C’est avec une émotion palpable qu’un millier de personnes se sont rassemblées ce samedi à Nanterre pour rendre hommage à Nahel, ce jeune homme de 17 ans tué il y a un an par un policier après un refus d’obtempérer. Dans un silence lourd de sens, le cortège s’est élancé vers 14h30 en direction de la place Nelson Mandela, là même où le drame s’est noué. En tête de la marche, la mère de Nahel, Mounia Merzouk, entourée d’une dizaine d’amis de son fils, portait une banderole réclamant “Justice pour Nahel et pour tous les autres”.
Une mère endeuillée appelle à la justice
Très émue, Mounia Merzouk a pris la parole pour remercier les participants et évoquer la mémoire de son fils, ce jeune homme “joyeux, serviable” et “tout le temps souriant” dont le surnom était “oui, oui” car “il ne savait pas dire non”. Avec une voix brisée par le chagrin, elle a confié : “Moi quand je rentre chez moi, j’ai plus personne, j’ai plus mon bébé”. Exigeant que “justice soit faite”, elle a martelé que “la vie de nos enfants dans les quartiers a de la valeur” et qu'”on ne peut pas retirer un enfant comme ça. C’est impardonnable”.
Refus d’obtempérer ? Qui n’en fait pas dans la vie ?… Qui ne conduit pas sans permis ? Dites-moi… On a tous essayé de conduire en défaut de permis.
– Mounia Merzouk, mère de Nahel
Le spectre des législatives plane sur la marche
Au-delà de l’hommage, cette marche avait une résonance toute particulière à la veille du premier tour des élections législatives. Dans les rangs des manifestants, l’inquiétude était palpable face à la montée des extrêmes et ses possibles répercussions sur les forces de l’ordre. Messaouda, éducatrice de 38 ans venue de Lyon, a ainsi confié être “extrêmement inquiète de la montée du fascisme qui va forcément rendre nos forces de l’ordre encore plus répressives”.
Un sentiment partagé par Mounia Merzouk qui a appelé les jeunes à se mobiliser : “Vous savez très bien ce qu’il y a demain, réveillez-vous, il faut éviter les morts (…) il faut protéger nos enfants”. Un cri du cœur qui résonne comme un avertissement à l’aube d’un scrutin crucial.
Une marche digne malgré la douleur
Malgré la charge émotionnelle et la colère sourde, la marche s’est déroulée dans le calme, loin de toute présence policière visible. Les slogans “Justice pour Nahel !” ou “Pas de justice, pas de paix !” ont résonné comme autant d’appels à ne pas oublier et à agir pour que de tels drames ne se reproduisent plus. Vers 16h30, les 650 participants selon la préfecture se sont dispersés, le cœur lourd mais déterminés à porter haut et fort la mémoire de Nahel.
Cet hommage, un an après le drame qui a embrasé le pays, montre combien la plaie reste vive. Au-delà du souvenir d’un jeune homme injustement fauché, il porte en lui les germes d’une prise de conscience et d’une soif de changement. À la veille d’élections qui s’annoncent décisives, le message de Mounia Merzouk et des proches de Nahel résonne comme un appel à la responsabilité citoyenne. Car c’est bien dans les urnes que se joue aussi le combat pour une société plus juste et apaisée.