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Guinée : Référendum Controversé, Pouvoir en Jeu

En Guinée, le référendum constitutionnel est qualifié de mascarade par l’opposition. La junte cherche-t-elle à s’éterniser au pouvoir ? Les enjeux d’un scrutin controversé...

Dans un pays où la tension politique est palpable, la Guinée s’apprête à vivre un moment décisif. Dimanche, un référendum constitutionnel doit avoir lieu, mais il suscite déjà une vague de critiques acerbes. L’opposition, menée par une figure de proue en exil, qualifie ce scrutin de mascarade. Mais que se cache-t-il derrière ce vote ? Pourquoi suscite-t-il autant de méfiance ? Plongeons dans les méandres de cette crise qui secoue ce pays ouest-africain, riche en ressources mais plombé par des luttes de pouvoir.

Un Référendum sous Haute Tension

Le référendum prévu ce dimanche en Guinée vise à adopter une nouvelle Constitution. À première vue, cela pourrait sembler un pas vers la modernisation ou la stabilisation politique. Pourtant, pour beaucoup, ce scrutin n’est qu’une façade, un outil pour consolider le pouvoir d’une junte militaire arrivée au pouvoir par un coup d’État en 2021. Le général à la tête du pays avait promis une transition vers un régime civil, avec une élection présidentielle prévue pour décembre. Mais les signaux actuels laissent craindre une dérive autoritaire.

Ce référendum est organisé dans un climat où les libertés semblent se rétrécir. Les partis d’opposition, dont certains ont été suspendus récemment, dénoncent un processus biaisé. Les voix dissidentes peinent à se faire entendre, et le spectre d’un résultat prédéterminé plane sur le scrutin. Comment en est-on arrivé là ?

Les Promesses Brisées de la Junte

En 2021, le coup d’État qui a porté le général Mamadi Doumbouya au pouvoir a été accueilli par certains avec espoir. La chute du président précédent, accusé de s’accrocher au pouvoir, semblait ouvrir la voie à une nouvelle ère. La junte s’était engagée à organiser une transition démocratique, avec un calendrier clair : une élection présidentielle fin 2025 pour rendre le pouvoir aux civils. Pourtant, les actes de la junte semblent aujourd’hui contredire ces engagements.

« Il a renoncé à ses engagements et cherche à garder le pouvoir pour longtemps, peut-être à vie. »

Un leader de l’opposition en exil

Le projet de Constitution soumis au vote ne fixe aucune limite claire empêchant le chef de la junte de se présenter à la présidence. Cette omission, loin d’être anodine, alimente les soupçons d’une volonté de s’installer durablement au pouvoir. Pour les opposants, ce référendum n’est qu’un moyen de légitimer une gouvernance militaire prolongée.

Un Scrutin sous Contrôle Militaire

L’organisation du référendum elle-même pose question. Le processus est entièrement contrôlé par des figures militaires ou des loyalistes de la junte. Les préfets, souvent issus des rangs de l’armée ou de la police, supervisent les opérations électorales. Les conseils communaux élus ont été dissous, remplacés par des délégations spéciales nommées par le pouvoir. Dans ce contexte, l’idée d’un scrutin libre et équitable semble illusoire.

  • Ministère de l’Administration : Dirigé par un général, il orchestre le référendum.
  • Autorités locales : Préfets et délégations spéciales, majoritairement militaires.
  • Opposition muselée : Partis suspendus, manifestations interdites.

Pour les détracteurs, ce cadre ne laisse aucune place à un débat pluraliste. Les voix contraires, qu’elles viennent des partis politiques ou de la société civile, sont étouffées. Les résultats, selon eux, sont déjà écrits, et le scrutin ne serait qu’une formalité pour entériner les ambitions du pouvoir.

Une Opposition en Exil et Sous Pression

Face à ce climat oppressif, plusieurs leaders d’opposition ont choisi l’exil. Parmi eux, une figure emblématique, ancien Premier ministre et candidat à trois reprises à la présidence, s’exprime depuis Dakar et Abidjan. Accusé de corruption par la junte en 2022, il rejette ces allégations, les qualifiant de prétextes pour l’écarter de la scène politique. Son parti, tout comme d’autres formations d’opposition, a été suspendu fin août, renforçant le sentiment d’une chasse aux voix dissidentes.

