Dans un pays où l’information est un pilier de la démocratie, que se passe-t-il lorsque ceux qui la diffusent sont réduits au silence ? En Éthiopie, la récente vague d’arrestations de journalistes soulève des questions brûlantes sur l’état de la liberté de la presse. Deux figures du journalisme local, l’un animateur radio, l’autre rédacteur en chef, ont été arrêtés dans des circonstances opaques, suscitant l’indignation des défenseurs des droits humains. Cette situation, loin d’être isolée, reflète un climat de plus en plus hostile envers les médias dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Une Presse sous Pression en Éthiopie
Depuis plusieurs mois, l’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, fait face à une montée des tensions autour de la liberté d’expression. Les arrestations de professionnels des médias, souvent sans explications officielles, se multiplient, jetant une ombre sur les promesses de réformes démocratiques portées par le gouvernement actuel. Alors que des élections législatives sont prévues pour juin 2026, ces événements interrogent sur l’avenir du journalisme indépendant dans le pays.
Les Arrestations qui Font Scandale
Le 11 août, un animateur d’une émission économique diffusée sur une station de radio privée disparaît dans la capitale, Addis-Abeba. Quelques jours plus tard, il est aperçu en compagnie de policiers lors d’une perquisition de son bureau. Aucune information officielle n’a été communiquée sur les raisons de son arrestation, laissant ses collègues et proches dans l’incertitude. Cette absence de transparence alimente les soupçons d’une répression ciblée.
Deux jours après, un autre incident secoue la communauté journalistique. Le rédacteur en chef d’un quotidien respecté est enlevé à son domicile par des individus masqués. Des témoins affirment que les forces de sécurité gouvernementales sont impliquées, mais le silence des autorités persiste. Ces deux affaires, survenues à quelques jours d’intervalle, ont mis en lumière un schéma préoccupant.
Nous sommes profondément inquiets par la manière dont ces arrestations ont eu lieu et par le silence des autorités sur les motifs et les conditions de détention.
Un responsable d’une organisation de défense des journalistes
Un Contexte de Répression Croissante
Les incidents récents ne sont pas des cas isolés. Au cours des derniers mois, plusieurs journalistes ont été arrêtés, certains brièvement, d’autres pour des périodes plus longues. Par exemple, mi-avril, trois employés d’un média en ligne anglophone ont été interpellés lors d’une descente policière dans leurs locaux. Si ces derniers ont été relâchés après quelques heures, les saisies d’équipements et les interrogatoires musclés ont laissé des traces.
Ce durcissement intervient dans un contexte politique tendu. L’Éthiopie, après des décennies marquées par un régime autoritaire, avait suscité l’espoir en 2018 avec l’arrivée au pouvoir d’un Premier ministre promettant des réformes libérales. Cependant, les observateurs notent une reprise en main progressive du secteur de l’information, avec des restrictions croissantes imposées aux médias indépendants.
En 2025, l’Éthiopie se classe au 145e rang sur 180 pays dans l’indice mondial de la liberté de la presse, perdant quatre places en un an. Six journalistes sont actuellement derrière les barreaux.
Les Défis du Journalisme en Éthiopie
Travailler comme journaliste en Éthiopie est devenu un exercice d’équilibre périlleux. Les professionnels des médias doivent naviguer entre la nécessité d’informer le public et les risques d’intimidation ou d’arrestation. Les sujets sensibles, comme la politique ou les conflits internes, sont particulièrement visés. Dans ce climat, l’autocensure devient une stratégie de survie pour beaucoup.
Les organisations de défense des droits humains appellent à une mobilisation internationale pour faire pression sur le gouvernement éthiopien. Elles exigent des explications claires sur les arrestations et la libération immédiate des journalistes détenus. Mais face au mutisme des autorités, les espoirs de résolution rapide s’amenuisent.
Pourquoi la Liberté de la Presse est Cruciale
La liberté de la presse est un pilier essentiel de toute société démocratique. Sans journalistes indépendants, les abus de pouvoir, la corruption ou les violations des droits humains risquent de passer inaperçus. En Éthiopie, où les tensions politiques et sociales sont vives, le rôle des médias est d’autant plus crucial pour garantir une transparence et un débat public.
Pour mieux comprendre les enjeux, voici quelques points clés :
- Transparence : Les médias indépendants permettent de rendre des comptes au public.
- Contre-pouvoir : Ils surveillent les actions du gouvernement et dénoncent les abus.
- Pluralisme : Une presse libre garantit une diversité d’opinions et de perspectives.
En muselant les journalistes, les autorités éthiopiennes fragilisent ces principes fondamentaux, mettant en danger non seulement les professionnels des médias, mais aussi les citoyens qui dépendent de leurs informations.
Que Peut Faire la Communauté Internationale ?
Face à cette crise, les organisations internationales jouent un rôle clé. Elles peuvent amplifier les appels à la libération des journalistes et faire pression sur le gouvernement éthiopien pour qu’il respecte ses engagements en matière de droits humains. Les partenaires économiques et politiques de l’Éthiopie, notamment les pays occidentaux, ont également un levier d’influence.
Voici quelques actions possibles :
- Sanctions ciblées contre les responsables des arrestations.
- Soutien financier aux médias indépendants éthiopiens.
- Programmes de formation pour protéger les journalistes en zone à risque.
Ces initiatives, bien que complexes à mettre en œuvre, pourraient envoyer un signal fort aux autorités éthiopiennes et encourager un retour à un environnement médiatique plus libre.
Un Avenir Incertain pour les Médias Éthiopiens
Alors que l’Éthiopie se prépare pour des élections cruciales en 2026, la situation des médias reste un baromètre de la santé démocratique du pays. Les arrestations récentes, combinées à un classement alarmant en matière de liberté de la presse, dressent un tableau sombre. Pourtant, l’espoir persiste parmi les journalistes et les défenseurs des droits humains, qui continuent de se battre pour un espace d’expression libre.
La liberté de la presse n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour une société juste et transparente.
Un activiste éthiopien anonyme
En conclusion, la crise actuelle en Éthiopie met en lumière les défis auxquels font face les journalistes dans de nombreux pays. Chaque arrestation, chaque silence imposé, est un pas en arrière pour la démocratie. Mais chaque voix qui s’élève pour dénoncer ces abus est un pas vers un avenir où l’information pourra circuler librement. La communauté internationale, les citoyens et les médias eux-mêmes ont un rôle à jouer pour que la lumière l’emporte sur l’ombre.