La Birmanie est une nouvelle fois au cœur de l’actualité internationale, et pour les plus sombres raisons. Les États-Unis ont en effet exprimé mardi leur vive inquiétude quant à de possibles « nouvelles atrocités » qui pourraient être commises dans le pays, notamment à l’encontre de la minorité rohingya. Un constat alarmant qui intervient alors que la violence s’intensifie dans l’État de Rakhine, dans l’ouest du pays, depuis la rupture en novembre dernier d’un cessez-le-feu par l’armée d’Arakan.
Les Rohingyas, cibles récurrentes d’exactions
Pour comprendre la gravité de la situation, il faut avoir en tête le lourd passif de persécutions subies par la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie. En 2017, une répression militaire d’une violence inouïe a contraint des centaines de milliers d’entre eux à fuir au Bangladesh voisin. Des actes qualifiés de génocide par l’ONU.
Les actes de génocide et autres crimes contre l’humanité commis par l’armée à l’encontre des Rohingyas (…) mettent en évidence les graves dangers auxquels sont exposés les civils.
– Déclaration du Département d’État américain
Un risque de nouvelles atrocités « particulièrement élevé »
Et la situation est loin de s’apaiser. Au contraire, la recrudescence des affrontements dans l’État de Rakhine depuis novembre fait craindre le pire aux observateurs internationaux. Pour le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, le risque que de nouveaux crimes soient perpétrés est actuellement « particulièrement élevé ».
L’armée birmane est pointée du doigt, accusée d’attiser sciemment les tensions intercommunautaires entre les ethnies Rakhine et Rohingya. Une manœuvre qui pourrait servir de prélude à de nouvelles exactions de masse.
La communauté internationale en alerte
Face à cette situation explosive, les États-Unis ont appelé l’armée birmane et tous les acteurs armés à protéger les populations civiles. Washington a également exhorté ses partenaires régionaux à offrir une protection aux personnes fuyant les violences, visant implicitement le Bangladesh qui craint un nouvel afflux de réfugiés rohingyas.
Près d’un million de Rohingyas ont déjà trouvé refuge dans des camps au Bangladesh après avoir fui la répression militaire de 2017 en Birmanie. Le pays, l’un des plus pauvres au monde, peine à supporter ce fardeau humanitaire.
Un pays en proie au chaos depuis le coup d’État de 2021
Cette crise s’inscrit dans le contexte de chaos qui règne en Birmanie depuis le coup d’État militaire de février 2021. La junte au pouvoir mène une répression sanglante contre toute opposition, plongeant le pays dans une spirale de violence.
Aux persécutions contre les Rohingyas s’ajoutent les affrontements quotidiens entre l’armée et les mouvements de résistance pro-démocratie ainsi que les rébellions ethniques. Un engrenage qui semble sans fin et qui laisse peu d’espoir d’une résolution pacifique à court terme.
La communauté internationale, États-Unis en tête, se doit de maintenir la pression sur la junte birmane pour prévenir de nouvelles atrocités. Mais dans un pays miné par les conflits et refermé sur lui-même, la tâche s’annonce ardue. Les civils, et en premier lieu les Rohingyas, risquent hélas de payer le prix fort de l’instabilité chronique qui mine la Birmanie.