Samedi soir, les jardins à la française du château de Chambord ont vécu au rythme des basses et des beats électro. Pour la troisième fois, le domaine a accueilli un grand concert en plein air, avec cette année une tête d’affiche de choix : le DJ star français David Guetta. Un pari audacieux pour ce haut lieu du patrimoine national qui cherche à se réinventer et à capter l’attention d’un public plus jeune et diversifié.
30 000 fans déchaînés malgré la pluie
Malgré une pluie battante qui a occasionné la perte de deux platines, rien n’a pu arrêter les 30 000 spectateurs, pour beaucoup des fans de la première heure de David Guetta. Équipés de ponchos et de bottes en caoutchouc, ils ont dansé et chanté à tue-tête pendant les deux heures de show énergique du DJ. Au programme : ses plus grands tubes comme Sexy Bitch ou Memories, mais aussi quelques exclus et un final éblouissant sous les feux d’artifice, avec en toile de fond la silhouette illuminée du château.
«Je suis un artiste qui parle aux jeunes»
À 56 ans, David Guetta se réjouit de rester dans le coup et de séduire encore le jeune public. Celui qui est l’un des DJs les plus streamés au monde savoure sa popularité intacte :
Je suis toujours entre le 4e et le 15e artiste le plus écouté dans le monde, pas DJ, artiste. Pour vous donner une idée, Beyoncé doit être 40e ou 50e.
David Guetta
S’il regrette un peu de ne pas avoir été appelé pour mixer lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, lui «le Français qui adore la France», le DJ n’en perd pas son entrain légendaire pour autant. Avant de faire danser la foule, il a pris la pose tout sourire dans l’escalier à double révolution de Léonard de Vinci, l’un des joyaux de Chambord.
Un patrimoine vivant et ouvert sur son époque
Si la rencontre peut sembler incongrue entre l’univers de la musique électro et les murs séculaires de Chambord, c’est pourtant ce type de projets insolites qu’affectionne Pierre Dubreuil, le directeur du domaine. Son objectif : «attirer un public différent» et ancrer l’image d’un «patrimoine vivant», en phase avec son époque.
Après de premiers essais réussis en 2017 et 2018 avec des soirées plus confidentielles, le domaine a décidé de voir plus grand. Sting en 2022, Imagine Dragons en 2023 et donc David Guetta cette année : les têtes d’affiche s’enchaînent, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Si l’organisation de tels concerts demande une énergie folle et n’est pas spécialement rentable, Pierre Dubreuil s’en moque :
Nous ne sommes pas une salle de spectacle et nous ne le serons jamais. Mais le jeu en vaut la chandelle si ces événements nous permettent de toucher de nouveaux visiteurs.
Pierre Dubreuil, directeur du Domaine national de Chambord
Pari gagnant
Et le pari semble en passe d’être gagné. Au lendemain de chaque grand concert, les équipes de Chambord remarquent que le profil des visiteurs est un peu différent, plus jeune et familial. Les réseaux sociaux, de leur côté, s’emparent de l’événement et offrent une vitrine inédite au monument.
Alors certes, David Guetta ne remplacera jamais François 1er dans le coeur des passionnés d’histoire. Mais en investissant même temporairement ce lieu emblématique, il permet de jeter un pont entre notre patrimoine et les nouvelles générations. Une démarche originale pour réveiller notre belle endormie de Chambord et lui éviter de tomber dans un sommeil muséal.
Après tout, un château, aussi grandiose soit-il, n’est pas fait pour rester figé éternellement. Il se doit de vivre avec son temps, de faire “boum boum” dans nos têtes et nos cœurs. C’est finalement peut-être ça, la meilleure façon de le préserver pour les siècles à venir !