Dans une vallée verdoyante du sud du Liban, à quelques kilomètres seulement de la frontière israélienne, une découverte récente a ravivé les tensions dans une région déjà marquée par des décennies de conflits. Des Casques bleus français, déployés sous l’égide de l’ONU, ont mis au jour un bunker clandestin appartenant au Hezbollah, mouvement pro-iranien qui a longtemps dominé cette zone stratégique. Cette trouvaille, loin d’être anodine, soulève des questions cruciales sur l’avenir de la paix dans cette région volatile. Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à voter sur le renouvellement du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), que nous réserve ce nouvel épisode dans une région où chaque découverte peut bouleverser l’équilibre précaire ?
Un Bunker Caché au Cœur du Liban Sud
Mercredi, une équipe de reconnaissance française a conduit des journalistes dans une vallée boisée près du village d’El-Méri, à quelques pas de la frontière israélienne. Là, dissimulée parmi les arbres, une entrée discrète menait à un bunker souterrain. Ce n’était pas une simple cache : à l’intérieur, les Casques bleus ont découvert un canon d’artillerie de 152 mm de fabrication russe, accompagné de 39 caisses d’obus prêtes à l’emploi. Une trouvaille qui témoigne de la sophistication des infrastructures militaires du Hezbollah dans cette région.
Le capitaine Tanguy, commandant de l’escadron français, a expliqué que cette mission de reconnaissance faisait suite à des frappes israéliennes sur le site. « Nous avons inspecté la zone pour évaluer les dégâts et nous sommes tombés sur ce bunker », a-t-il déclaré. Cette découverte n’est pas isolée : depuis la fin du conflit entre Israël et le Hezbollah en novembre 2024, la Finul a recensé pas moins de 318 caches d’armes dans le sud du Liban.
« À l’intérieur, nous avons trouvé un canon d’artillerie de 152 mm de fabrication russe, avec une portée efficace d’environ 15 kilomètres. »Capitaine Tanguy, commandant de l’escadron français
La Mission de la Finul : Un Rôle Sous Pression
La Finul, déployée depuis 1978 pour maintenir la paix entre le Liban et Israël, se trouve aujourd’hui au cœur d’une mission complexe. Avec environ 10 800 soldats, cette force internationale surveille le désarmement du Hezbollah, conformément à l’accord de cessez-le-feu signé fin 2024. Cet accord stipule que seules l’armée libanaise et la Finul doivent être présentes dans le sud du Liban, une zone où le Hezbollah avait auparavant établi un réseau impressionnant de tunnels et de bunkers.
Pourtant, la situation reste tendue. Israël maintient une présence militaire dans cinq points stratégiques du sud du Liban, malgré les termes de l’accord. De plus, la Finul a recensé plus de 5 000 violations du cessez-le-feu par Israël depuis novembre 2024, incluant des frappes aériennes visant le Hezbollah. Ces tensions mettent en lumière les défis auxquels la Finul est confrontée dans sa mission de maintien de la paix.
Le Désarmement du Hezbollah : Un Défi de Taille
Le désarmement du Hezbollah est au cœur des efforts pour stabiliser le sud du Liban. Depuis la fin de la guerre, l’armée libanaise a démantelé plus de 500 positions militaires et dépôts d’armes appartenant au mouvement pro-iranien, selon le Premier ministre libanais Nawaf Salam. Cependant, ce processus est loin d’être simple. En août, une explosion lors d’une opération de déminage a coûté la vie à six soldats libanais, révélant les dangers inhérents à ces missions.
Les autorités libanaises ont annoncé leur intention de désarmer totalement le Hezbollah d’ici la fin de l’année, sous la pression des États-Unis, de la France et de l’ONU. Cette décision intervient dans un contexte où le Conseil de sécurité doit voter sur une prolongation d’un an du mandat de la Finul, avec un retrait prévu en 2027. Mais le Liban, soutenu par la France, plaide pour un maintien de la force au-delà de cette date.
- 318 caches d’armes découvertes par la Finul depuis novembre 2024.
- 500 positions militaires démantelées par l’armée libanaise.
- 5 095 violations du cessez-le-feu par Israël recensées par la Finul.
Une Région sous Haute Surveillance
Le sud du Liban, avec ses villages dévastés comme Kfar Kila et Bourj al-Moulouk, reste une zone sous haute tension. Depuis un point frontalier, les Casques bleus observent les positions israéliennes, visibles à l’œil nu. Le colonel Arnaud de Coincy, chef de la Force Commander Reserve, insiste sur le rôle clé de la Finul : « Nous surveillons et rapportons toute violation de la trêve, tout en soutenant l’armée libanaise pour rétablir l’autorité de l’État. »
Ce soutien inclut une assistance technique et logistique pour localiser et neutraliser les infrastructures militaires du Hezbollah. Chaque bunker découvert, comme celui d’El-Méri, est sécurisé par la Finul avant d’être transmis à l’armée libanaise pour une intervention. Ce processus, bien que méthodique, est ralenti par la complexité du terrain et les risques d’explosions.
Élément | Détails |
---|---|
Bunker découvert | El-Méri, près de la frontière israélienne |
Armement | Canon de 152 mm, 39 obus prêts à l’emploi |
Violations | 5 095 par Israël depuis novembre 2024 |
Objectif | Désarmement total du Hezbollah d’ici fin 2025 |
Vers une Paix Durable ou une Nouvelle Crise ?
La découverte de ce bunker n’est qu’un épisode dans une saga complexe où les enjeux géopolitiques se mêlent aux réalités du terrain. Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, reste une force influente au Liban, malgré les efforts de désarmement. La présence continue d’Israël dans le sud du pays, en violation de l’accord de cessez-le-feu, complique encore davantage la situation.
Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU délibère sur l’avenir de la Finul, les regards se tournent vers les acteurs régionaux et internationaux. La France, en particulier, joue un rôle clé en soutenant le maintien de la force au-delà de 2027. Mais la question demeure : la paix peut-elle s’installer durablement dans une région où les bunkers cachés et les violations de trêve rappellent constamment les tensions sous-jacentes ?
Pour l’heure, les Casques bleus poursuivent leur mission avec vigilance, conscients que chaque découverte, comme celle du bunker d’El-Méri, est une étape vers la stabilisation du sud du Liban. Mais dans une région où l’histoire est marquée par les conflits, rien n’est garanti. L’avenir de la paix dépendra de la coopération entre les acteurs locaux et internationaux, et de leur capacité à surmonter les défis d’un désarmement complexe.