Imaginez un paysage où les collines verdoyantes se transforment en brasiers incontrôlables, où le ciel s’obscurcit sous un voile de fumée, et où des villages entiers doivent être évacués face à la menace imminente des flammes. C’est la réalité à laquelle l’Albanie fait face en ce mois d’août 2025, frappée par une vague de chaleur impitoyable. Les incendies, attisés par des températures dépassant les 41°C et des vents violents, mettent à rude épreuve les équipes de secours et les habitants, qui luttent pour protéger leurs terres et leurs foyers.
Une Crise Alimentée par la Chaleur et le Vent
Depuis le début de l’été, l’Albanie est aux prises avec une série d’incendies dévastateurs. En seulement quelques semaines, 33 735 hectares de terres ont été réduits en cendres, selon les données du Système européen d’information sur les incendies forestiers. Cette catastrophe naturelle, exacerbée par des conditions climatiques extrêmes, a mobilisé des centaines de soldats, de pompiers et même des moyens aériens internationaux pour tenter de contenir les flammes. Mais face à des vents puissants et des températures record, la bataille est loin d’être gagnée.
Polican : Un Épicentre sous Pression
La région de Polican, située à environ 120 kilomètres au sud de la capitale Tirana, est l’une des zones les plus touchées. Depuis dimanche, les flammes se sont dangereusement rapprochées de plusieurs villages, notamment Plirëz et Mbrakull, transformant les collines environnantes en un spectacle de désolation. La proximité d’une ancienne usine d’armement rend la situation encore plus préoccupante, les autorités craignant des complications supplémentaires en cas de propagation du feu à cette zone sensible.
Face à cette menace, des mesures d’urgence ont été prises. Une maison de retraite a été évacuée, tout comme six familles résidant à proximité des foyers d’incendie. Les autorités locales ont assuré que la situation dans cette zone était sous contrôle lundi, mais la vigilance reste de mise.
La situation est critique, mais nos équipes travaillent sans relâche pour protéger les habitants et limiter les dégâts.
Ministère de la Défense albanais
Finiq et Leshnica : Le Sud en Péril
Plus au sud, près de la station balnéaire de Saranda, la commune de Finiq est également en proie aux flammes. Une dizaine de personnes ont dû être évacuées, tandis que les pompiers luttent contre plusieurs foyers toujours actifs. À Leshnica, la situation est encore plus dramatique : plusieurs maisons ont été détruites ou endommagées dimanche, et les incendies continuent de faire rage. Ces événements rappellent à quel point les zones rurales, souvent isolées, sont vulnérables face à de telles catastrophes.
Les habitants de ces régions, souvent attachés à leurs terres, se retrouvent démunis face à la rapidité avec laquelle les flammes se propagent. Les récits de familles contraintes de quitter leurs foyers en urgence suscitent une vague de solidarité, mais aussi des interrogations sur la capacité des autorités à gérer une crise d’une telle ampleur.
Une Mobilisation Internationale Impressionnante
Pour faire face à l’ampleur des incendies, l’Albanie a mobilisé des ressources considérables. Près de 800 soldats ont été déployés en 24 heures à travers le pays pour prêter main-forte aux pompiers. Mais la lutte ne se limite pas aux forces nationales. Des hélicoptères et bombardiers d’eau en provenance des Émirats arabes unis, de la République tchèque, de la Slovaquie, de la Croatie et de la Grèce sont venus renforcer les efforts. Ces appareils, capables de larguer des milliers de litres d’eau sur les zones en feu, jouent un rôle crucial dans la maîtrise des incendies.
Fait marquant : Sept appareils aériens internationaux participent aux opérations, un exemple rare de coopération régionale face à une crise environnementale.
Cette mobilisation internationale témoigne de la gravité de la situation, mais aussi de la solidarité entre nations face aux catastrophes climatiques. Cependant, les conditions météorologiques, avec des températures dépassant les 41°C dans plusieurs régions, compliquent les efforts. Les vents forts, en particulier, attisent les flammes, rendant certaines zones presque inaccessibles.
