La France a subi une vague d’attentats djihadistes sans précédent au cours de la dernière décennie, endeuillant le pays et marquant les esprits de façon indélébile. Mais au-delà de l’horreur immédiate et du choc ressenti par la nation, une question plus insidieuse se pose : ces actes terroristes atteignent-ils finalement leur véritable objectif ?
Une stratégie de terreur pour diviser
Le but ultime des attaques djihadistes n’est pas tant de vaincre militairement l’Occident que de semer la discorde au sein même des sociétés visées. En instillant un climat de peur et de méfiance, les terroristes cherchent à dresser les communautés les unes contre les autres, espérant provoquer un affrontement généralisé entre musulmans et non-musulmans.
Le but des attentats djihadistes est d’utiliser la terreur pour instiller la peur, imposer sa vision d’un monde binaire et provoquer à terme un affrontement généralisé interne aux sociétés visées.
Le Monde
La France, cible privilégiée
Avec la plus importante communauté musulmane d’Europe, la France représente une cible de choix pour les organisations djihadistes. Plusieurs facteurs expliquent cette focalisation :
- La conception française de la laïcité, qui a conduit à l’interdiction de signes religieux comme le voile islamique dans les écoles et l’espace public.
- Le passé colonial de la France, notamment au Maghreb et en Afrique, source de ressentiments encore vifs.
- Les interventions militaires françaises dans des pays musulmans (Sahel, Levant, Afghanistan).
Des fractures sociales exacerbées
Ces facteurs, combinés à la relégation sociale d’une partie de la population issue de l’immigration dans des banlieues défavorisées, offrent un terreau fertile pour le recrutement de djihadistes. Les terroristes exploitent habilement ces fractures, attisant les rancœurs et le sentiment d’exclusion.
Une stigmatisation croissante
Face à la multiplication des attentats, on assiste à une crispation grandissante envers l’islam en général. Bien que la société française dans son ensemble n’ait pas cédé à la panique, une partie du spectre politique – de l’extrême droite à une frange de la gauche laïque – tend à stigmatiser les musulmans dans leur globalité.
Si la France n’a pas cédé à la panique – et les Français à la tentation de la vengeance –, elle est en proie à une crispation croissante envers l’islam en général.
Le Monde
Le piège de la surenchère
Cette stigmatisation croissante, nourrie par le climat anxiogène et la récupération politique, risque d’enfermer une partie des musulmans français dans un sentiment de rejet. Une spirale dangereuse qui pourrait servir, in fine, les objectifs des djihadistes en poussant certains vers la radicalisation.
Résister aux logiques binaires
Face à ce piège tendu par les terroristes, il est crucial de résister à la tentation des raccourcis et des amalgames. Céder au réflexe de la stigmatisation généralisée des musulmans reviendrait à tomber dans le piège d’une vision binaire du monde, celle-là même que les djihadistes cherchent à imposer.
La société française est aujourd’hui à la croisée des chemins. Saura-t-elle faire preuve de discernement et refuser cette logique mortifère ? C’est tout l’enjeu des années à venir, alors que le risque terroriste perdure et que le débat public se crispe. Il en va de la cohésion nationale et de notre capacité à endiguer, sur le long terme, la menace djihadiste.