À quelques jours du premier tour des élections législatives, c’est la tension qui prédomine au sein du gouvernement. Car si la période est toujours propice à une certaine effervescence démocratique, elle suscite cette année de vives inquiétudes quant aux risques sécuritaires qui pèsent sur le scrutin. En cause : la menace terroriste qui plane toujours sur le pays, mais aussi les violences urbaines redoutées par le ministère de l’Intérieur, notamment au soir des résultats.
L’ombre du terrorisme plane sur les urnes
Comme l’a rappelé le ministre de l’Intérieur cette semaine, le risque d’un attentat visant le processus électoral est pris très au sérieux par les autorités. Et pour cause : les législatives, « comme tout grand événement », peuvent être la cible « d’actes terroristes » selon Beauvau. Une menace persistante, près de 8 ans après les attentats de janvier et novembre 2015.
Face à ce danger, l’État a considérablement renforcé son dispositif sécuritaire. Protection des bureaux de vote, sécurisation des meetings, surveillance accrue des lieux de culte… Les mesures sont draconiennes pour prévenir toute attaque. Les services de renseignement sont également sur le qui-vive pour détecter la moindre alerte.
Un nouveau risque : les violences politiques
Mais le spectre du terrorisme n’est pas la seule source d’inquiétude pour le gouvernement. Les services de renseignements alertent aussi sur un autre péril : celui des violences urbaines, potentiellement fomentées par les mouvances radicales. « L’ultragauche et l’ultradroite » pourraient ainsi « semer une forme de chaos » au soir des résultats, craint le ministre de l’Intérieur.
Ces craintes font écho aux récentes tensions politiques qui ont secoué le pays, avec notamment la dissolution controversée du mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre. Une décision qui a suscité l’ire des opposants, certains n’excluant pas des actions coup de poing en réaction.
Nous sommes face à une période préélectorale et postélectorale extrêmement sensible, avec de possibles troubles à l’ordre public
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur
Sécurité renforcée et prévention
Pour parer à ces menaces, préfets, policiers et gendarmes sont sur le pied de guerre. Des renforts seront déployés dans les zones sensibles lors des soirées électorales, notamment autour des QG de campagne et des lieux symboliques. Objectif : étouffer dans l’œuf toute tentative de débordement.
Mais au-delà de la réponse sécuritaire, c’est bien en amont que l’exécutif entend désamorcer les velléités de violence. En jouant la carte de la fermeté face aux menaces, comme avec la dissolution des Soulèvements de la Terre, mais aussi celle du dialogue. Un équilibre fragile à trouver.
Une campagne sous haute surveillance
Car la tension est palpable dans cette campagne législative, inédite à bien des égards. Entre une majorité présidentielle fragilisée, une gauche en ordre dispersé et une extrême droite en embuscade, les équilibres politiques n’ont jamais été aussi incertains. De quoi attiser les passions… et les peurs de dérapages.
- Une dissymétrie des forces politiques source de tensions
- Des enjeux électoraux exacerbés par le contexte
- Un climat politique délétère propice aux débordements
Face à ces défis, le gouvernement se veut rassurant. Grâce à un dispositif sécuritaire maximum et une vigilance de tous les instants, l’exécutif promet des élections sous contrôle. Mais en coulisse, c’est une véritable course contre la montre pour sécuriser la campagne électorale jusqu’au second tour.
Car si nul ne peut prédire l’issue de ces législatives, une chose est sûre : elle se jouera autant dans les urnes que dans la rue. Un double front sur lequel l’État a bien l’intention de ne rien céder. Quitte à faire des élections les plus sécurisées, mais aussi les plus tendues, de l’histoire récente.