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Serbie : Report des Sanctions US contre NIS

La Serbie gagne un nouveau sursis face aux sanctions US contre NIS, contrôlée par Gazprom. Quel impact pour son énergie ? La suite est surprenante...

Comment un petit pays comme la Serbie parvient-il à naviguer entre les pressions des grandes puissances tout en sécurisant son approvisionnement énergétique ? La réponse réside dans une série de décisions stratégiques et de reports inattendus. Récemment, un nouveau sursis de 30 jours a été accordé par les États-Unis concernant les sanctions visant la société pétrolière serbe NIS, contrôlée par le géant russe Gazprom. Cet événement, bien que technique en apparence, révèle des enjeux géopolitiques et économiques majeurs pour la région des Balkans.

Un sursis crucial pour l’énergie serbe

Ce report, le sixième depuis janvier, offre à la Serbie un répit temporaire face aux mesures imposées par l’administration américaine sortante. Ces sanctions, visant initialement le secteur énergétique russe, touchent NIS en raison de son contrôle par Gazprom, un acteur clé du marché mondial de l’énergie. Ce sursis, valable jusqu’au 26 septembre, permet à la Serbie de maintenir la stabilité de son approvisionnement en pétrole et en gaz, un enjeu vital pour ce pays des Balkans.

La ministre serbe de l’Énergie, Dubravka Djedovic Handanovic, a salué cette décision, soulignant son importance pour la continuité des opérations de la raffinerie de Pancevo, près de Belgrade. Cette infrastructure, unique en Serbie, alimente environ 80 % du marché national en carburants et produits pétroliers.

« Grâce à ce report, nous avons préservé la stabilité énergétique du pays », a déclaré la ministre, remerciant les États-Unis pour leur compréhension.

NIS : un géant serbe sous influence russe

Pour comprendre l’importance de ce sursis, il faut se pencher sur le rôle central de NIS dans l’économie serbe. La compagnie pétrolière et gazière est un acteur incontournable, non seulement en Serbie, mais aussi dans la région. Avec plus de 400 stations-service, dont environ 80 en Bosnie, Bulgarie et Roumanie, NIS emploie 13 500 personnes et génère un chiffre d’affaires annuel d’environ 3,3 milliards d’euros. Cependant, en 2024, l’entreprise a enregistré une perte nette de 153 millions d’euros, reflétant les défis économiques et les pressions internationales.

NIS est détenue à 45 % par Gazprom Neft, une filiale de Gazprom, à 11 % par Gazprom directement, et à près de 30 % par le gouvernement serbe. Le reste des actions est réparti entre des actionnaires minoritaires. Cette structure actionnariale place NIS au cœur d’un triangle complexe entre Belgrade, Moscou et Washington.

Fait marquant : La raffinerie de Pancevo, gérée par NIS, est la seule du pays et dépend d’un oléoduc croate pour ses importations de pétrole brut.

Une dépendance énergétique sous tension

La Serbie se trouve dans une position délicate. Le pays dépend fortement du gaz russe, importé via des contrats avec Gazprom. Un nouvel accord gazier, prévu pour septembre, devrait permettre à la Serbie d’importer jusqu’à 2,5 milliards de mètres cubes de gaz par an pendant trois ans. Cette dépendance place Belgrade dans une situation de vulnérabilité, surtout dans le contexte des tensions entre la Russie et l’Occident.

La raffinerie de Pancevo, qui traite le pétrole brut importé via l’oléoduc croate géré par la compagnie publique Janaf, est un maillon essentiel de cette chaîne énergétique. La Croatie, en tant que principal client de cet oléoduc, joue un rôle indirect mais crucial dans les négociations autour des sanctions. De même, la Hongrie, où la Serbie stocke une partie de ses réserves de gaz, aurait influencé la décision de Washington de reporter les sanctions.

Un jeu diplomatique à haut risque

Le gouvernement serbe ne se contente pas de ce sursis temporaire. Il cherche une solution à long terme pour sortir NIS de la liste des sanctions. La ministre de l’Énergie a annoncé que Belgrade maintiendrait un « dialogue actif » avec les parties américaine et russe. L’objectif ? Trouver un accord global entre Washington et Moscou qui permettrait d’exclure NIS des mesures punitives.

Cette stratégie reflète la position unique de la Serbie, qui entretient des relations étroites avec la Russie tout en cherchant à se rapprocher de l’Union européenne. Ce numéro d’équilibriste diplomatique est d’autant plus complexe que les sanctions contre les entreprises russes ont des répercussions directes sur l’économie serbe.

« Nous espérons un accord global qui retirerait NIS de la liste des sanctions », a insisté la ministre.

Les enjeux économiques et régionaux

Les sanctions contre NIS ne se limitent pas à un impact national. Elles touchent également les pays voisins où l’entreprise opère, comme la Bosnie, la Bulgarie et la Roumanie. La perte nette de 153 millions d’euros en 2024 montre que NIS traverse une période difficile, aggravée par les incertitudes liées aux sanctions. Une interruption prolongée de ses activités pourrait perturber l’approvisionnement énergétique dans toute la région.

Pour mieux comprendre l’ampleur des opérations de NIS, voici un aperçu de ses activités :

  • Gestion de la raffinerie de Pancevo, unique en Serbie.
  • Exploitation de plus de 400 stations-service dans les Balkans.
  • Emploi de 13 500 personnes, un employeur majeur dans la région.
  • Chiffre d’affaires de 3,3 milliards d’euros en 2024.

Vers une solution durable ?

Le report des sanctions offre à la Serbie un répit, mais il ne résout pas le problème de fond : la dépendance énergétique et les tensions géopolitiques. Un accord entre les États-Unis et la Russie semble improbable à court terme, ce qui place la Serbie dans une position d’attente. En parallèle, le futur contrat gazier avec Moscou renforce la relation énergétique entre Belgrade et la Russie, malgré les pressions occidentales.

La situation illustre les défis auxquels sont confrontés les petits pays pris dans des rivalités entre grandes puissances. La Serbie doit non seulement sécuriser son approvisionnement énergétique, mais aussi préserver ses relations diplomatiques avec des acteurs aux intérêts divergents.

Aspect Détails
Durée du sursis Jusqu’au 26 septembre
Actionnaires principaux Gazprom Neft (45 %), Gazprom (11 %), État serbe (30 %)
Chiffre d’affaires 2024 3,3 milliards d’euros
Pertes 2024 153 millions d’euros

Un avenir incertain

Alors que la Serbie attend un éventuel accord entre Washington et Moscou, la question de la viabilité à long terme de NIS reste posée. La compagnie, bien que puissante, est fragilisée par les pertes financières et les incertitudes géopolitiques. Les efforts de Belgrade pour maintenir un dialogue avec les deux parties montrent une volonté de protéger ses intérêts nationaux, mais les défis restent nombreux.

Ce sursis de 30 jours est une bouffée d’oxygène, mais il ne garantit pas une solution définitive. Les mois à venir seront cruciaux pour déterminer si la Serbie peut continuer à jongler entre ses partenaires russes et occidentaux tout en assurant la stabilité de son secteur énergétique.

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