Face à l’urgence climatique et aux objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2, l’Union Européenne a décidé d’interdire progressivement la vente de véhicules thermiques neufs d’ici 2035. Un véritable séisme pour l’industrie automobile, qui doit s’adapter à marche forcée à l’électrification des transports.
Le pari de la batterie électrique made in France
Pour réussir cette transition vers la mobilité propre, la France a choisi de miser sur le développement d’une filière d’excellence des batteries électriques sur son territoire. L’objectif : réduire la dépendance aux importations asiatiques, sécuriser les approvisionnements et créer de l’emploi.
Comme le souligne David Pomonti, expert en décarbonation chez Bpifrance : « La France possède tous les atouts pour faire face à la Chine, aujourd’hui leader mondial. À condition de mettre en place des règles du jeu permettant une compétition équilibrée ».
Des investissements massifs
Pour y parvenir, les pouvoirs publics déploient des moyens colossaux. Le plan France 2030 prévoit ainsi 54 milliards d’euros d’investissements, dont une partie sera allouée à la production de 2 millions de véhicules électriques et hybrides d’ici 6 ans.
Sur le terrain, les projets fleurissent à chaque étape de la chaîne de valeur :
- Extraction et raffinage des métaux critiques comme le lithium
- Mégafactories de cellules et de packs de batteries
- Usines de recyclage pour donner une seconde vie aux batteries
- Bornes de recharge rapide sur tout le territoire
Dans ce contexte d’investissement massif, nombre d’industriels plaident pour le maintien du calendrier européen.
David Pomonti, expert Bpifrance
Innover pour se démarquer
Mais la clé du succès réside aussi dans la capacité de la France à développer des technologies de rupture. Parmi les pistes prometteuses :
- Les batteries lithium solides, plus légères et plus sûres
- Les batteries sodium-ion, moins coûteuses et plus durables
- Les procédés de recyclage avancés, pour récupérer près de 95% des matériaux
La start-up Mecaware prévoit ainsi de produire jusqu’à 50 tonnes par an de métaux stratégiques issus du recyclage dès 2025. Un bel exemple de l’écosystème d’innovation français, où start-up, PME et grands groupes unissent leurs forces pour bâtir une filière compétitive.
Accélérer le maillage en points de charge
Enfin, pour accompagner l’essor des véhicules électriques, la France doit également s’équiper en infrastructures de recharge. Avec plus de 130 000 points de charge publics, elle est déjà le 2e pays européen le mieux doté. Mais il faudra atteindre 400 000 bornes en 2030, dont plusieurs dizaines de milliers à charge rapide.
Si les défis sont immenses, la France a tous les atouts en main pour réussir son pari industriel et écologique. À condition de maintenir le cap et l’ambition, pour faire de la batterie électrique un nouveau moteur de croissance.