Et si la Bolivie, bastion de la gauche sud-américaine depuis deux décennies, basculait vers un nouveau chapitre politique ? À l’approche de l’élection présidentielle du 17 août 2025, les sondages laissent entrevoir un bouleversement majeur. Pour la première fois depuis 2005, le Mouvement vers le Socialisme (MAS), parti emblématique de la gauche bolivienne, pourrait perdre sa mainmise sur le pouvoir. Entre crise économique, tensions sociales et absence d’un leader charismatique, le pays andin se trouve à un carrefour décisif.
Un Vent de Changement sur la Scène Politique Bolivienne
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales en 2006, la Bolivie a été gouvernée par une gauche puissante, portée par des idéaux de justice sociale et de souveraineté amérindienne. Mais aujourd’hui, les vents semblent tourner. Les sondages récents placent deux figures du centre-droit et de la droite en tête des intentions de vote, annonçant un possible séisme politique. Ce revirement intervient dans un contexte où la population, épuisée par une crise économique sans précédent, aspire à des solutions concrètes.
Les Favoris de la Présidentielle : Un Duel Inédit
Les derniers sondages, réalisés par des instituts indépendants, placent Samuel Doria Medina, homme d’affaires et candidat du Front d’Unité nationale, en pole position avec environ 21 % des intentions de vote. À ses trousses, Jorge Quioga, ancien vice-président et représentant de la coalition Libre, talonne avec 20 % des suffrages. Ces chiffres, bien que serrés, suggèrent un scénario inédit : aucun candidat ne semble en mesure de l’emporter au premier tour.
« La Bolivie est à un tournant. Les électeurs veulent du changement, mais la question est : vers quoi ? »
Un analyste politique local
Si ces tendances se confirment, un second tour est prévu pour le 19 octobre 2025, où Doria Medina et Quioga pourraient s’affronter dans une bataille électorale acharnée. Ce duel marquerait une rupture avec la tradition des victoires écrasantes du MAS, qui a toujours remporté ses élections dès le premier tour depuis 2005.
Une Crise Économique au Cœur des Préoccupations
La Bolivie traverse une période de turbulences économiques qui pèse lourdement sur le moral des électeurs. Avec une inflation annuelle atteignant 24,8 % en juillet 2025, un record depuis 2008, et une pénurie de dollars qui paralyse le commerce, les Boliviens ressentent les effets d’une crise sans précédent. Les files d’attente devant les banques et les restrictions sur les devises étrangères sont devenues le quotidien de nombreux citoyens.
Chiffres clés de la crise économique :
- Inflation : 24,8 % en juillet 2025
- Pénurie de dollars : impact sur les importations
- Chômage : en hausse dans les zones urbaines
Cette situation a érodé la confiance envers le MAS, qui, malgré ses succès passés, peine à proposer des solutions convaincantes. Les électeurs, lassés par les promesses non tenues, se tournent vers des candidats qui mettent en avant des réformes économiques et une gestion plus pragmatique.
L’Ombre d’Evo Morales Plane Toujours
Figure emblématique de la gauche bolivienne, Evo Morales reste une personnalité incontournable, même en dehors de la course électorale. Écarté de la présidentielle en raison d’une règle constitutionnelle limitant le nombre de mandats, l’ancien président, premier dirigeant amérindien du pays, continue d’influencer la scène politique. Depuis son fief du Chapare, région centrale connue pour la culture de la coca, il appelle ses partisans à exprimer leur mécontentement par un vote nul.
Ce mouvement de protestation, qui recueille environ 14,6 % des intentions de vote selon les sondages, reflète la frustration d’une partie de la population fidèle à Morales. Cependant, le vote nul, tout comme le vote blanc, n’a aucun impact sur les résultats officiels, se limitant à une valeur statistique. Cette stratégie pourrait toutefois diviser l’électorat de gauche et affaiblir les chances du MAS.
« Sans Evo, pas d’élections ! »
Slogan des partisans de Morales
En juin 2025, les tensions autour de l’exclusion de Morales ont culminé avec des manifestations violentes. Des barrages routiers et des affrontements avec les forces de l’ordre ont fait au moins huit morts, dont quatre policiers. Ces événements ont exacerbé les divisions dans un pays déjà polarisé.
Les Défis du MAS Face À un Électorat Divisé
Le MAS, dirigé par Luis Arce depuis 2020, doit composer avec un héritage complexe. Si le parti a transformé la Bolivie en donnant une voix aux populations amérindiennes et en réduisant les inégalités, il fait face à des critiques croissantes sur sa gestion économique. L’absence de Morales, figure charismatique, laisse un vide que le parti peine à combler.
Les candidats du centre-droit et de la droite, en revanche, capitalisent sur ce mécontentement. Samuel Doria Medina, avec son profil d’entrepreneur, promet des réformes libérales pour relancer l’économie. Jorge Quioga, quant à lui, mise sur son expérience politique pour rassurer un électorat en quête de stabilité.
Candidat | Parti/Coalition | Positionnement | Sondages (%) |
---|---|---|---|
Samuel Doria Medina | Front d’Unité nationale | Centre-droit | 21,2-21,6 % |
Jorge Quioga | Libre | Droite | 20 % |
Un Vote Décisif pour l’Avenir de la Bolivie
L’élection du 17 août 2025 ne se résume pas à un simple choix entre candidats. Elle incarne un moment charnière pour la Bolivie, confrontée à des défis économiques, sociaux et politiques. Les électeurs devront trancher entre la continuité d’un modèle socialiste, aujourd’hui fragilisé, et une nouvelle voie portée par des figures promettant des réformes audacieuses.
Les prochaines semaines seront cruciales. Les campagnes s’intensifient, les débats se multiplient, et la tension monte à l’approche du scrutin. Une question demeure : la Bolivie est-elle prête à tourner la page de la gauche après vingt ans de domination ?
Enjeux clés de l’élection :
- Relance économique face à l’inflation
- Stabilité politique après les tensions
- Renouveau de la gouvernance
Quoi qu’il arrive, le résultat de cette élection redessinera le paysage politique bolivien. Entre espoirs de renouveau et fidélité aux idéaux du passé, les Boliviens s’apprêtent à écrire un nouveau chapitre de leur histoire.