À quelques jours du premier tour des élections législatives anticipées, la tension monte dangereusement à Lyon. Le maire écologiste Grégory Doucet a tiré la sonnette d’alarme ce jeudi en conseil municipal, demandant des renforts policiers d’urgence au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. En cause : des risques d’affrontements entre groupes radicaux d’ultradroite et d’ultragauche, qui pourraient venir perturber le scrutin du 30 juin dans la capitale des Gaules.
Lyon, épicentre des extrêmes
Les récents renseignements font en effet état d’une forte mobilisation des mouvances les plus radicales en vue du premier tour des législatives. Historiquement, Lyon constitue un terrain d’affrontement privilégié entre ces deux bords antagonistes, qui disposent chacun d’une solide implantation locale.
Du côté de l’ultradroite, le groupuscule identitaire “Les Remparts”, descendant de Génération Identitaire, a été dissous la semaine dernière par le gouvernement, tout comme sa salle de boxe et son bar associés. Une décision qui pourrait attiser les braises et pousser ses militants à en découdre dans la rue.
Nous n’abaisserons pas notre vigilance pour autant à Lyon car nous savons que la violence peut resurgir.
Grégory Doucet, maire EELV de Lyon
L’ultragauche en embuscade
En face, les antifas et l’ultragauche fourbissent aussi leurs armes. Une manifestation “contre l’extrême droite” est prévue vendredi dans le centre-ville, laissant craindre une opposition frontale avec les identitaires. D’autant que le contexte national de poussée du Rassemblement National dans les sondages contribue à électriser les esprits.
Pour le maire Grégory Doucet, cette situation explosive ne doit pas mettre en péril l’expression démocratique :
J’ai sollicité un appui renforcé des forces de police nationale auprès du ministre de l’Intérieur après que ce dernier a révélé que le renseignement pointe de possibles troubles à l’ordre public. Rien ne doit entraver la démocratie dans notre ville.
Grégory Doucet, maire EELV de Lyon
La préfecture agacée
Un courrier a aussi été adressé place Beauvau par le maire écologiste, provoquant l’agacement de la préfecture qui y voit une “polémique politique à la veille des élections”. Les services de l’État assurent néanmoins qu’un dispositif “renforcé et adapté” sera déployé dimanche, avec des compagnies de CRS supplémentaires.
Ce vendredi, les forces de l’ordre devront aussi gérer en parallèle un rassemblement en hommage à Nahel, jeune homme tué il y a un an par un policier à Nanterre. Autant de foyers de tension potentiels à sécuriser pour permettre un déroulement serein du scrutin législatif.
Le spectre des violences
Les craintes d’embrasement à Lyon font écho aux récentes tensions électorales dans d’autres villes. Des heurts avaient notamment éclaté à Rennes et Nantes lors de la présidentielle 2022 entre militants radicaux des deux bords. Le scrutin législatif anticipé, sur fond de crise sociale et politique, pourrait à nouveau servir de détonateur.
Face à ces risques, la vigilance est de mise côté police comme au sein de la majorité écologiste lyonnaise. Le maintien de l’ordre public sera un enjeu crucial dimanche pour permettre à chaque électeur d’aller voter en toute sérénité. Sous peine de voir le climat délétère national s’inviter dans les isoloirs lyonnais.