Les élections législatives anticipées réservent leur lot de surprises. Dans la 1ère circonscription de la Somme, François Ruffin, député sortant et figure de proue de La France insoumise, se retrouve en ballotage défavorable à l’issue du premier tour. Avec 33,92% des voix, il est devancé par la candidate du Rassemblement national, Nathalie Ribeiro-Billet, qui récolte 40,69% des suffrages. Un résultat inattendu pour celui qui a su par le passé déjouer les pronostics.
Un désistement salvateur ?
Mais tout n’est pas perdu pour François Ruffin. Son salut pourrait venir de son adversaire macroniste, Albane Branlant, arrivée troisième avec 22,68% des voix. Dans la foulée des résultats, celle-ci a annoncé le retrait de sa candidature “face au risque du Rassemblement national, qui pourrait avoir une majorité absolue”. Un désistement républicain qui pourrait redistribuer les cartes du second tour.
François Ruffin veut croire en ses chances, lui qui a l’habitude de “labourer, semer et récolter dans les urnes” lors de longues campagnes de terrain. Mais le temps presse cette fois-ci et le “miracle” espéré s’annonce plus compliqué que lors de ses précédentes victoires à l’Assemblée nationale en 2017 et 2022.
Une figure atypique à gauche
Au-delà de l’enjeu de cette élection, c’est aussi la relation complexe entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, qui se joue en filigrane. Élu en 2017, le député de la Somme a toujours cultivé sa différence, tant sur le plan personnel qu’idéologique. Il plaide pour un positionnement moins communautaire et davantage ancré sur les questions sociales.
Cette prise de distance lui a valu d’être écarté des investitures de LFI en juin dernier, lors d’une “purge” des frondeurs. Candidat malgré tout, il avait estimé que Jean-Luc Mélenchon était un “obstacle à la victoire du Front populaire” et “repoussait les électeurs” dans sa circonscription. Des propos qui illustrent la rupture consommée entre les deux hommes.
Le spectre d’une poussée de l’extrême-droite
Au-delà des rivalités à gauche, c’est surtout la menace d’une percée historique du Rassemblement national qui plane sur ce second tour des législatives. Marine Le Pen espère bien profiter de ces élections anticipées, provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, pour renforcer son groupe parlementaire. Un enjeu de taille pour François Ruffin, qui devra rassembler bien au-delà de son camp pour contrer la candidate frontiste.
Les prochains jours s’annoncent décisifs pour le député sortant, qui jouera sa réélection lors d’un duel improbable face à l’extrême-droite. En cas de désistement confirmé de la candidate macroniste, il pourra compter sur un report de voix crucial. Mais la mobilisation de son électorat et sa capacité à convaincre au-delà resteront déterminantes. Réponse dans les urnes le 8 juillet prochain lors d’un second tour à haut risque.