Un silence glaçant a suivi l’interruption brutale d’un live sur la plateforme Kick. Dans la nuit du 17 au 18 août 2025, Raphaël Graven, connu sous le pseudonyme Jean Pormanove, s’est éteint sous les yeux de milliers de spectateurs. Ce drame, survenu en plein direct, a secoué la communauté en ligne et ravivé les débats sur les dérives des plateformes de streaming. Comment une telle tragédie a-t-elle pu se produire ?
Un Drame en Direct qui Interpelle
Le monde du streaming, souvent perçu comme un espace de divertissement et de créativité, a été marqué par une onde de choc sans précédent. Raphaël Graven, alias Jean Pormanove, était une figure bien connue des réseaux sociaux, rassemblant des centaines de milliers d’abonnés sur des plateformes comme TikTok, Twitch et Kick. À 46 ans, cet ancien militaire s’était forgé une réputation grâce à son style explosif, mêlant gaming, défis audacieux et interactions débridées. Mais derrière cette façade, un drame se tramait, révélé par des mois de violences filmées en direct.
Le 18 août, alors que son live marathon de plus de 12 jours battait son plein, Jean Pormanove a été retrouvé inanimé, allongé sous une couette, entouré de ses acolytes. Les images, largement partagées, montrent un autre streamer, connu sous le pseudonyme Naruto, tenter de le réveiller en vain, lançant une bouteille en plastique dans sa direction. Ces instants, capturés en direct, ont suscité une vague d’indignation et de tristesse.
Une Enquête pour Faire la Lumière
Face à cette tragédie, le parquet de Nice a immédiatement réagi en ouvrant une enquête judiciaire pour déterminer les causes du décès. Une autopsie, prévue pour le 21 août 2025, devrait apporter des réponses sur les circonstances exactes de la mort de Raphaël Graven. À ce stade, aucune piste suspecte n’a été officiellement retenue, mais les investigations se concentrent sur les sévices subis par le streamer au fil des mois.
Les autorités ont saisi des vidéos et du matériel pour analyser les contenus diffusés sur Kick. Deux figures centrales, Naruto et Safine, sont au cœur des interrogations. Ces streamers, déjà placés en garde à vue en janvier 2025 pour des soupçons de violences sur personnes vulnérables, sont désormais entendus comme témoins dans cette nouvelle enquête. Leur avocat a déclaré attendre les résultats pour clarifier les responsabilités, soulignant que les scènes violentes étaient, selon eux, des mises en scène consensuelles.
Nous attendons les résultats de l’enquête visant à déterminer l’ensemble des conditions de la mort de ‘JP’ et à identifier les responsabilités de chacun.
Avocat de Naruto
Une Vidéo Troublante Révèle l’Ampleur du Malaise
Quelques semaines avant le drame, une vidéo a refait surface, jetant une lumière crue sur les dynamiques toxiques entourant Jean Pormanove. Dans cet extrait, Naruto s’adresse directement à la caméra, évoquant la possibilité que le streamer décède en direct. Ses propos, d’une froideur déconcertante, ont choqué les internautes :
Qu’il dise face caméra, maintenant, que si demain il meurt en plein live, c’est dû à son état de santé de merde et pas à nous.
Naruto, dans une vidéo exhumée
Ces mots, prononcés avec une apparente désinvolture, prennent aujourd’hui une résonance tragique. Jean Pormanove, dans la même vidéo, répond avec une phrase qui trahit son malaise : “Ce n’est pas grave, du moment qu’en live on voit que tu m’as porté secours.” Cette archive a ravivé la colère des spectateurs, nombreux à dénoncer une maltraitance en ligne orchestrée pour attirer des vues et des dons.
Kick, une Plateforme Controversée
La plateforme Kick, créée en 2022 comme alternative à Twitch, est au cœur de la polémique. Contrairement à ses concurrents, elle se distingue par une modération permissive, attirant des créateurs de contenu bannis d’autres sites pour leurs comportements extrêmes. Avec une politique de rémunération avantageuse – reversant 95 % des revenus aux streamers contre 50 % sur d’autres plateformes – Kick a su séduire une audience jeune, avide de contenus provocateurs.
Cette liberté, toutefois, a un revers sombre. Les lives de Jean Pormanove, souvent marqués par des violences physiques et psychologiques, généraient des milliers d’euros grâce aux dons des spectateurs. Selon des sources, un compteur affiché lors du dernier live indiquait plus de 36 000 euros récoltés en 12 jours. Cette économie du sordide, comme certains la qualifient, repose sur une mécanique où les spectateurs encouragent des actes toujours plus extrêmes.
Chiffres clés :
- 298 heures : durée du dernier live de Jean Pormanove.
- 36 411 € : montant récolté via les dons des spectateurs.
