Le géant français de l’informatique Atos traverse une période noire. Englué dans une crise financière depuis près de 3 ans, le groupe vient d’essuyer un nouveau coup dur avec la démission fracassante de David Layani, président de Onepoint et membre du conseil d’administration d’Atos. Dans la foulée, Onepoint, pourtant premier actionnaire du groupe, a annoncé vouloir se retirer totalement du capital. Des annonces chocs qui plongent un peu plus Atos dans la tourmente.
Atos en pleine tempête
Depuis l’annonce mercredi du retrait surprise du consortium mené par Onepoint, qui avait pourtant été choisi le 11 juin pour reprendre Atos, c’est la consternation. Ce revirement inattendu laisse le champ libre au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, initialement écarté, pour revenir dans la course.
La démission de David Layani et d’Helen Lee Bouygues, représentants de Onepoint au conseil d’administration, acte la rupture entre les deux entités. Onepoint possède plus de 11% du capital d’Atos, mais semble avoir perdu confiance dans la capacité du groupe à se redresser.
Un avenir en pointillé
Car Atos est bel et bien en crise. Malgré son statut historique de fleuron tricolore et ses activités stratégiques dans la défense ou la dissuasion nucléaire, le groupe croule sous une dette abyssale de près de 5 milliards d’euros. Sa valorisation boursière a fondu comme neige au soleil pour tomber à environ 1 euro l’action.
Atos va être un pilier technologique des JO de Paris cet été, et son avenir revêt également une forte dimension politique.
Un proche du dossier
Pour tenter de sauver les meubles, la direction a annoncé en février une procédure de restructuration et un besoin urgent de plus d’1 milliard d’euros de liquidités. Mais le retrait de Onepoint et l’absence d’offre de reprise solide font craindre le pire. L’État, qui souhaite préserver les activités sensibles d’Atos, pourrait être tenté d’intervenir. Mais le temps presse.
Les raisons de la chute
Comment en est-on arrivé là ? Erreurs stratégiques, perte de gros contrats, concurrence féroce des géants américains du cloud… Les analystes pointent de multiples facteurs pour expliquer ce déclin précipité :
- Échec de la stratégie de diversification tous azimuts
- Retard dans la transformation digitale et le virage du cloud
- Poids colossal de la dette bridant les investissements
- Perte de confiance des investisseurs et clients
Certains évoquent aussi des choix de gouvernance discutables et un manque de vision long terme. Reste que le départ précipité de Onepoint et de ses représentants est un signal inquiétant sur l’état réel du groupe et ses perspectives.
Quel repreneur pour quel avenir ?
Avec le retrait de Onepoint, les candidats à la reprise d’Atos se font rares. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, via son fonds Vesa Equity Investment, reste en embuscade. Mais son projet pour Atos semble flou et centré sur un démantèlement du groupe.
L’État, soucieux de préserver un acteur technologique stratégique pour la France, hésite à monter au créneau. L’hypothèse d’une nationalisation partielle, notamment des activités de cybersécurité (BDS) et du supercalculateur (Bull), est évoquée. Mais elle ne résoudrait pas tous les problèmes d’un groupe qui doit urgemment se réinventer pour survivre dans un secteur en pleine mutation.
Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir d’Atos et de ses 110 000 salariés. Après la défection de Onepoint, le compte à rebours est lancé pour trouver un repreneur crédible, acceptable par l’État, et porteur d’un vrai projet industriel. Une équation complexe qui pourrait précipiter le démantèlement d’un champion national. La tech tricolore retient son souffle.