Imaginez un coureur, seul face à l’asphalte brûlant de Berlin, défiant le chronomètre et la chaleur oppressante. Ce dimanche 21 septembre 2025, un Kényan de 30 ans a écrit une nouvelle page de l’histoire du marathon. Sabastian Sawe, avec une détermination sans faille, a franchi la ligne d’arrivée du marathon de Berlin en un temps époustouflant de 2h2’16 ». Ce n’est pas seulement une victoire : c’est une démonstration de force, un pas de géant vers l’élite mondiale de la discipline. Mais qui est cet athlète qui enchaîne les triomphes comme s’il s’agissait d’une simple promenade matinale ?
Un Kényan au sommet du marathon mondial
En seulement trois marathons disputés dans sa carrière, Sabastian Sawe a remporté… trois victoires. Ce n’est pas une coïncidence, mais le fruit d’un talent brut et d’une préparation méticuleuse. À 30 ans, cet athlète kényan, qui n’a débuté le marathon qu’en décembre dernier, s’impose comme une figure incontournable. Après des succès retentissants à Valence et à Londres, il a transformé les rues de Berlin en son terrain de jeu, signant la meilleure performance mondiale de l’année et le neuvième chrono de tous les temps sur la distance mythique des 42,195 km.
Son exploit berlinois est d’autant plus impressionnant qu’il a dû composer avec des conditions difficiles : une température dépassant les 20 degrés et une humidité de plus de 65 %. Pourtant, rien n’a semblé pouvoir arrêter Sawe, pas même l’absence de ses meneurs d’allure après seulement 24 km de course. Ce moment critique aurait pu briser son rythme, mais il a tenu bon, prouvant une résilience mentale hors du commun.
Une course à couper le souffle
Le marathon de Berlin est réputé pour son tracé rapide, propice aux records. Cette année encore, les attentes étaient élevées, notamment en raison du record du monde détenu par Kelvin Kiptum (2h0’35 »), établi en 2023. Dès les premiers kilomètres, Sawe a imposé un rythme infernal, flirtant avec les bases d’un nouveau record planétaire. À mi-parcours, il avait déjà distancé ses principaux rivaux, dont l’Éthiopien Milkesa Mengesha, vainqueur de l’édition précédente.
Malgré une cadence initialement digne des plus grands exploits, Sawe n’a pas réussi à maintenir ce rythme jusqu’à la fin. Les conditions climatiques et l’absence de lièvres après 24 km ont pesé lourd. Pourtant, son chrono final de 2h2’16 » reste une prouesse. Comme il l’a déclaré après la course :
Une humilité qui contraste avec l’ampleur de son exploit.« Ça a été difficile, mais je m’y étais préparé. J’ai donné le meilleur de moi et je me réjouis. »
Un podium international et une victoire féminine kényane
Si Sawe a dominé la course masculine, le marathon de Berlin 2025 a également couronné une autre Kényane chez les femmes : Rosemary Wanjiru. Avec un chrono de 2h21’5″, elle a devancé de justesse l’Éthiopienne Dera Dida (2h21’8″) dans un final haletant. Le podium féminin a été complété par une autre Éthiopienne, Azmera Gebru, en 2h21’29 ». Cette double victoire kényane renforce la domination du pays dans l’univers du marathon.
Du côté des hommes, le Japonais Akira Akasaki a décroché une belle deuxième place en 2h6’15 », suivi de l’Éthiopien Chimdessa Debele (2h6’57 »). Pour la France, Hassan Chahdi a brillé en terminant sixième avec un temps de 2h7’43 », confirmant son statut de coureur de fond solide sur la scène internationale.
Résultats clés du marathon de Berlin 2025
- Sabastian Sawe (KEN) : 2h2’16 » (1er homme)
- Akira Akasaki (JPN) : 2h6’15 » (2e homme)
- Chimdessa Debele (ETH) : 2h6’57 » (3e homme)
- Rosemary Wanjiru (KEN) : 2h21’5″ (1re femme)
- Dera Dida (ETH) : 2h21’8″ (2e femme)
- Azmera Gebru (ETH) : 2h21’29 » (3e femme)
La quête du record du monde : un rêve accessible ?
Le record du monde de Kelvin Kiptum, tragiquement disparu en 2024, reste une référence intouchable pour beaucoup. À Berlin, Sawe a couru sur des bases prometteuses, mais les deux minutes qui le séparent de ce record semblent, pour l’instant, un fossé difficile à combler. Comme l’a souligné un commentateur sur les réseaux sociaux :
Pourtant, à seulement 30 ans et avec si peu de marathons à son actif, Sawe a encore du temps pour progresser.« Parler du record du monde à chaque marathon est exagéré. La performance de Kiptum est hors norme, et deux minutes à ce niveau, c’est un gouffre. »
Le tracé berlinois, connu pour sa rapidité, a déjà été le théâtre de nombreux records. En 2022, Eliud Kipchoge y avait signé un chrono de 2h1’9″, référence de l’épreuve. Sawe, avec son 2h2’16 », s’en approche, mais il lui faudra encore affiner sa stratégie et peut-être bénéficier de conditions météorologiques plus clémentes pour viser plus haut.