- 500 000 : nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux.
Une Indignation Collective sur les Réseaux
La mort de Jean Pormanove a déclenché une tempête sur les réseaux sociaux. Les internautes, choqués par les images du live, ont exprimé leur colère face à ce qu’ils décrivent comme une torture médiatisée. Un utilisateur a écrit :
Ce pauvre homme était victime de violences physiques et psychologiques, une torture quotidienne devant des milliers de personnes. Dans une indifférence abjecte.
Utilisateur anonyme sur X
Les critiques visent non seulement les streamers impliqués, mais aussi la plateforme Kick et son absence de régulation. Certains pointent du doigt les spectateurs, accusés d’avoir alimenté ce système en finançant des contenus violents. La ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz, a réagi en dénonçant une “horreur absolue” et en saisissant l’Arcom, l’autorité de régulation des médias, pour enquêter sur les pratiques de la plateforme.
Les Limites de la Régulation en Ligne
Le drame de Jean Pormanove met en lumière les failles de la régulation des plateformes numériques. Dès décembre 2024, un média d’investigation avait alerté sur les violences subies par le streamer, entraînant une première enquête et une suspension temporaire de la chaîne incriminée. Pourtant, les diffusions ont repris, sans qu’aucune mesure durable ne soit prise.
L’Arcom, sous pression, a publié un communiqué promettant une réponse ferme. Mais pour beaucoup, cette réaction arrive trop tard. Un avocat spécialisé dans le numérique a souligné que les plateformes comme Kick, bien que soumises au Digital Services Act européen, échappent souvent à des sanctions immédiates en raison de la complexité des procédures judiciaires.
Plateforme | Taux de rémunération | Niveau de modération |
---|---|---|
Kick | 95 % | Permissif |
Twitch | 50 % | Stricte |
Un Système qui Exploite la Vulnérabilité
Le cas de Jean Pormanove soulève une question cruciale : comment des individus vulnérables peuvent-ils être exploités au nom du divertissement ? Les lives du streamer, souvent qualifiés de “trash”, mettaient en scène des actes de violence sous couvert de défis ou de provocations. Pourtant, des témoignages révèlent que Raphaël Graven se sentait parfois séquestré dans ce système, comme en atteste un message envoyé à sa mère : “Je me sens séquestré avec leur concept de merde.”
Ce sentiment d’emprise, couplé à une dépendance financière – les streamers pouvaient gagner jusqu’à 6 000 euros par mois – a piégé Jean Pormanove dans un engrenage toxique. Les spectateurs, par leurs dons et leurs commentaires, jouaient un rôle actif, encourageant des comportements toujours plus extrêmes.
Vers une Prise de Conscience Collective ?
La mort de Jean Pormanove pourrait marquer un tournant dans la manière dont les plateformes de streaming sont perçues et régulées. Les appels à une modération plus stricte se multiplient, tout comme les demandes de sanctions contre les responsables. La plateforme Kick a annoncé avoir banni les streamers impliqués dans l’attente des résultats de l’enquête, mais pour beaucoup, cette mesure est insuffisante.
Le drame a également suscité des hommages émouvants. Des figures comme le rappeur Drake et le streamer Adin Ross ont exprimé leur volonté de prendre en charge les funérailles, signe de l’impact de Jean Pormanove au-delà des frontières françaises. Mais au-delà des gestes de solidarité, c’est une réflexion profonde sur la responsabilité des plateformes, des créateurs et des spectateurs qui s’impose.
Points clés à retenir :
- Jean Pormanove, 46 ans, est mort en direct sur Kick le 18 août 2025.
- Une enquête judiciaire est en cours pour déterminer les causes du décès.
- La plateforme Kick est critiquée pour sa modération permissive.
- Une vidéo troublante, exhumée récemment, montre des propos choquants sur la mort possible du streamer.
- Les réseaux sociaux appellent à une régulation plus stricte des contenus en ligne.
Un Avertissement pour l’Avenir
Ce drame, aussi tragique qu’il soit, doit servir de signal d’alarme. Les plateformes comme Kick, en quête de succès commercial, ne peuvent ignorer leur responsabilité dans la diffusion de contenus violents. Les spectateurs, eux, doivent s’interroger sur leur rôle dans cette spirale de voyeurisme numérique. Quant aux autorités, elles sont appelées à renforcer les mécanismes de régulation pour protéger les individus vulnérables.
La mort de Jean Pormanove n’est pas qu’un fait divers. Elle révèle les dérives d’un système où la quête d’audience et d’argent peut mener à l’impensable. Alors que l’enquête suit son cours, une question demeure : ce drame marquera-t-il la fin d’une ère de permissivité sur les plateformes de streaming, ou ne sera-t-il qu’un tragique épisode parmi d’autres ?