stratégique

France.tv Slash stoppe sa ligne woke et mise sur des séries captivantes pour séduire les jeunes. Quels changements pour la plateforme ? À découvrir...

Pourquoi une plateforme pensée pour les jeunes échoue-t-elle à les captiver ? Depuis son lancement en 2018, France.tv Slash, conçue pour séduire les 18-30 ans, a tenté de s’imposer avec des séries audacieuses et des thèmes sociétaux. Pourtant, les audiences n’ont pas suivi, poussant la plateforme à opérer un virage stratégique majeur. Exit les récits centrés sur les angoisses identitaires, place à des fictions plus divertissantes et accessibles. Ce changement, loin d’être anodin, reflète les défis des médias publics face à un public jeune, volatile et ultra-connecté.

Un virage pour reconquérir les jeunes

Créée pour répondre aux attentes des millennials et de la génération Z, la plateforme numérique a d’abord misé sur des séries originales, souvent centrées sur des thématiques sociales ou identitaires. Des productions comme Skam ou Mental ont marqué les esprits par leur audace, abordant des sujets comme la diversité, la santé mentale ou les luttes sociales. Cependant, ces choix éditoriaux, parfois qualifiés de woke, n’ont pas su fédérer un large public. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : malgré un catalogue riche, l’audience est restée confidentielle.

Face à ce constat, le directeur des fictions du groupe public a annoncé une refonte ambitieuse. L’objectif ? Passer de 8 à 10 séries par an à seulement 4, mais avec un budget doublé pour chaque projet. Cette réduction vise à privilégier la qualité sur la quantité, en rendant les productions plus visibles et attractives. Cette stratégie marque un tournant : moins de récits de niche, plus de fictions capables de séduire un public plus large, tout en restant ancrées dans une démarche de service public.

« Nous devons produire des séries que les jeunes regardent vraiment, pas un laboratoire d’expérimentations sociétales », a déclaré un responsable du groupe. Cette phrase, percutante, résume l’enjeu : reconquérir une audience en s’adaptant à ses attentes, tout en conservant une ambition artistique.

Une nouvelle ligne éditoriale

La plateforme abandonne donc les récits centrés sur des problématiques sociétales pour se tourner vers des genres plus fédérateurs : thrillers, comédies romantiques, séries fantastiques. Voici les projets phares annoncés :

  • Phœnix : un thriller écologique aux accents modernes, mêlant suspense et enjeux environnementaux.
  • Stunt : une série policière inspirée du film culte Point Break, avec une dose d’adrénaline et d’action.
  • Une coproduction fantastique centrée sur des adolescentes dotées de superpouvoirs, pour captiver un public friand de récits épiques.
  • Une comédie romantique tournée en format vertical, pensée pour les réseaux sociaux et les usages mobiles.

Ces projets traduisent une volonté claire : proposer des histoires divertissantes, capables de rivaliser avec les géants du streaming comme Netflix ou Disney+. En misant sur des formats variés et des budgets renforcés, la plateforme espère créer des œuvres plus ambitieuses, tout en restant accessible aux jeunes talents.

Pourquoi l’ancienne formule n’a pas fonctionné ?

Le terme woke, souvent galvaudé, désigne ici une approche éditoriale axée sur des thématiques identitaires ou sociales, parfois perçues comme clivantes. Si ces sujets résonnent avec une partie de la jeunesse, ils peuvent aussi éloigner un public plus large, en quête d’évasion plutôt que de réflexion. Les séries comme 9.3 BB, qui suit une jeune femme endeuillée devenant dramaturge, ou des documentaires sur des sujets pointus, comme les hooligans russes à Marseille, ont peiné à trouver leur public. Les jeunes, bien que sensibles aux enjeux sociétaux, semblent préférer des contenus plus légers et immersifs.

Les jeunes veulent des histoires qui les divertissent, pas des leçons de morale déguisées en séries.

Un observateur du secteur audiovisuel

Ce constat ne signifie pas un abandon total des valeurs du service public. La diversité et l’innovation restent au cœur du projet, mais les récits doivent désormais séduire par leur universalité. Les formats plus courts, adaptés aux réseaux sociaux, montrent aussi une volonté de coller aux nouveaux modes de consommation des contenus.

