En cette période d’élections législatives 2024, les candidats rivalisent d’inventivité pour se démarquer et capter l’attention des électeurs. Dans un contexte de campagne éclair où le temps est compté, certains n’hésitent pas à opter pour des méthodes insolites, quitte à délaisser parfois les sujets de fond. Sauts en parachute, apparitions sur les réseaux sociaux, coups d’éclat en tous genres… Tour d’horizon de ces stratégies décalées qui bousculent les codes traditionnels de la communication politique.
Le buzz à tout prix pour les néo-candidats
Face à des élections anticipées et une période de campagne réduite, l’enjeu pour les nouveaux candidats est de gagner rapidement en notoriété. Une gageure lorsque l’on ne bénéficie ni de l’étiquette d’un parti établi, ni d’une implantation locale forte. Pour exister dans le débat et séduire les électeurs, certains misent alors sur l’originalité et le décalage, au risque parfois de tomber dans l’excès.
C’est le cas notamment de ce jeune candidat LR dans l’Eure-et-Loire qui s’est offert un saut en parachute hautement médiatisé, ou encore de ce candidat marseillais dont le visage s’est affiché sur les écrans de Times Square. Coups de com’ audacieux qui ont le mérite de marquer les esprits, mais qui interrogent sur le fond du message politique véhiculé.
L’image avant les idées ?
Dans cette course à la visibilité, un nom qui claque ou un physique avantageux peuvent aussi faire la différence. Le jeune candidat Charles Culioli a ainsi su tirer profit du buzz inattendu suscité par son apparence pour gagner en popularité sur les réseaux. Une stratégie payante à court terme, mais qui occulte souvent les vrais enjeux.
Les néopolitiques ont intégré le marketing : avant le concept et la proposition, il faut trouver la forme.
– François Belley, expert en communication politique
Car pour convaincre durablement, au-delà de l’image, il faut aussi des idées. Un constat qui relativise l’impact de ce marketing politique 2.0, comme le souligne le politologue Philippe Moreau-Chevrolet :
Plus une campagne est courte, plus l’étiquette et l’implantation locale sont privilégiées.
– Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste en communication politique
Quand la forme occulte le fond
Cette tendance pose question : assistons-nous à une dépolitisation du débat public, où les petites phrases et les images chocs prennent le pas sur la réflexion de fond ? Indéniablement, la tentation est grande de céder aux sirènes du buzz dans cette campagne ultra-condensée.
Reste à savoir si les électeurs adhéreront à long terme à ces nouvelles formes de communication politique. Car au-delà des coups d’éclat, c’est bien la solidité du projet et la crédibilité des candidats qui feront la différence dans les urnes. Le risque, à trop miser sur la forme, est de créer une défiance durable envers la parole politique.
Vers un retour du fond pour le second tour ?
Si la communication spectacle a pris le pas pour ce premier tour, la donne pourrait changer pour le second. Avec des duels plus resserrés et des enjeux de alliance, le fond pourrait reprendre ses droits. C’est tout l’enjeu pour la démocratie : que le débat public ne se réduise pas à un concours de buzz, mais laisse une juste place à la confrontation des idées.
Malgré ces réserves, force est de constater que la campagne des législatives 2024 aura été rythmée par ces coups de com’ inédits. Révélateurs des nouvelles injonctions médiatiques qui pèsent sur les candidats, ils témoignent aussi d’une volonté de réinventer les codes de la politique. A la recherche d’un nouveau souffle démocratique, quitte à bousculer les conventions. Un pari risqué, dont les urnes diront s’il était gagnant.