Le marathon, une affaire de mental
Ce qui distingue les grands marathoniens comme Sawe, c’est leur capacité à surmonter les obstacles mentaux. Courir 42,195 km à un rythme effréné demande une concentration et une résilience exceptionnelles. À Berlin, Sawe a dû faire face à la solitude après l’abandon de ses meneurs d’allure. Sans repères extérieurs, il a puisé dans ses ressources intérieures pour maintenir un rythme soutenu. Cette force mentale, alliée à une préparation physique irréprochable, fait de lui un sérieux prétendant aux records futurs.
Les marathons modernes ne se gagnent pas seulement avec les jambes. La stratégie, la gestion de l’effort et la capacité à rester lucide sous pression sont essentielles. Sawe a démontré qu’il maîtrisait ces aspects, même face à des conditions climatiques défavorables.
Le Kénya, terre de marathoniens
La victoire de Sawe et Wanjiru à Berlin n’est qu’un chapitre de plus dans la domination kényane sur le marathon. Ce pays d’Afrique de l’Est produit des coureurs d’exception grâce à une combinaison unique de facteurs : un entraînement en altitude, une culture de la course profondément ancrée et une détermination à toute épreuve. Des légendes comme Eliud Kipchoge ou Paul Tergat ont pavé la voie, et la nouvelle génération, incarnée par Sawe, perpétue cet héritage.
Chez les femmes, Rosemary Wanjiru incarne également cette excellence. Sa victoire à Berlin, arrachée dans les derniers mètres face à une adversaire redoutable, montre que le Kénya ne se contente pas de dominer : il redéfinit les standards de la discipline.
Pourquoi le Kénya excelle-t-il ?
- Entraînement en altitude dans la vallée du Rift.
- Culture de la course à pied dès le plus jeune âge.
- Discipline et résilience mentale exceptionnelles.
- Soutien communautaire et compétitions locales fréquentes.
Et la France dans tout ça ?
Si le Kénya et l’Éthiopie trustent les podiums, la France n’est pas en reste. Hassan Chahdi, avec sa sixième place en 2h7’43 », a prouvé que les coureurs tricolores peuvent rivaliser avec les meilleurs. Sa performance, bien que loin du podium, est une belle promesse pour l’avenir. Les marathoniens français, souvent dans l’ombre des géants africains, continuent de progresser et de gagner en expérience sur des courses aussi prestigieuses que Berlin.
Chahdi, habitué des grandes compétitions, a su tirer son épingle du jeu dans une course dominée par des cadors. Sa régularité et son engagement sont des atouts qui pourraient le porter encore plus loin lors des prochaines échéances, comme les Jeux Olympiques ou les championnats du monde.
Berlin, un marathon à part
Le marathon de Berlin n’est pas une course comme les autres. Son tracé plat, ses longues lignes droites et son organisation irréprochable en font un rendez-vous incontournable pour les chasseurs de records. Chaque année, des milliers de coureurs, amateurs comme professionnels, s’élancent dans les rues de la capitale allemande, portés par une foule enthousiaste et une ambiance électrique.
En 2025, la course a une nouvelle fois tenu ses promesses, avec des performances de haut vol et un suspense constant. Si Sawe n’a pas battu le record du monde, il a offert un spectacle mémorable, confirmant que Berlin reste l’un des théâtres majeurs de l’athlétisme mondial.
Vers de nouveaux horizons
Que réserve l’avenir pour Sabastian Sawe ? À 30 ans, il est encore loin d’avoir atteint son plein potentiel. Ses trois victoires en trois marathons montrent une constance rare, mais aussi une marge de progression. Avec une meilleure gestion des conditions climatiques et un soutien tactique plus soutenu, il pourrait bien s’attaquer au record de Kiptum dans les années à venir.
Pour Rosemary Wanjiru, l’avenir s’annonce tout aussi radieux. Sa victoire à Berlin, acquise de haute lutte, prouve qu’elle peut rivaliser avec les meilleures sur la scène internationale. Le Kénya, avec des talents comme Sawe et Wanjiru, semble prêt à écrire de nouvelles pages glorieuses dans l’histoire du marathon.
Le marathon de Berlin 2025 restera dans les mémoires comme une édition marquée par la domination kényane, mais aussi par l’émergence de nouveaux talents et la confirmation de la place de cette course parmi les plus prestigieuses au monde. Alors, Sabastian Sawe parviendra-t-il à briser la barrière des 2 heures un jour ? L’avenir nous le dira.