Pourquoi un pays choisit-il de créer un jour férié en pleine période de contraintes économiques ? En Italie, une proposition audacieuse fait débat : instaurer un jour férié en l’honneur de saint François d’Assise, figure emblématique de la spiritualité et de l’amour de la nature, dès 2026. Ce projet, porté par une coalition unie derrière la Première ministre Giorgia Meloni, suscite à la fois enthousiasme et interrogations. Plongeons dans cette initiative qui mêle foi, cohésion sociale et défis financiers.
Un Jour Férié Chargé de Symboles
En 2026, l’Italie pourrait célébrer un nouveau jour férié le 4 octobre, dédié à saint François d’Assise, mais aussi en écho au pape François, premier pontife à porter ce nom. Ce choix n’est pas anodin : il coïncide avec le 800e anniversaire de la mort du saint, une figure universellement reconnue pour son humilité et son engagement envers les pauvres. Mais ce projet va au-delà d’une simple commémoration religieuse. Il incarne un message de paix, de respect de la nature et de cohésion sociale dans un monde en quête de repères.
Le soutien unanime des partis de la coalition au pouvoir montre une volonté de renforcer l’identité culturelle italienne à travers des valeurs spirituelles. Cependant, ce projet ne fait pas l’unanimité, certains y voyant une charge supplémentaire pour les finances publiques déjà fragiles. Alors, pourquoi ce choix maintenant ? Et que représente vraiment saint François pour l’Italie contemporaine ?
Saint François d’Assise : Une Icône Intemporelle
Saint François d’Assise, né au XIIIe siècle, est bien plus qu’un symbole religieux. Fondateur de l’ordre des Franciscains, il a marqué l’histoire par son renoncement aux richesses et son mode de vie dédié aux plus démunis. Son lien profond avec la nature, qu’il considérait comme une création divine, en fait une figure presque prophétique dans une époque marquée par les enjeux écologiques.
Ce rétablissement est un appel à la paix, à la cohésion, à la valeur de la nature et à sa leçon de foi et de spiritualité.
Maurizio Lupi, chef du parti Noi Moderati
Cette citation résume l’essence du projet : un retour aux valeurs fondamentales dans un monde fracturé. En choisissant de célébrer saint François, l’Italie souhaite non seulement honorer son héritage, mais aussi promouvoir un message universel de fraternité et de respect de l’environnement.
Un Passé Supprimé, Un Futur Restauré
Ce n’est pas la première fois que saint François est au cœur d’un jour férié en Italie. Jusqu’en 1977, le 4 octobre était un jour chômé, avant que des mesures d’austérité ne mettent fin à cette tradition. Près de cinq décennies plus tard, la proposition de rétablir cette fête intervient dans un contexte tout aussi complexe. L’Italie, comme de nombreux pays européens, fait face à des défis économiques, et l’ajout d’un jour férié pourrait coûter cher. Pourtant, les partisans du projet estiment que son impact symbolique dépasse les considérations financières.
Le 800e anniversaire de la mort de saint François, en 2026, offre une occasion unique de raviver cette tradition. Ce choix reflète une volonté de reconnecter la société italienne à ses racines spirituelles tout en projetant une image de modernité, en phase avec les préoccupations actuelles comme l’écologie et la justice sociale.
Un Débat Politique et Économique
Le projet bénéficie du soutien total de la coalition dirigée par Giorgia Meloni, une alliance de partis aux sensibilités diverses mais unie sur ce sujet. Initialement prévu pour un vote à la Chambre des députés, le débat a été reporté à la semaine prochaine, signe que la proposition suscite des discussions animées. Certains craignent que l’ajout d’un jour férié ne pèse sur une économie déjà fragilisée, notamment dans un pays où le tourisme et la productivité sont des piliers essentiels.
Pour mieux comprendre les enjeux, comparons le nombre de jours fériés en Europe :
Pays | Nombre de jours fériés |
---|---|
Italie | 12 (13 en 2026) |
France | 11 |
Chypre | 15 |
Espagne | 14 |
Grèce | 11 |
Avec 12 jours fériés actuellement, l’Italie se situe dans la moyenne européenne. L’ajout d’un 13e jour pourrait rapprocher le pays de nations comme l’Espagne ou la Croatie, mais les critiques soulignent le coût économique potentiel. En France, une proposition récente visant à supprimer deux jours fériés pour renflouer les caisses de l’État a été abandonnée face à l’indignation populaire, illustrant la sensibilité de ce sujet.
Saint François et le Pape François : Un Lien Symbolique
Le choix du 4 octobre n’est pas seulement un hommage à saint François d’Assise, mais aussi une référence implicite au pape François, décédé en avril 2025 à l’âge de 88 ans. Premier pape à adopter ce nom, il incarnait les mêmes valeurs d’humilité et de défense des plus démunis. Son pontificat a marqué les esprits par son engagement pour la justice sociale et la lutte contre le changement climatique, des thèmes chers à saint François.
En associant ces deux figures, l’Italie cherche à renforcer son identité spirituelle tout en s’inscrivant dans une modernité ancrée dans la foi. Ce jour férié pourrait ainsi devenir un moment de réflexion collective sur les défis du XXIe siècle, de l’écologie à la solidarité.
Une Autre Proposition : La Saint-Joseph
Parallèlement, certains législateurs italiens poussent pour un autre jour férié, le 19 mars, en l’honneur de la Saint-Joseph, qui coïncide avec la fête des pères. Cette proposition, bien que populaire dans certains milieux, n’a pas encore trouvé le même élan que celle du 4 octobre. Elle illustre néanmoins une tendance plus large : celle de multiplier les jours fériés pour célébrer des valeurs familiales et religieuses, dans un pays où la tradition catholique reste profondément enracinée.
Pourquoi cette proposition peine-t-elle à s’imposer ? Peut-être parce que la figure de saint François, avec son rayonnement universel, dépasse le cadre strictement religieux pour toucher un public plus large, y compris les non-croyants sensibles à son message écologique et humaniste.
Un Projet Porteur de Sens
En définitive, la création d’un jour férié en l’honneur de saint François d’Assise en 2026 est bien plus qu’une simple décision administrative. C’est un acte politique et symbolique qui vise à rassembler une nation autour de valeurs intemporelles. Voici les principaux arguments en faveur de ce projet :
- Renforcement de l’identité culturelle : Saint François est une figure centrale de l’histoire italienne.
- Message écologique : Son amour de la nature résonne avec les préoccupations actuelles.
- Appel à la cohésion : Un jour férié peut rassembler les Italiens autour de valeurs communes.
- Hommage au pape François : Une manière de prolonger son héritage spirituel.
Cependant, les défis économiques ne peuvent être ignorés. Dans un pays où chaque jour férié a un impact sur la productivité, l’Italie devra trouver un équilibre entre symbolisme et pragmatisme. Le report du vote à la Chambre des députés montre que le débat est loin d’être clos.
En attendant, ce projet rappelle une vérité universelle : les traditions, qu’elles soient religieuses ou culturelles, ont le pouvoir de fédérer. Reste à savoir si l’Italie saura transformer cette aspiration en réalité, et si ce jour férié deviendra un moment de célébration partagé par tous.