En ce vendredi décisif, c’est le sort de plus de 800 salariés et de quatre sites industriels historiques qui se joue au tribunal de Strasbourg. L’aciériste français Ascometal, placé en redressement judiciaire en mars dernier, attend fébrilement la décision des juges concernant les offres de reprise déposées pour ses différents sites de production. Une décision d’autant plus cruciale que le principal candidat, le groupe italien Venete qui lorgnait les usines d’Hagondange et de Custines, a jeté l’éponge de manière inattendue.
Ascometal, fleuron de la sidérurgie tricolore fondé en 1911, traverse une passe des plus délicates. Après avoir été racheté en 2018 par le suisse Swiss Steel, qui souhaitait créer un géant européen de l’acier, le groupe a été replacé en vente cette année faute de synergie. Une procédure de redressement judiciaire a été ouverte en mars, mettant en péril l’avenir des sites et des salariés.
Une lueur d’espoir vite éteinte
Fin avril, cinq repreneurs potentiels s’étaient pourtant manifestés, laissant entrevoir une issue positive. Le projet le plus solide semblait être celui de Venete qui ambitionnait de reprendre les usines d’Hagondange, en Moselle, et de Custines, en Meurthe-et-Moselle. De quoi redonner de l’espoir aux salariés. Mais entre l’audience des offres et la date butoir de dépôt des dossiers finalisés le 12 juin, presque tous les candidats se sont finalement désistés, à commencer par Venete.
On ne comprend pas ce qui s’est passé. C’est un coup de massue pour nous. On pensait que le projet de Venete était béton et qu’on tenait enfin notre repreneur.
– Un salarié du site d’Hagondange
Le spectre d’un démantèlement
Si le site de Fos-sur-Mer a bien été repris par le groupe Marcegaglia comme espéré, l’avenir des quatre autres sites (Hagondange, Le Marais, Les Dunes et Custines) est plus qu’incertain. Les offres restantes ne portent que sur des reprises partielles. Le spectre d’un démantèlement et de centaines de licenciements plane désormais au-dessus d’Ascometal.
- Le projet Venete prévoyait de garder 360 des 400 emplois actuels à Hagondange et Custines
- Le concurrent Liberty Steel n’a finalement pas déposé d’offre ferme
- Des “offres partielles” susbsistent pour certains actifs et laminoirs
Les organisations syndicales dénoncent “une catastrophe sociale et industrielle” si aucun projet de reprise globale n’émerge. Elles pointent la responsabilité de Swiss Steel dans les difficultés actuelles et demandent le soutien de l’État pour trouver une solution.
Le réveil brutal des pouvoirs publics
Face à l’urgence de la situation, le gouvernement semble enfin décidé à s’impliquer dans ce dossier industriel sensible. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a promis de recevoir rapidement les syndicats et Swiss Steel. L’objectif est de comprendre ce qui a conduit à ce fiasco et d’étudier les options restantes pour sauver un maximum d’emplois.
Nous ne laisserons pas tomber les salariés d’Ascometal. Nous allons tout faire pour trouver de nouveaux repreneurs et pérenniser un maximum de sites et d’emplois. L’État sera au rendez-vous.
– Bruno Le Maire, ministre de l’Économie
La région Grand-Est est également prête à mettre la main à la poche pour soutenir des projets industriels viables et éviter une casse sociale. Reste à savoir si cet engagement tardif des pouvoirs publics suffira à inverser le cours des choses alors que la décision du tribunal est imminente. Les prochaines heures s’annoncent décisives pour l’avenir des salariés d’Ascometal et de la sidérurgie française.