Le harcèlement scolaire, un fléau qui gangrène nos établissements et brise des vies. L’histoire tragique d’Evaëlle, 11 ans, en est le douloureux exemple. Malgré les appels à l’aide répétés de la collégienne et de ses parents, le calvaire qu’elle subissait quotidiennement a été ignoré, jusqu’à l’irréparable. Une enquête exclusive du Figaro révèle les failles d’un système scolaire qui privilégie trop souvent la loi du silence.
Evaëlle, une collégienne comme les autres
Evaëlle était une jeune fille pétillante et sensible, passionnée de lecture et de théâtre. Scolarisée au collège Isabelle Autissier depuis septembre 2018, elle se réjouissait de faire sa rentrée en 6ème. Mais très vite, l’enthousiasme a laissé place à l’angoisse. Moqueries sur son physique, déjeuners solitaires, brimades en tous genres… Le quotidien d’Evaëlle est devenu un véritable enfer.
Des signaux d’alerte ignorés
Les parents d’Evaëlle se sont vite inquiétés du mal-être grandissant de leur fille. Ils ont alerté à plusieurs reprises la direction du collège et les professeurs, en vain. “Personne n’a été capable de protéger notre fille”, déplorent-ils. Un conducteur de bus avait même recueilli les confidences d’Evaëlle, qui lui avait confié être “embêtée” par des garçons. Mais là encore, aucune réaction.
On nous a opposé un mur de silence, au nom du “pas de vagues”. C’est inadmissible.
Marie et Sébastien, les parents d’Evaëlle
Le harcèlement s’intensifie, Evaëlle sombre
En mars 2019, Evaëlle change d’établissement, dans l’espoir d’un nouveau départ. Mais le répit est de courte durée. Son ancien petit-ami la harcèle, l’humilie devant les autres élèves. Le 21 juin, c’est le drame : Evaëlle se pend dans sa chambre avec son foulard préféré. Elle avait seulement 11 ans.
Une mobilisation nécessaire
Chaque année, 700 000 élèves sont victimes de harcèlement scolaire en France. Un chiffre alarmant, qui appelle à une prise de conscience collective. Il est urgent de former les équipes éducatives à repérer et prendre en charge ces situations, de responsabiliser les établissements. La loi contre le harcèlement scolaire, votée en 2022, est un premier pas. Mais il faut aller plus loin, en impliquant tous les acteurs : parents, enseignants, élèves.
- 32% des collégiens victimes de harcèlement ont appelé à l’aide
- Un ado harcelé sur 4 a pensé au suicide
- Le harcèlement multiplie par 3 le risque de passage à l’acte suicidaire
Briser l’omerta, la clé pour avancer
Mettre fin au harcèlement scolaire passe avant tout par la libération de la parole. Il faut encourager les victimes à s’exprimer, et garantir une écoute bienveillante de leur entourage. C’est à ce prix que l’on pourra éviter de nouveaux drames comme celui d’Evaëlle. Son combat est devenu celui de ses parents, déterminés à ce que plus jamais un enfant ne soit abandonné face à la violence du harcèlement.