Dans un contexte de tensions régionales et de tractations diplomatiques, le sort des Casques bleus au Liban est au cœur des débats internationaux. Ce lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit pour voter sur une possible reconduction du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). Mais derrière ce vote, se joue bien plus qu’une simple formalité administrative : l’avenir de la stabilité dans une région marquée par des conflits persistants. Alors que Beyrouth plaide pour le maintien de cette force, des puissances comme les États-Unis et Israël expriment des réserves. Quels sont les enjeux de ce scrutin et que signifie-t-il pour le Liban ?
Un Vote Crucial pour la Stabilité Régionale
Le vote prévu ce lundi par les 15 membres du Conseil de sécurité intervient dans un climat de grande incertitude. La Finul, déployée depuis 1978, compte environ 10 800 soldats issus de pays comme l’Indonésie, l’Inde, l’Italie, le Ghana ou le Népal. Sa mission ? Servir de tampon entre le Liban et Israël, en particulier dans la zone sensible du sud du pays, près de la Ligne bleue, frontière définie par l’ONU en 2000. Mais ce rôle, bien que crucial, est aujourd’hui remis en question.
La France, soutenue par le gouvernement libanais, propose une extension du mandat jusqu’au 31 août 2026. Pourtant, des voix discordantes, notamment celles des États-Unis et d’Israël, s’élèvent contre cette reconduction. Pourquoi une telle opposition ? Pour le comprendre, il faut plonger dans les dynamiques complexes de la région et les récents développements politiques.
Le Rôle Historique de la Finul
Depuis sa création, la Finul joue un rôle clé dans le maintien de la paix au sud du Liban. En plus de surveiller la frontière, elle soutient l’armée libanaise dans ses efforts pour sécuriser la région. Ce soutien inclut une aide logistique, des formations, des financements et même la fourniture de carburant. Selon un représentant de l’ONU, ce partenariat a permis le déploiement de 8 300 militaires libanais dans le sud, renforçant ainsi la présence de l’État dans une zone historiquement instable.
« Nous avons toujours eu le sentiment que la présence de la Finul apportait de la stabilité le long de la Ligne bleue. »
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU
Cette stabilité, bien que fragile, est essentielle dans une région où les tensions entre Israël et le Hezbollah, groupe chiite soutenu par l’Iran, restent vives. Mais la situation a évolué depuis la signature d’un cessez-le-feu en 2024, qui a mis fin à un conflit ouvert entre le Liban et Israël. Cet accord, bien que prometteur, reste précaire, notamment en raison des pressions exercées sur le Hezbollah.
Le Désarmement du Hezbollah : Un Enjeu Majeur
Le cessez-le-feu de 2024 inclut une clause exigeant le désarmement et le démantèlement du Hezbollah d’ici la fin de l’année. Cette condition, imposée sous la pression des États-Unis, place le Liban dans une position délicate. Le président libanais, Joseph Aoun, a récemment défendu le rôle de la Finul, arguant qu’une limitation de son mandat pourrait aggraver les tensions, surtout alors qu’Israël maintient une présence militaire dans certaines zones du sud du Liban.
Le Hezbollah, affaibli mais toujours influent, représente un défi pour le gouvernement libanais. Son désarmement est perçu comme une condition sine qua non pour garantir la paix durable dans la région. Cependant, la mise en œuvre de cette mesure est complexe, notamment en raison des implications politiques internes et des relations avec l’Iran.
Points clés du cessez-le-feu de 2024 :
- Retrait progressif des forces israéliennes au nord de la Ligne bleue.
- Désarmement du Hezbollah d’ici fin 2025.
- Renforcement de la présence de l’armée libanaise dans le sud.
Les Tensions avec Israël
Israël, engagé dans plusieurs conflits régionaux, maintient une posture ferme vis-à-vis du Liban. Malgré l’accord de cessez-le-feu, des troupes israéliennes occupent encore cinq positions stratégiques en territoire libanais, selon le projet de résolution de l’ONU. Ces incursions, combinées à des frappes régulières, alimentent les tensions. Israël menace même de reprendre les hostilités si le Hezbollah ne respecte pas les conditions de désarmement.
La Finul, souvent prise entre deux feux, a elle-même été confrontée à des accrochages avec l’armée israélienne. Ces incidents soulignent la difficulté de sa mission dans un contexte où les deux parties restent sur le qui-vive. Le projet de résolution appelle explicitement Israël à retirer ses forces au nord de la Ligne bleue, mais la mise en œuvre de cette demande reste incertaine.
Les États-Unis et le Risque de Veto
Les États-Unis, alliés historiques d’Israël, affichent une position ambiguë. Bien qu’aucune déclaration officielle n’ait confirmé leur intention d’utiliser leur droit de veto, leur hostilité envers la Finul est connue. Cette réticence s’explique par des considérations stratégiques, notamment leur soutien à la politique israélienne de containment du Hezbollah.
Le vote de ce lundi sera donc déterminant. Un veto américain pourrait non seulement compromettre la mission de la Finul, mais aussi envoyer un signal fort quant à l’engagement international dans la région. À l’inverse, une reconduction du mandat renforcerait la présence de l’ONU et pourrait apaiser les tensions, du moins temporairement.
Vers un Retrait Progressif de la Finul ?
Le projet de résolution française ne se contente pas de proposer une extension du mandat. Il exprime également l’intention du Conseil de sécurité de travailler à un retrait progressif de la Finul, avec pour objectif de confier la sécurité du sud du Liban exclusivement à l’État libanais. Cette perspective, bien que séduisante sur le papier, soulève des questions sur la capacité du Liban à assumer seul cette responsabilité.
Le sud du Liban reste une zone de fracture, où les intérêts locaux, régionaux et internationaux se croisent. La Finul, malgré ses limites, a joué un rôle de stabilisateur. Un retrait prématuré pourrait créer un vide sécuritaire, au risque de raviver les tensions. Comme l’a souligné Joseph Aoun, toute réduction du mandat de la Finul pourrait avoir des conséquences négatives, notamment en raison de la présence continue d’Israël dans certaines zones.
Un Équilibre Précaire
Le vote de ce lundi ne concerne pas seulement la Finul, mais aussi l’avenir de la paix au Liban. Entre les pressions pour désarmer le Hezbollah, les exigences d’un retrait israélien et les divergences au sein du Conseil de sécurité, la situation est explosive. La Finul, bien qu’imparfaite, reste un symbole de l’engagement international pour la stabilité régionale.
Acteur | Position |
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France | Soutient la reconduction du mandat de la Finul jusqu’en 2026. |
Liban | Demande le maintien des Casques bleus pour garantir la stabilité. |
États-Unis | Hostile à la Finul, risque de veto. |
Israël | Opposé à la Finul, maintient des troupes au Liban. |
En conclusion, le vote sur la Finul est bien plus qu’une formalité. Il s’agit d’un test pour la communauté internationale, confrontée à des choix difficiles dans une région où chaque décision peut avoir des répercussions majeures. La reconduction du mandat des Casques bleus pourrait renforcer la fragile stabilité au sud du Liban, mais elle ne résoudra pas les défis de fond, comme le désarmement du Hezbollah ou le retrait israélien. Quel que soit le résultat, l’avenir de la région reste incertain, et la Finul, pour l’instant, demeure un acteur clé dans ce fragile équilibre.