En ce soir du 30 juin 2024, la place de la République à Paris et plusieurs autres grandes villes de France sont le théâtre de rassemblements spontanés. Des milliers de manifestants, pour beaucoup issus de la jeunesse militante, expriment leur colère et leurs craintes au lendemain du premier tour des élections législatives qui a vu le Rassemblement national et ses alliés réaliser un score historique de 33,5% des voix.
Une mobilisation réflexe face à la menace d’une France d’extrême droite
« C’est un geste réflexe de la gauche militante » analyse Vincent Trémolet de Villers, éditorialiste politique. Sur la place de la République noir de monde, on peut lire sur une banderole tendue sur la statue centrale un hommage à Nahel, dont la mort avait embrasé le pays un an plus tôt. La crainte de voir le racisme se décomplexer avec l’arrivée possible du RN au pouvoir est palpable dans les rangs des manifestants.
« Je suis venue pour ne pas rester seule »
Laure, 19 ans, militante socialiste originaire du Val-de-Marne, exprime son dépit et sa tristesse. Bien qu’ayant voté pour le Nouveau Front populaire, elle n’a « pas très envie » de regarder les résultats, s’attendant à voir la droite l’emporter dans sa circonscription. « Je suis venue pour ne pas rester seule » confie la jeune femme, redoutant de voir le racisme flamber en cas de victoire du RN.
Je suis née en France, je n’ai rien contre la France, mais ces gens ont quelque chose contre moi. Je ne comprends pas.
Laure, militante socialiste
L’unité de la gauche mise à mal
Pour beaucoup, le résultat décevant du Nouveau Front populaire serait en partie dû aux dissensions internes qui ont émaillé la campagne ces derniers jours. Des critiques que balaie un cadre LFI : « Mettre en avant nos différences, c’était offrir un boulevard médiatique à nos adversaires. Il faut à présent remobiliser pour le second tour. »
Aux cris de « Justice pour Nahel », « Tout le monde déteste la police » ou encore « Nous sommes tous antifascistes », les manifestants oscillent entre abattement et colère. Dans une ambiance tendue et indécise, chacun semble conscient que l’enjeu des prochains jours sera crucial pour l’avenir du pays.
Une semaine décisive
Alors que les états-majors politiques se préparent à une semaine intense en tractations et consignes de vote, la société civile entend bien peser de tout son poids pour faire barrage à l’extrême droite. Rassemblements, tribunes, appels à la mobilisation : tous les moyens seront bons pour convaincre les électeurs tentés par un vote contestataire de se ressaisir.
Le second tour du 7 juillet s’annonce d’ores et déjà comme un référendum pour ou contre la vision d’une France repliée sur elle-même et hostile à la différence portée par Marine Le Pen et Jordan Bardella. Un choix de société capital qui ne manquera pas de mobiliser toutes les énergies militantes dans les prochains jours. Avec l’espoir, pour les opposants au RN, d’éviter le pire à la France.