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Mort de Jean Pormanove : Les Causes du Drame Dévoilées

Le streamer Jean Pormanove est mort en direct sur Kick. L’autopsie révèle des causes médicales, mais l’enquête continue. Que s’est-il vraiment passé lors de ce live ?

Imaginez une scène où des milliers de spectateurs, derrière leurs écrans, assistent en direct à un drame inimaginable. C’est ce qui s’est produit dans la nuit du 17 au 18 août 2025, lorsque Raphaël Graven, connu sous le pseudonyme de Jean Pormanove, s’est éteint sous les yeux de sa communauté en plein live sur la plateforme de streaming Kick. Ce décès tragique, survenu après plus de 12 jours de diffusion continue, a choqué la France entière et relancé le débat sur les dérives des plateformes numériques. Comment un tel événement a-t-il pu se produire sous l’œil des caméras ? Quelles leçons tirer de cette tragédie ?

Un Drame en Direct qui Secoue le Monde du Streaming

Le 18 août 2025, à Contes, près de Nice, la communauté en ligne de Jean Pormanove, un streamer de 46 ans suivi par des centaines de milliers d’abonnés, a été témoin d’un moment bouleversant. Alors que le live, qui durait depuis près de 300 heures, montrait plusieurs streamers endormis sur des matelas, un détail a alerté les spectateurs : Jean Pormanove, allongé sous une couette, ne bougeait plus. Malgré les tentatives de ses collègues pour le réveiller, la diffusion s’est brutalement arrêtée. Quelques heures plus tard, la nouvelle de son décès était confirmée, plongeant ses fans dans une vague d’émotion et d’indignation.

Raphaël Graven, alias Jean Pormanove, était un ancien militaire devenu une figure du streaming, notamment sur Kick, une plateforme australienne connue pour ses règles de modération plus souples que son concurrent Twitch. Ce drame a immédiatement suscité des questions sur les conditions dans lesquelles il streamait et sur le rôle de la plateforme dans cette tragédie. Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut plonger dans les circonstances entourant ce live marathon, les résultats de l’autopsie, et les implications plus larges pour le monde du streaming.

Les Résultats de l’Autopsie : Une Cause Médicale ou Toxicologique

Le parquet de Nice a rapidement réagi en ouvrant une enquête pour déterminer les causes exactes du décès de Jean Pormanove. Une autopsie, réalisée le 21 août 2025, a livré ses premières conclusions. Selon les experts, le décès est d’origine médicale et/ou toxicologique, excluant toute intervention extérieure ou cause traumatique. Aucune lésion significative, ni au visage, ni au crâne, n’a été relevée, bien que des ecchymoses et des cicatrices soient présentes sur les membres inférieurs, probablement liées aux conditions éprouvantes des streams.

Les causes probables du décès apparaissent d’origine médicale et/ou toxicologique. Aucune intervention d’un tiers n’est en cause.

Communiqué du parquet de Nice

Ces résultats ont apaisé certaines spéculations sur une possible agression directe, mais ils n’ont pas mis fin aux interrogations. Les enquêteurs continuent d’explorer si les conditions du live, marquées par des privations de sommeil et des défis extrêmes, ont pu contribuer à l’état de santé de Jean Pormanove. Cette piste, combinée à la possibilité d’une ingestion de substances, reste au cœur des investigations.

Un Contexte de Violences et d’Humiliations en Ligne

Jean Pormanove était une figure controversée du streaming, non pas pour ses prouesses vidéoludiques, mais pour le contenu diffusé sur sa chaîne, Le Lokal. Depuis des mois, il participait à des lives où il subissait des humiliations physiques et psychologiques, souvent orchestrées par deux autres streamers, connus sous les pseudos de Naruto et Safine. Ces séquences, qui incluaient des strangulations, des jets de peinture, ou des insultes, attiraient des milliers de spectateurs, certains versant des dons pour encourager ces actes.

