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Gemini : Les Winklevoss Pariés sur les Marchés Publics

Gemini, l'exchange des Winklevoss, vise une IPO malgré 282M$ de pertes. Pari risqué ou coup de génie sur un marché crypto en ébullition ?

Imaginez un pari audacieux : une entreprise crypto, en pleine vague d’enthousiasme pour les actifs numériques, décide de se lancer sur les marchés publics malgré des pertes financières colossales. C’est l’histoire de Gemini, l’exchange fondé par les jumeaux Winklevoss, qui fait les gros titres avec son projet d’introduction en bourse (IPO). Alors que le secteur des cryptomonnaies gagne en légitimité, ce mouvement soulève une question brûlante : les investisseurs seront-ils séduits par cette ambition ou refroidis par les chiffres alarmants ? Plongeons dans cette aventure financière où risque et opportunité se côtoient.

Gemini : un pari risqué sur la vague crypto

Le monde des cryptomonnaies est en pleine effervescence. Depuis plusieurs mois, les introductions en bourse d’entreprises du secteur, comme celles de Circle et Bullish, captent l’attention des investisseurs. Gemini, fondé en 2014 par Tyler et Cameron Winklevoss, veut s’inscrire dans cette dynamique. L’exchange, qui ambitionne de devenir le troisième acteur crypto coté en bourse aux États-Unis, a déposé son dossier d’IPO auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission) en juin, avec une annonce publique le 15 août 2025. Mais ce projet ambitieux est terni par une réalité financière préoccupante.

Les documents déposés révèlent une situation délicate : pour les six premiers mois de 2025, Gemini affiche une perte nette de 282,5 millions de dollars sur un chiffre d’affaires de 68,6 millions. À titre de comparaison, l’année précédente, sur la même période, les pertes s’élevaient à 41,4 millions pour un revenu de 74,3 millions. Cette chute brutale interroge sur la viabilité du modèle économique de l’entreprise dans un marché pourtant en pleine croissance.

La question pour les investisseurs est de savoir si Gemini peut se démarquer dans un secteur dominé par des géants comme Coinbase, et ce que l’entreprise propose d’unique.

Michael Ashley Schulman, CIO chez Running Point Capital

Un contexte favorable malgré les pertes

Pourquoi Gemini choisit-il ce moment précis pour se lancer en bourse ? La réponse réside dans l’évolution du contexte réglementaire et l’appétit croissant des investisseurs pour les actifs numériques. Depuis le retour de l’administration Trump, le secteur crypto bénéficie d’un environnement plus clément. La signature du GENIUS Act, qui établit un cadre réglementaire pour les stablecoins, a renforcé la confiance des acteurs du marché. Ce texte législatif donne une légitimité accrue aux plateformes comme Gemini, qui émettent leur propre stablecoin, le Gemini Dollar (GUSD), indexé sur le dollar américain.

De plus, les récents succès d’IPO dans le secteur crypto alimentent l’optimisme. Circle, émetteur du stablecoin USDC, a vu son cours de bourse tripler lors de son introduction en juin, tandis que Bullish a enregistré une hausse de 83,8 % dès son premier jour de cotation. Ces performances impressionnantes montrent que les investisseurs sont prêts à parier sur des entreprises crypto, même dans un marché volatile.

Chiffres clés de l’IPO de Gemini

  • Ticker : GEMI (Nasdaq)
  • Pertes H1 2025 : 282,5 millions $
  • Revenus H1 2025 : 68,6 millions $
  • Banques partenaires : Goldman Sachs, Citigroup, Morgan Stanley
  • Objectif des fonds : Opérations générales, remboursement de dettes

Les Winklevoss : une réputation à double tranchant

Tyler et Cameron Winklevoss ne sont pas des nouveaux venus dans le monde de la finance et de la technologie. Connus pour leur rôle controversé dans la genèse de Facebook, les jumeaux ont bâti une réputation de visionnaires audacieux. Leur implication précoce dans le Bitcoin, dès 2013, a fait d’eux des figures emblématiques du secteur crypto. Mais cette notoriété pourrait-elle suffire à convaincre les investisseurs face à des résultats financiers aussi préoccupants ?

Leur stratégie repose sur une vision à long terme : intégrer les cryptomonnaies dans le courant dominant de la finance. Gemini, avec ses services d’échange, de garde et ses produits blockchain comme le GUSD, se positionne comme un acteur diversifié. Pourtant, les pertes croissantes et la diminution des réserves de liquidités (de 341,5 millions fin 2024 à 161,9 millions mi-2025) soulignent une urgence à lever des fonds.