Dans un entretien, cet opposant dénonce une folie liberticide. Il évoque des arrestations arbitraires, des enlèvements et des disparitions forcées qui se sont multipliées depuis l’arrivée des militaires au pouvoir. Des activistes de la société civile, comme deux responsables d’un mouvement prodémocratique, ont disparu après leur arrestation, alimentant les inquiétudes sur les dérives autoritaires.

Un Contexte de Répression Croissante

Depuis 2022, les manifestations sont interdites en Guinée. Leur répression a été brutale, causant des dizaines de morts selon les organisations de défense des droits humains. Les médias, eux aussi, subissent une censure accrue, avec plusieurs organes suspendus ces derniers mois. Ce climat de peur s’accompagne d’une montée des abus : disparitions, détentions arbitraires et morts suspectes en prison.

Problèmes signalés Conséquences
Interdiction des manifestations Une cinquantaine de morts depuis 2022
Suspension des médias Censure de l’information indépendante
Arrestations d’opposants Disparitions forcées et morts suspectes

Ce tableau sombre contraste avec les discours officiels de la junte, qui promet une transition démocratique. Pour beaucoup, ces actes traduisent une volonté de neutraliser toute forme de contestation, laissant peu d’espoir pour un retour rapide à un ordre constitutionnel.

La Richesse de la Guinée, un Paradoxe

La Guinée est un pays paradoxal. Ses sous-sols regorgent de minerais, notamment de la bauxite, dont les exportations ont explosé en une décennie, passant de 20 millions de tonnes en 2015 à une projection de 200 millions pour 2025. Pourtant, cette richesse ne profite pas à la population. Plus de la moitié des Guinéens vivent sous le seuil de pauvreté, selon les données récentes de la Banque mondiale.

« Ces ressources servent à enrichir une élite, à intimider les opposants ou à acheter les consciences. »

Un opposant politique

Les accusations de corruption sont au cœur du débat. Certains pointent du doigt le chef de la junte, devenu, selon ses détracteurs, un acteur majeur du secteur immobilier pendant que la population lutte pour survivre. Cette opacité dans la gestion des ressources alimente le mécontentement et renforce le sentiment d’injustice.

Un Appel au Boycott

Face à ce qu’elle considère comme un simulacre, l’opposition appelle au boycott du référendum. Elle argue que les conditions d’un vote transparent ne sont pas réunies. Les observateurs indépendants, s’ils existent encore, risquent de ne pas avoir les moyens de vérifier l’intégrité du processus. Ce boycott est aussi un cri de ralliement pour ceux qui espèrent un retour à une véritable démocratie.

Étonnamment, cet appel trouve écho auprès d’anciens adversaires politiques. Même l’ex-président déchu, autrefois critiqué pour ses propres dérives, partage désormais l’objectif d’un retour à l’ordre constitutionnel. Cette alliance improbable illustre l’ampleur de la crise et le sentiment d’urgence qui anime l’opposition.

Un Avenir Incertain

À quelques jours du référendum, la Guinée se trouve à un carrefour. Le scrutin, loin de pacifier le pays, risque d’exacerber les tensions. Les accusations de manipulation, la répression des libertés et la mainmise militaire sur le processus électoral jettent une ombre sur les espoirs de transition démocratique. Pourtant, au milieu de ce tumulte, des voix continuent de s’élever pour réclamer justice et liberté.

Qu’adviendra-t-il de la Guinée ? Le référendum marquera-t-il un tournant vers un régime autoritaire durable, ou sera-t-il le catalyseur d’une résistance accrue ? Une chose est sûre : les Guinéens, épuisés par des décennies de luttes politiques et de promesses non tenues, attendent des réponses. Et le monde observe, attentif à l’avenir de ce pays riche en potentiel, mais entravé par ses défis.

Récapitulatif des enjeux clés :

  • Référendum controversé sous contrôle militaire.
  • Opposition muselée, appels au boycott.
  • Répression croissante des libertés.
  • Richesse minière mal répartie, accusations de corruption.
  • Avenir démocratique incertain.

Le destin de la Guinée se joue peut-être ce dimanche. Mais au-delà du scrutin, c’est la capacité du pays à surmonter ses divisions et à bâtir un avenir équitable qui est en jeu. Une question demeure : la voix du peuple sera-t-elle entendue, ou restera-t-elle étouffée par le poids du pouvoir ?

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