L’insécurité grandissante dans les transports en commun nantais atteint un nouveau paroxysme. En l’espace de seulement trois jours, du 26 au 28 juin, trois agressions distinctes ont visé le personnel de la Semitan, la société gérant le réseau de transports de Nantes Métropole. Des contrôleurs et même un chauffeur de bus ont été pris à partie, certains violentés physiquement. Face à cette situation alarmante, les syndicats montent au créneau et exigent des mesures fortes pour enrayer cette spirale.
Une Agression d’une Rare Violence
Vendredi matin, une banale opération de contrôle des titres de transport a dégénéré en agression caractérisée. Une contrôleuse de la Semitan a été giflée et frappée à deux reprises au visage par une jeune femme de 16 ans qui voyageait sans titre valide avec sa mère. Trois autres agents sont intervenus pour s’interposer, subissant à leur tour des coups et griffures.
Un épisode d’une rare violence, mais pas isolé. La veille et l’avant-veille, d’autres incidents avaient déjà émaillé le quotidien des personnels : insultes, menaces, et même une altercation physique ayant valu à un chauffeur un passage aux urgences. Les dépôts de plainte s’accumulent, sans réelle perspective d’amélioration.
Le Ras-le-Bol des Syndicats
Pour Nicolas Toquec, délégué syndical FO à la Semitan, cette série noire est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il tire la sonnette d’alarme :
Il ne faut pas laisser ce genre d’agression se banaliser. Le sentiment d’insécurité est devenu latent, il pèse sur le travail quotidien des agents.
Nicolas Toquec, délégué syndical FO Semitan
Son syndicat prévoit de déposer lundi une alarme sociale préalable à un préavis de grève. Un signal fort pour interpeller la direction de la Semitan et les pouvoirs publics sur l’urgence de la situation.
Des Quartiers Devenus des Zones de Non-Droit ?
Si les incidents peuvent survenir sur l’ensemble du réseau, force est de constater que certains secteurs de la métropole sont particulièrement touchés. Les quartiers Nord, réputés sensibles, cristallisent une grande partie des tensions. Des « zones de non-droit » dénoncent certains agents, où les incivilités sont quotidiennes et la peur s’installe.
Face à ce constat, élus et forces de l’ordre semblent parfois dépassés. Certains appellent à un renfort des effectifs de police, d’autres à des mesures sociales d’ampleur pour s’attaquer aux racines du mal. Mais en attendant, c’est tout un pan du service public qui se retrouve fragilisé et avec lui la liberté de déplacement des usagers.
Quelles Solutions pour Enrayer la Spirale ?
Si le diagnostic semble partagé, les remèdes, eux, divisent. Parmi les pistes évoquées :
- Renforcer la présence policière, avec des agents dédiés aux transports
- Déployer plus largement la vidéosurveillance et intensifier les contrôles
- Former les personnels à la gestion des conflits et à la légitime défense
- Mener des actions de prévention auprès des publics à risque
- Sanctionner plus lourdement les agresseurs pour un effet dissuasif
Mais toutes ces mesures ont un coût, humain et financier. Les syndicats réclament des investissements massifs, quand la Semitan doit déjà composer avec des budgets serrés. La balle est désormais dans le camp des décideurs, sommés d’agir vite et fort. Car c’est la qualité du dialogue social et la continuité même du service public de transports qui sont en jeu.
Les événements de ces derniers jours sonnent comme un ultime avertissement. Pour que les bus et tramways nantais ne deviennent pas des zones de guerre urbaine, il y a urgence à enrayer la mécanique infernale de la violence. Avant qu’un drame irréparable ne survienne et ne ternisse durablement l’image de la cité des Ducs.