Saviez-vous que la prochaine grande conférence mondiale sur le climat se tiendra au cœur de l’Amazonie, dans une ville où la forêt rencontre l’urbanité ? À trois mois de la COP30, prévue du 10 au 21 novembre 2025 à Belem, le Brésil s’apprête à accueillir des milliers de délégués dans un contexte inédit. Ce choix audacieux, porté par le président Lula, ne se contente pas de placer l’Amazonie sous les projecteurs : il redéfinit les priorités de la lutte contre le changement climatique. Dans cet article, nous explorons pourquoi cette COP pourrait marquer un tournant, entre un agenda axé sur l’action concrète et une volonté d’inclure les voix marginalisées.
Belem : Un Symbole Puissant pour la COP30
Organiser une conférence d’une telle envergure à Belem, ville portuaire de 1,3 million d’habitants, est un pari audacieux. Loin des métropoles habituelles comme Dubaï ou Charm el-Cheikh, Belem incarne un message fort : la lutte contre le changement climatique doit s’ancrer dans les territoires les plus touchés par ses effets. Située aux portes de l’Amazonie, cette ville symbolise à la fois la richesse de la biodiversité et les défis de l’urbanisation dans un pays marqué par les inégalités.
Le président de la COP30, André Correa do Lago, insiste sur cette dimension symbolique. Dans une lettre adressée aux délégués, il décrit Belem comme un lieu où les voix des peuples marginalisés – populations autochtones, communautés déplacées, acteurs locaux – trouveront une place centrale. Cette ambition contraste avec les COP précédentes, souvent critiquées pour leur caractère élitiste.
Un Agenda d’Action : Moins de Promesses, Plus de Résultats
Contrairement aux éditions précédentes, la COP30 ne cherchera pas à établir de nouveaux engagements contraignants. Face à un certain recul de l’ambition climatique dans plusieurs pays, le Brésil propose une approche pragmatique : un agenda de l’action. Cet agenda se concentre sur la mise en œuvre d’engagements existants, en évaluant 30 objectifs clés, comme la sortie progressive des énergies fossiles.
“Nous prenons ce qui a déjà été décidé par consensus par les pays. Mais pour la mise en œuvre, nous n’avons pas besoin de consensus : certains pays prendront une direction, d’autres une autre.”
André Correa do Lago, président de la COP30
Cette approche vise à transformer les promesses en résultats tangibles. Par exemple, plus de 400 initiatives lancées depuis 2021 dans le cadre de cet agenda seront analysées pour identifier ce qui fonctionne et éviter de “réinventer la roue”. Cette focalisation sur l’action concrète répond à une frustration croissante : dix ans après l’Accord de Paris, les progrès restent trop lents pour beaucoup.
Inclusivité : Donner la Parole aux Invisibles
La COP30 se veut différente par son ambition d’inclusivité. Le Brésil souhaite accueillir une diversité de participants, des scientifiques aux entrepreneurs, en passant par les représentants des petits États insulaires et des communautés locales. Cette volonté s’inscrit dans une vision plus large : faire de la conférence un espace où les voix souvent ignorées dans les négociations internationales sont entendues.
Pour illustrer cette diversité, Belem reflète les contrastes du Brésil : une société riche en cultures, confrontée à des défis comme la pauvreté et les inégalités, mais aussi dotée d’une expertise scientifique et économique de premier plan. Comme le souligne Correa do Lago, “le Brésil est un monde en miniature”, capable de représenter les enjeux globaux du climat.
Les objectifs clés de l’inclusivité à la COP30
- Amplifier les voix des populations autochtones et marginalisées.
- Encourager la participation des petits États insulaires menacés par la montée des eaux.
- Impliquer les acteurs non étatiques, comme les entreprises et les ONG.
- Créer un espace de dialogue entre science, politique et société civile.
Les Défis Logistiques : Un Obstacle à Surmonter
Organiser la COP30 à Belem n’est pas sans défis. La ville manque d’infrastructures comparée à d’autres capitales mondiales, notamment en matière de logements abordables. Cette pénurie pourrait limiter la participation de certaines délégations, notamment celles des petits États insulaires, qui dénoncent des coûts prohibitifs.
“Nous ne pouvons pas imaginer une COP plus petite à cause des problèmes de logement. Nous devons obtenir des chambres et nous faisons tout ce qui est possible pour cela.”
André Correa do Lago
Pour répondre à ce problème, les organisateurs explorent des solutions comme la mobilisation de logements temporaires et des partenariats avec le secteur privé. L’enjeu est crucial : une COP moins inclusive risquerait de perdre en légitimité, ce qui irait à l’encontre des ambitions brésiliennes.
Énergies Fossiles : Un Débat Brûlant au Cœur du Brésil
La COP28, en 2023, s’est conclue sur un accord historique pour abandonner progressivement les énergies fossiles. À Belem, la COP30 ne fixera pas d’horizons précis pour le pétrole ou le gaz, mais encouragera des actions spécifiques par pays et secteurs. Ce choix reflète une réalité complexe : chaque nation avance à son rythme dans la transition énergétique.
Le cas du Brésil est particulièrement intéressant. Champion des énergies renouvelables, le pays est aussi un producteur majeur de pétrole, avec des projets d’exploration controversés près de l’embouchure de l’Amazone. Ce paradoxe alimente un débat national intense, qui résonne à l’échelle mondiale.
“Ce débat à l’intérieur du Brésil est très important. Et c’est un débat qui bien entendu intéresse tout le monde.”
Président de la COP30
En plaçant ce débat au cœur de la COP30, le Brésil ne cherche pas à imposer une solution unique, mais à encourager des engagements volontaires. Les entreprises, par exemple, pourraient jouer un rôle clé en adoptant des pratiques plus durables, même si les gouvernements peinent à s’accorder.
Pourquoi la COP30 Peut Changer la Donne
La COP30 arrive à un moment charnière. Dix ans après l’Accord de Paris, la frustration face à la lenteur des progrès climatiques est palpable. En misant sur l’action plutôt que sur de nouvelles promesses, le Brésil propose une vision pragmatique, mais ambitieuse. En parallèle, l’accent mis sur l’inclusivité pourrait redonner une légitimité aux négociations climatiques, souvent perçues comme déconnectées des réalités locales.
Belem, avec ses défis logistiques et sa richesse symbolique, incarne cette volonté de rapprocher la lutte climatique des populations. Si les organisateurs parviennent à surmonter les obstacles, cette conférence pourrait devenir un modèle pour les futures COP, en montrant qu’il est possible de conjuguer action concrète et justice sociale.
Priorités de la COP30 | Impact attendu |
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Agenda de l’action | Mesurer et accélérer la mise en œuvre des engagements climatiques. |
Inclusivité | Donner la parole aux communautés marginalisées et diversifier les participants. |
Symbolisme de Belem | Ancrer les négociations dans un territoire clé pour la biodiversité. |
Vers une Nouvelle Dynamique Climatique
La COP30 à Belem ne sera pas une conférence comme les autres. En plaçant l’action et l’inclusivité au centre, le Brésil tente de redonner un souffle nouveau à la lutte contre le changement climatique. Si les défis logistiques sont surmontés, cette conférence pourrait marquer un tournant, en montrant que l’action climatique peut être à la fois pragmatique et équitable.
En attendant novembre 2025, les regards se tournent vers Belem. Cette ville, à la croisée des chemins entre tradition et modernité, pourrait bien devenir le symbole d’une nouvelle ère pour le climat. Reste à savoir si les promesses d’action se traduiront en résultats concrets, et si les voix des invisibles seront enfin entendues.