« Le racisme anti-blanc n’existe pas. » Cette phrase choc prononcée par le chroniqueur Gilles Verdez sur Europe 1 a fait l’effet d’une bombe dans le paysage médiatique français. Qualifiant cette assertion de « vérité scientifique », soutenue par « toutes les sciences sociales », le polémiste a ravivé un débat aussi ancien que passionnel. Car si la question du racisme anti-blanc déchaîne régulièrement les passions, elle peine à trouver un consensus au sein de la société. Entre ceux qui nient son existence et ceux qui affirment en être victimes, la vérité se situerait-elle dans un entre-deux ? Décryptage d’un sujet qui divise.
Le racisme anti-blanc, un concept controversé
Avant toute chose, il convient de rappeler que le concept même de « racisme anti-blanc » ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique. Comme l’a souligné Gilles Verdez, de nombreux chercheurs en sciences sociales réfutent la possibilité d’un racisme « systémique » à l’encontre des populations blanches, historiquement dominantes dans les sociétés occidentales :
Il ne peut pas y avoir un racisme contre le peuple ou la race dominante, ça ne peut pas être un racisme systémique. Le peuple qui a colonisé, oppressé, ne peut pas être victime de racisme.
– Gilles Verdez
Selon cette vision, le racisme serait intrinsèquement lié aux rapports de domination et ne pourrait donc s’exercer qu’à l’encontre des groupes minoritaires et/ou historiquement opprimés. Une approche contestée par d’autres experts, pour qui le racisme, en tant que idéologie basée sur la croyance en une hiérarchie entre les races, peut théoriquement viser n’importe quel groupe, y compris celui des blancs.
Racisme et rapport de pouvoir
Si la question de l’existence du racisme anti-blanc reste sujette à caution dans le monde universitaire, force est de constater que les actes hostiles envers les personnes blanches sont une réalité indéniable. Agressions physiques, insultes, discriminations : les témoignages de victimes se multiplient, sans pour autant faire l’objet d’une large couverture médiatique. Une situation que dénoncent certains militants anti-racistes, pour qui la lutte contre les préjugés doit être universelle :
Il y a des agressions contre les blancs, il y a des attaques contre les blancs, ça ne peut pas être du racisme.
– Gilles Verdez
Pour autant, peut-on réellement parler de « racisme » lorsque ces exactions sont le fait d’individus issus de groupes minoritaires, ne disposant pas d’un réel pouvoir institutionnel ? C’est toute la complexité du débat, qui interroge le lien entre racisme et rapport de domination.
Un tabou français ?
Au-delà des controverses scientifiques, force est de constater que le sujet du racisme anti-blanc reste largement tabou dans le débat public hexagonal. Souvent assimilée à un argument d’extrême-droite, voire à une forme de racisme inversé, la question peine à émerger sereinement dans les médias grand public. Un écueil que regrettent de nombreux citoyens, pour qui la lutte antiraciste ne doit souffrir d’aucun angle mort :
En France, il est devenu très difficile de parler des actes anti-blancs sans être immédiatement catalogué comme facho ou réac’. C’est une forme de déni qui nuit au combat contre le racisme.
– Témoignage anonyme
Dès lors, comment avancer sur ces questions sans tomber dans les caricatures et la victimisation ? En abordant le sujet avec honnêteté et nuance, plaident les experts. Car s’il est essentiel de déconstruire le mythe d’un racisme d’État anti-blanc, il est tout aussi crucial de prendre en compte la souffrance des victimes, quelle que soit leur couleur de peau. Un équilibre subtil, mais nécessaire pour faire avancer le débat.
Vers une approche universaliste
In fine, les propos de Gilles Verdez ont le mérite de mettre en lumière la complexité du débat sur le racisme anti-blanc. Si l’existence d’un racisme systémique envers la population majoritaire reste sujette à caution, les actes hostiles subis par des individus blancs sont une réalité indéniable. Dès lors, ne faudrait-il pas dépasser l’approche clivante « racisme anti-blanc vs racisme anti-minorités », pour embrasser une vision universaliste de la lutte anti-raciste ?
Le combat anti-raciste ne doit pas opposer les victimes entre elles, mais au contraire les rassembler dans un même élan vers l’égalité et la fraternité. Quelle que soit notre couleur de peau, nous sommes tous concernés.
– Anonyme
Car au fond, c’est bien de notre capacité à penser le racisme comme un phénomène global, touchant potentiellement chaque individu dans sa singularité, que dépendra la réussite du projet antiraciste. Un défi immense, mais impératif pour faire advenir une société plus juste et apaisée.