Incendies Volontaires : Une Menace Humaine
Si la vague de chaleur et les vents sont des facteurs aggravants, une partie des incendies semble avoir une origine humaine. Depuis le début de l’été, les autorités albanaises ont identifié une centaine de personnes soupçonnées d’avoir volontairement déclenché des feux. Parmi elles, 21 individus ont été arrêtés. En Albanie, la loi prévoit des peines pouvant aller jusqu’à trois ans de prison pour ce type d’infraction, une mesure visant à dissuader de tels actes.
Ces incendies criminels soulignent un problème plus large : la nécessité d’une sensibilisation accrue à la protection de l’environnement. Dans un pays où les ressources pour lutter contre les catastrophes naturelles sont limitées, chaque foyer allumé intentionnellement représente une charge supplémentaire pour les équipes de secours.
Les Balkans en Feu : Une Crise Régionale
L’Albanie n’est pas la seule touchée dans la région des Balkans. En Croatie, près du port de Split, un incendie a ravagé environ 300 hectares de terrain dans la région de Jesenice. Les flammes se sont dangereusement rapprochées des habitations, mais grâce à l’intervention de 140 pompiers et de plusieurs avions Canadairs, le feu a été repoussé. Cette mobilisation rapide a permis d’éviter des pertes humaines, mais les dégâts matériels restent considérables.
Nous avons réussi à protéger les habitations, mais la bataille contre le feu reste intense.
Ivan Kovacevic, commandant de la brigade régionale de pompiers
Ces événements dans les Balkans mettent en lumière une problématique régionale : le changement climatique, avec ses vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, amplifie la fréquence et l’intensité des incendies. Les pays de la région, souvent dotés de moyens limités, doivent s’appuyer sur une coopération internationale pour faire face à ces crises.
Les Conséquences Humaines et Écologiques
Les incendies en Albanie ont des répercussions profondes, tant sur le plan humain qu’écologique. Les évacuations, comme celles des personnes âgées à Polican ou des familles à Finiq, laissent des communautés entières dans l’incertitude. Les maisons détruites à Leshnica rappellent que ces catastrophes ne se limitent pas à des pertes matérielles : elles bouleversent des vies.
Sur le plan environnemental, la destruction de plus de 33 000 hectares de terres a des conséquences durables. Les forêts, essentielles pour la biodiversité et la régulation du climat, mettent des décennies à se régénérer. De plus, la fumée dégagée par les incendies contribue à la pollution de l’air, affectant la santé des populations locales.
| Région | Impact | Actions entreprises |
|---|---|---|
| Polican | Évacuation d’une maison de retraite et de six familles | Déploiement de soldats et bombardiers d’eau |
| Finiq | Évacuation de 10 personnes | Intervention d’hélicoptères internationaux |
| Leshnica | Maisons détruites ou endommagées | Lutte continue contre les flammes |
Que Faire Face à Cette Crise ?
La multiplication des incendies dans les Balkans soulève des questions cruciales sur la preparedness et la résilience face aux catastrophes climatiques. Voici quelques pistes pour mieux gérer ces crises :
- Renforcer la prévention : Sensibiliser les populations aux risques d’incendies volontaires et améliorer la surveillance des zones à risque.
- Investir dans les infrastructures : Équiper les services de secours avec des moyens modernes, comme des drones pour surveiller les feux.
- Coopération régionale : Renforcer les partenariats entre pays des Balkans pour mutualiser les ressources en cas de crise.
- Adaptation au changement climatique : Planter des espèces végétales plus résistantes aux sécheresses et aux incendies.
Ces mesures, bien que coûteuses, pourraient réduire l’impact des futures vagues de chaleur et des incendies qui en découlent. Elles nécessitent cependant une volonté politique forte et une coordination à l’échelle régionale.
Un Avenir Incertain
Alors que l’Albanie et les Balkans luttent contre ces incendies, une question demeure : comment se préparer à un climat de plus en plus extrême ? Les vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes, ne sont qu’un symptôme d’un problème plus vaste : le changement climatique. Les efforts actuels, bien que louables, ne suffisent pas à contrer l’ampleur des défis à venir.
Pour les habitants de Polican, Finiq ou Leshnica, la priorité est de sauver ce qui peut l’être. Mais à long terme, des solutions durables, allant de la reforestation à la lutte contre les incendies criminels, seront indispensables pour protéger ces régions. En attendant, pompiers, soldats et volontaires continuent de se battre, sous un soleil brûlant, pour préserver un avenir viable.