En décembre 2024, une enquête journalistique avait déjà mis en lumière ces pratiques, qualifiées de “business de la maltraitance en ligne”. À l’époque, Naruto et Safine avaient été placés en garde à vue, mais relâchés après que Jean Pormanove et un autre participant, surnommé Coudoux, eurent affirmé qu’il s’agissait de mises en scène consenties pour “faire le buzz”. Selon leurs déclarations, ces performances leur rapportaient jusqu’à 6 000 euros par mois, une somme non négligeable pour des créateurs de contenu.

“Il y a un script, tout est préparé. Je ne suis pas une victime, je gagne ma vie comme ça.”

— Déclaration attribuée à Jean Pormanove lors d’une audition en janvier 2025

Cette justification, bien que troublante, n’a pas empêché la polémique de resurgir après son décès. Les internautes, choqués par les vidéos circulant sur les réseaux sociaux, ont dénoncé une forme d’emprise psychologique exercée sur Jean Pormanove, dont l’état de santé fragile et les possibles vulnérabilités rendaient sa participation à ces streams particulièrement problématique.

Kick : Une Plateforme Sous le Feu des Critiques

La plateforme Kick, créée en 2022, s’est imposée comme une alternative à Twitch, attirant des streamers controversés grâce à sa politique de modération permissive et à une rémunération avantageuse (95 % des revenus reversés aux créateurs). Cependant, cette liberté a un revers : Kick est devenue un refuge pour des contenus extrêmes, souvent à la limite de la légalité. Le décès de Jean Pormanove a jeté une lumière crue sur ces dérives, mettant la plateforme sous pression.

En réponse au drame, Kick a annoncé avoir banni les co-streamers impliqués dans le live et lancé une révision complète de son contenu en français. La plateforme s’est engagée à collaborer avec les autorités, mais ces mesures arrivent tardivement pour beaucoup. La ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz, a saisi l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) et effectué un signalement sur Pharos, le service de lutte contre les violences en ligne, pour exiger des explications.

La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n’est pas une option : c’est la loi.

Clara Chappaz, ministre déléguée au Numérique

Les critiques ne se limitent pas à Kick. L’Arcom elle-même est pointée du doigt pour son inaction. En février 2025, la Ligue des droits de l’homme avait alerté l’autorité sur les contenus violents diffusés sur la plateforme, sans obtenir de réponse. Ce manque de réactivité soulève des questions sur les moyens alloués à la régulation du numérique en France, où seulement 23 agents sont chargés d’appliquer le Digital Services Act européen.

Une Enquête Judiciaire en Cours

Malgré les conclusions de l’autopsie, l’enquête judiciaire se poursuit pour examiner les circonstances entourant le décès. Les autorités s’intéressent particulièrement aux conditions du marathon de streaming, qui a duré plus de 12 jours. Les privations de sommeil, le stress intense, et les possibles ingestions de substances toxiques sont autant de facteurs qui pourraient avoir aggravé l’état de santé de Jean Pormanove. Les auditions des personnes présentes lors du live, notamment Naruto et Safine, n’ont pour l’instant pas permis d’établir de lien direct avec le décès, mais leur rôle reste scruté.

En parallèle, une autre enquête, ouverte en décembre 2024, explore les accusations de violences volontaires sur personnes vulnérables. Les vidéos diffusées sur Kick montrent des scènes troublantes, où Jean Pormanove et Coudoux, une autre personne en situation de handicap, étaient soumis à des actes humiliants. Ces images, bien que présentées comme scénarisées, ont choqué par leur violence et leur caractère répétitif.

Élément d’Enquête Détails
Autopsie Cause médicale/toxicologique, absence de lésions traumatiques
Conditions du live Marathon de 298 heures, privations de sommeil, défis extrêmes
Personnes impliquées Naruto et Safine, entendus comme témoins
Régulation Saisine de l’Arcom, signalement sur Pharos

Les Réactions : Entre Émotion et Indignation

La mort de Jean Pormanove a déclenché une onde de choc sur les réseaux sociaux. Les abonnés, choqués par les images du live, ont partagé leur tristesse, mais aussi leur colère face aux contenus violents diffusés sur Kick. Certains internautes ont exhumé des vidéos où Jean Pormanove semblait exprimer son malaise, mentionnant dans un message à sa mère se sentir “séquestré” par le concept des streams. Ces révélations ont alimenté les soupçons d’une emprise exercée par ses collègues streamers.