Un modèle économique sous pression

Comment une entreprise opérant dans un marché crypto en pleine expansion peut-elle enregistrer des pertes aussi importantes ? La réponse réside dans plusieurs facteurs. Tout d’abord, la concurrence est féroce. Des plateformes comme Coinbase dominent le marché américain, tandis que des acteurs internationaux comme Binance attirent une clientèle mondiale. Gemini semble perdre des parts de marché, comme le souligne un utilisateur sur les réseaux sociaux :

Gemini doit être désespéré pour lancer une IPO avec de tels résultats, alors que le marché crypto est en croissance.

Utilisateur anonyme sur X, août 2025

Ensuite, les coûts opérationnels élevés, notamment liés à la conformité réglementaire, pèsent lourdement. Gemini opère dans plus de 60 pays et doit naviguer dans des cadres juridiques complexes, comme la BitLicense à New York, qui limite certaines de ses activités, comme le staking. Enfin, la transition de la plupart de ses utilisateurs vers une nouvelle entité basée en Floride, Moonbase, pourrait refléter une stratégie pour contourner ces contraintes, mais elle ajoute une couche de complexité opérationnelle.

Les atouts de Gemini : stablecoins et diversification

Malgré ces défis, Gemini dispose de plusieurs atouts. Son stablecoin, le GUSD, bénéficie de la récente clarté réglementaire apportée par le GENIUS Act. Ce cadre législatif pourrait stimuler l’adoption des stablecoins, un segment en pleine croissance. De plus, Gemini a élargi son offre avec des produits innovants, comme des actions tokenisées en Europe, disponibles 24/7 sur la blockchain Arbitrum d’Ethereum. Ces initiatives montrent une volonté de diversifier ses revenus au-delà du simple trading.

Un récent accord de crédit avec Ripple, d’un montant initial de 75 millions de dollars (extensible à 150 millions), payable en RLUSD (le stablecoin de Ripple), illustre également cette stratégie d’expansion. Bien que cet accord n’ait pas encore été activé, il témoigne de la confiance de partenaires majeurs dans le potentiel de Gemini.

Indicateur 2024 H1 2025
Revenus 142,2 M$ 68,6 M$
Pertes nettes 158,5 M$ 282,5 M$
Réserves de liquidités 341,5 M$ 161,9 M$

Un momentum crypto à saisir

Le timing de l’IPO de Gemini n’est pas anodin. Le marché crypto connaît une phase d’institutionnalisation sans précédent. Coinbase a intégré le S&P 500 en 2025, une première pour une entreprise blockchain, tandis que des ETF crypto attirent des flux massifs. L’administration Trump, avec des mesures comme l’interdiction des pratiques de debanking visant les entreprises crypto, renforce cet élan.

Pour Gemini, l’IPO représente une opportunité de lever des fonds pour stabiliser ses finances et investir dans de nouveaux produits. Mais les investisseurs seront-ils prêts à parier sur une entreprise en difficulté dans un secteur aussi compétitif ? La réponse dépendra de la capacité des Winklevoss à convaincre Wall Street de leur vision à long terme.

Les défis à venir pour Gemini

Le chemin vers une IPO réussie est semé d’embûches. Tout d’abord, Gemini devra démontrer qu’il peut réduire ses pertes et regagner des parts de marché. La concurrence avec Coinbase, qui bénéficie d’une position dominante et d’une rentabilité plus stable, sera un défi majeur. De plus, la volatilité du marché crypto reste une menace constante, même dans un contexte réglementaire favorable.

Enfin, la structure à double classe d’actions, qui donne un contrôle majoritaire aux Winklevoss via des actions de classe B à dix votes chacune, pourrait freiner certains investisseurs institutionnels. Cette gouvernance, bien que courante dans les entreprises tech, peut être perçue comme un frein à la transparence.

Une opportunité historique ?

En dépit des pertes, l’IPO de Gemini pourrait marquer un tournant pour l’industrie crypto. Si les Winklevoss parviennent à tirer parti de l’enthousiasme actuel, leur exchange pourrait devenir un acteur clé des marchés publics. Leur réputation, combinée à des produits innovants comme le GUSD et les actions tokenisées, pourrait séduire les investisseurs en quête d’exposition au secteur crypto.

Mais le pari reste risqué. Les chiffres financiers actuels de Gemini sont un signal d’alarme, et la réussite de l’IPO dépendra de la capacité de l’entreprise à démontrer un potentiel de croissance durable. Alors que le secteur crypto continue d’évoluer, tous les yeux sont tournés vers les Winklevoss pour voir s’ils transformeront ce pari audacieux en succès retentissant.

En résumé : Gemini mise sur une IPO pour redresser ses finances, mais les pertes massives et la concurrence féroce posent des défis majeurs. Le contexte réglementaire favorable et l’élan du marché crypto pourraient cependant jouer en sa faveur.

Le futur de Gemini repose sur un équilibre délicat entre ambition et réalisme. Les Winklevoss, avec leur flair pour les opportunités, pourraient bien surprendre Wall Street. Mais une chose est sûre : dans le monde imprévisible des cryptomonnaies, rien n’est jamais garanti.

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