Imaginez un monde où des stars du football, admirées par des millions de fans, se retrouvent au cœur d’un scandale lié à la mort d’un homme en direct sur Internet. C’est l’histoire troublante qui secoue la France depuis août 2025, où des footballeurs de renom ont été accusés d’avoir soutenu, même indirectement, des streams violents ayant conduit au décès tragique d’un streamer connu sous le pseudonyme de Jean Pormanove. Ce drame, survenu lors d’un marathon de diffusion de plus de 12 jours, soulève des questions brûlantes sur la responsabilité des célébrités, l’éthique des plateformes numériques et les dérives des contenus en ligne. Plongeons dans cette affaire qui mêle sport, technologie et controverse.
Un Drame en Direct qui Secoue la Société
Dans la nuit du 17 au 18 août 2025, Raphaël Graven, plus connu sous le nom de Jean Pormanove, s’éteint en direct sur la plateforme Kick, après un marathon de streaming de près de 300 heures. Ce quadragénaire, figure du collectif Lokal, était au cœur de vidéos où il subissait humiliations et violences physiques, souvent sous les yeux d’un public en ligne. Ce décès, survenu dans son sommeil, a provoqué une onde de choc, non seulement dans la communauté du streaming, mais aussi dans le monde du sport, où des personnalités inattendues se retrouvent impliquées.
L’enquête ouverte par le parquet de Nice cherche à éclaircir les causes de cette mort. Les premiers résultats d’autopsie écartent une origine traumatique ou une intervention extérieure, mais des analyses complémentaires sont en cours. Pourtant, au-delà des causes médicales, c’est le contexte de ce drame qui scandalise : des streams où des participants, dont certains en situation de vulnérabilité, étaient poussés à dépasser leurs limites pour des dons financiers.
Des Footballeurs dans la Tourmente
Ce scandale a pris une ampleur inattendue lorsque des noms de footballeurs célèbres ont été associés aux activités du Lokal. Parmi eux, Bradley Barcola, jeune ailier du PSG, et Pierre-Emerick Aubameyang, star de l’OM, ont été pointés du doigt pour avoir envoyé des messages d’encouragement diffusés lors du live fatal. Ces vidéos, enregistrées à l’avance, exhortaient les streamers à « se réveiller » et à « finir le jeu », c’est-à-dire atteindre un objectif de collecte de fonds fixé à 40 000 euros.
« Branchez vos cerveaux parce que là, faut finir le jeu », lançait Aubameyang dans une vidéo diffusée à la 237e heure du stream.
Barcola, quant à lui, s’adressait directement à Jean Pormanove et à un autre participant, surnommé Coudoux, en disant : « On est tous avec vous, on sait que vous pouvez le faire. » Ces messages, bien que motivants en apparence, ont été perçus comme une caution implicite à des contenus violents, où les streamers subissaient des sévices physiques et psychologiques. L’entourage de Barcola a rapidement réagi, précisant que la vidéo avait été enregistrée plusieurs semaines auparavant et utilisée sans son consentement direct.
Un autre nom émerge dans cette affaire : Adil Rami, ancien champion du monde et consultant pour une chaîne de football. Rami, proche du collectif Lokal, avait été filmé en mars 2024 prodiguant des conseils de boxe à Coudoux, un homme en situation de handicap, pour un combat contre Pormanove. Ces images, où il suggérait de « mettre des crochets » à son adversaire, ont refait surface, alimentant les accusations de complaisance face aux dérives du Lokal.
Le Rôle des Célébrités : Influence ou Irresponsabilité ?
La présence de ces footballeurs dans des vidéos associées au Lokal soulève une question cruciale : quelle est la responsabilité des personnalités publiques dans la promotion de contenus controversés ? En tant que figures influentes, suivies par des millions de fans, leurs actions ont un poids considérable. Leur implication, même indirecte, dans des streams où des individus vulnérables étaient maltraités, a donné une légitimité à ces pratiques, attirant un public plus large.
Pour mieux comprendre l’impact de ces interventions, voici les principaux points soulevés par cette affaire :
- Visibilité accrue : Les messages des footballeurs ont amplifié l’audience du Lokal, attirant des spectateurs et des dons.
- Normalisation des abus : En encourageant les « défis », ils ont contribué à banaliser des comportements violents.
- Responsabilité éthique : Leur statut impose une vigilance accrue sur les contenus qu’ils soutiennent.
Adil Rami, par la voix de son avocat, a tenté de se défendre, affirmant n’avoir jamais promu les contenus violents du Lokal. Il a souligné une relation amicale avec Raphaël Graven, basée sur leur passion commune pour les jeux vidéo. Cependant, ces explications peinent à apaiser les critiques, qui pointent du doigt une forme d’irresponsabilité.