La famille de Jean Pormanove, dévastée, a également pris la parole. Sa sœur a qualifié sa mort d’“intolérable”, tandis que sa mère a décrit un homme au “grand cœur” qui considérait ses collègues comme une seconde famille. Ces témoignages contrastent avec les images brutales diffusées en ligne, renforçant le sentiment d’une tragédie évitable.

Ce qu’il a vécu est inacceptable. Sa mort est une alerte sur les dérives du numérique.

Sœur de Jean Pormanove

Sur le plan politique, des voix s’élèvent pour demander une régulation plus stricte des plateformes. Un député a dénoncé l’“impuissance” des autorités face aux contenus extrêmes, tandis que d’autres appellent à une réforme du cadre juridique pour mieux encadrer les plateformes comme Kick. Ces réactions soulignent l’urgence de repenser la responsabilité des acteurs du numérique.

Les Enjeux du Streaming : Entre Liberté et Responsabilité

Le drame de Jean Pormanove met en lumière les zones grises du streaming en ligne. Si les plateformes comme Kick offrent une liberté créative et financière aux streamers, elles exposent aussi à des dérives graves. Les marathons de streaming, souvent motivés par des dons financiers, poussent les créateurs à repousser leurs limites physiques et mentales, parfois au détriment de leur santé. Dans le cas de Jean Pormanove, les 298 heures de diffusion continue soulèvent des questions sur les impacts de ces pratiques extrêmes.

De plus, la monétisation des contenus violents, où les spectateurs financent des actes humiliants, pose un problème éthique majeur. Ces dynamiques, alimentées par la quête de viralité, transforment des individus vulnérables en objets de spectacle, sous le regard de milliers de viewers. Ce phénomène, qualifié par certains d’économie du sordide, interroge la responsabilité des plateformes et des spectateurs eux-mêmes.

  • Privation de sommeil : Les marathons de streaming prolongés augmentent les risques pour la santé.
  • Contenus violents : Les humiliations diffusées en direct attirent un public voyeuriste.
  • Modération laxiste : Les plateformes comme Kick peinent à réguler les contenus extrêmes.
  • Responsabilité collective : Les spectateurs, via leurs dons, influencent les comportements des streamers.

Vers une Régulation Plus Stricte ?

Face à cette tragédie, les appels à une régulation accrue se multiplient. Le Digital Services Act, entré en vigueur dans l’Union européenne, impose aux plateformes numériques des obligations en matière de modération de contenu. Pourtant, l’absence d’un représentant légal de Kick en Europe complique l’application de ces règles. Les autorités françaises, via l’Arcom, promettent désormais d’agir, mais le manque de moyens humains et juridiques reste un obstacle.

Certains experts proposent des solutions concrètes, comme des limites sur la durée des streams ou des algorithmes de détection des contenus violents. D’autres insistent sur la nécessité d’éduquer les spectateurs, souvent jeunes, aux dangers de ces pratiques. En attendant, le cas de Jean Pormanove restera un symbole des excès du streaming et de l’urgence d’agir pour protéger les créateurs et leur public.

Un Héritage Tragique et une Leçon pour l’Avenir

La mort de Jean Pormanove n’est pas seulement une tragédie personnelle, mais un avertissement pour l’ensemble du secteur numérique. Elle révèle les failles d’un système où la quête de visibilité et de profit peut mener à des abus inacceptables. Si les plateformes comme Kick offrent des opportunités uniques aux créateurs, elles doivent aussi assumer leur responsabilité dans la prévention des dérives.

Pour les fans de Jean Pormanove, ce drame laisse un goût amer. Derrière l’image du streamer jovial se cachait un homme peut-être prisonnier d’un système qui exploitait sa vulnérabilité. Alors que l’enquête se poursuit, une question demeure : comment éviter qu’un tel drame se reproduise ? La réponse, complexe, repose sur une prise de conscience collective et des actions concrètes de la part des plateformes, des autorités, et des spectateurs eux-mêmes.

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