Un défi pour le service public

Le service public audiovisuel est à la croisée des chemins. D’un côté, il doit répondre à sa mission d’éducation et de diversité culturelle. De l’autre, il doit rivaliser avec des plateformes privées qui dominent le marché grâce à des productions à gros budget. Ce repositionnement de France.tv Slash illustre cette tension : comment rester fidèle à ses valeurs tout en attirant un public jeune, souvent plus attiré par des contenus internationaux ?

En réduisant le nombre de séries, la plateforme fait le pari de la qualité. Les budgets doublés permettront des productions plus soignées, avec des effets visuels et des scénarios capables de concurrencer les standards internationaux. Mais ce choix comporte des risques : en se concentrant sur moins de projets, chaque échec pourrait avoir un impact plus lourd.

Les chiffres clés de la refonte

Aspect Avant Après
Nombre de séries par an 8 à 10 4
Budget par série Standard Doublé
Ligne éditoriale Thèmes sociétaux Divertissement

Un pari sur l’avenir

Ce virage stratégique ne concerne pas seulement France.tv Slash, mais interroge l’avenir du service public dans un écosystème médiatique en pleine mutation. Les jeunes consomment les contenus différemment, souvent sur leurs smartphones, en format court, et avec une exigence de qualité croissante. En s’adaptant à ces usages, la plateforme espère reconquérir un public qui lui a échappé.

Les nouveaux projets, comme la comédie romantique en format vertical, montrent une volonté de coller aux tendances actuelles, notamment l’essor des réseaux sociaux comme TikTok ou Instagram. Mais cette transition soulève une question : jusqu’où le service public peut-il s’adapter sans perdre son identité ? En misant sur des genres populaires, France.tv Slash prend le risque de ressembler à ses concurrents privés, mais c’est peut-être le prix à payer pour exister dans un marché ultra-concurrentiel.

Les attentes du public

Les 18-30 ans, cible de la plateforme, sont un public exigeant. Ils veulent des histoires qui les captivent dès les premières secondes, avec des personnages auxquels ils peuvent s’identifier. Les séries à venir, comme Phœnix ou Stunt, semblent taillées pour répondre à ces attentes, avec des intrigues dynamiques et des thématiques universelles. Mais le succès dépendra de la capacité de la plateforme à promouvoir ces projets efficacement, notamment sur les réseaux sociaux.

Le défi, c’est de faire des séries qui parlent à tous, pas seulement à une niche militante.

Un producteur audiovisuel

Les critiques passées, qui dénonçaient une programmation trop engagée, pourraient s’apaiser avec cette nouvelle approche. Mais certains regretteront peut-être l’audace des débuts, lorsque la plateforme osait aborder des sujets sensibles. Le juste équilibre reste à trouver.

Un modèle à réinventer

Le virage de France.tv Slash s’inscrit dans une réflexion globale sur l’avenir des médias publics. À l’heure où les géants du streaming dominent, comment se démarquer ? La réponse semble passer par une hybridation : des contenus divertissants, mais avec une touche d’originalité propre au service public. En soutenant les jeunes talents et en explorant des formats innovants, la plateforme peut encore se réinventer.

Ce repositionnement n’est pas seulement une question de contenu, mais aussi de stratégie. La promotion, la visibilité sur les réseaux sociaux et l’adaptation aux nouveaux usages seront déterminants. Si France.tv Slash parvient à relever ce défi, elle pourrait devenir un acteur incontournable pour la jeunesse, tout en restant fidèle à sa mission.

Et après ?

Les prochains mois seront cruciaux pour juger du succès de cette refonte. Les nouvelles séries, attendues pour 2026, devront prouver qu’elles peuvent rivaliser avec les productions internationales tout en conservant une identité forte. Les jeunes, habitués à zapper rapidement d’un contenu à l’autre, seront-ils au rendez-vous ? C’est tout l’enjeu de ce pari audacieux.

En attendant, cette transformation montre que le service public sait se remettre en question. En passant d’une programmation clivante à des contenus plus fédérateurs, France.tv Slash tente de reconquérir un public jeune, tout en posant les bases d’un modèle audiovisuel durable. Le défi est de taille, mais l’ambition est là.

Et vous, que pensez-vous de ce virage stratégique ? Les nouvelles séries sauront-elles vous séduire ?

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.