La Plateforme Kick : Un Espace sans Limites ?
Le drame s’est déroulé sur Kick, une plateforme de streaming connue pour sa modération permissive, contrairement à des concurrents comme Twitch. Contrairement aux règles strictes de certaines plateformes, Kick autorise des contenus à caractère violent ou explicite, ce qui a permis au Lokal de diffuser des vidéos d’humiliations et de sévices sans réelle restriction. Cette liberté a attiré un public avide de sensations fortes, mais elle pose aussi des questions sur la régulation des contenus en ligne.
Le collectif Lokal, dirigé par des streamers comme Naruto (Owen Cenazandotti) et Safine (Safine Hamadi), exploitait cette permissivité pour organiser des « défis » extrêmes, souvent au détriment de participants vulnérables comme Jean Pormanove ou Coudoux, ce dernier étant sous curatelle en raison de son handicap. Ces streams, qui pouvaient durer des jours entiers, étaient financés par des dons de spectateurs, créant une dynamique où la violence devenait un spectacle rémunérateur.
| Aspect | Description |
|---|---|
| Plateforme | Kick, connue pour sa modération laxiste. |
| Contenu | Streams mêlant humiliations et violences physiques. |
| Financement | Dons des spectateurs pour encourager les « défis ». |
Une Enquête aux Multiples Facettes
L’enquête judiciaire en cours à Nice vise à déterminer les circonstances exactes du décès de Raphaël Graven. Si l’autopsie a exclu une cause traumatique, les autorités explorent d’autres pistes, comme une possible intoxication ou un épuisement lié à la durée du stream. Cependant, au-delà des causes médicales, c’est le cadre éthique et légal de ces streams qui est scruté. Les streamers Naruto et Safine, accusés d’avoir infligé des violences à Pormanove et Coudoux, sont au centre des investigations.
Les réactions du public ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, l’indignation est palpable, avec des appels à une meilleure régulation des plateformes comme Kick. Certains internautes reprochent aux footballeurs d’avoir fermé les yeux sur les dérives du Lokal, tandis que d’autres estiment qu’ils ont été manipulés, leurs vidéos utilisées sans contexte clair.
L’Impact sur le Monde du Sport
Ce scandale a des répercussions directes sur l’image des clubs de football, notamment le PSG et l’OM. Ces institutions, qui cherchent à promouvoir des valeurs d’exemplarité, se retrouvent éclaboussées par l’implication de leurs joueurs. Bien que les vidéos des footballeurs aient été enregistrées à l’avance, leur association avec un contenu aussi controversé ternit leur réputation.
Bradley Barcola, qui avait rendu hommage à Jean Pormanove sur Instagram après son décès, a vu son geste interprété de différentes manières. Pour certains, c’est une preuve de sa proximité avec le Lokal ; pour d’autres, un simple acte de compassion. De son côté, l’absence de commentaire officiel de l’OM concernant Aubameyang alimente les spéculations sur la gestion de cette crise par le club.
Vers une Régulation des Contenus en Ligne ?
Ce drame met en lumière les failles de la modération des contenus sur Internet. Les plateformes comme Kick, en quête de popularité, attirent des créateurs prêts à repousser les limites pour attirer des spectateurs. Mais à quel prix ? La mort de Jean Pormanove a relancé le débat sur la nécessité d’une régulation plus stricte, notamment pour protéger les personnes vulnérables exploitées dans ce type de contenus.
Les autorités françaises, via l’Arcom, ont annoncé un échange avec Kick pour discuter de ses pratiques. Cette initiative pourrait marquer un tournant dans la manière dont les plateformes gèrent les contenus extrêmes. En attendant, les spectateurs et les célébrités impliquées sont appelés à réfléchir à leur rôle dans la propagation de ces dérives.
Que Retenir de Cette Tragédie ?
L’affaire Jean Pormanove est un miroir des excès de notre époque, où la quête de visibilité et d’argent peut conduire à des drames humains. Les footballeurs, en soutenant, même involontairement, ces streams, ont mis en lumière la puissance et les dangers de l’influence publique. Voici les leçons principales à tirer :
- Vigilance des célébrités : Les personnalités publiques doivent être prudentes dans leurs collaborations.
- Régulation des plateformes : Les sites comme Kick doivent renforcer leur modération.
- Responsabilité collective : Les spectateurs jouent un rôle en finançant ces contenus.
Ce scandale, loin d’être un simple fait divers, interroge notre rapport aux réseaux sociaux et à la consommation de contenus extrêmes. Alors que l’enquête suit son cours, une question demeure : comment éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise ? La réponse, complexe, repose sur une prise de conscience collective et une action concertée des plateformes, des influenceurs et des autorités.
