Dans un coin reculé de la Somalie, à une centaine de kilomètres de la capitale Mogadiscio, une bataille décisive vient de redessiner les contours d’un conflit qui dure depuis des années. La localité de Bariire, un point stratégique dans la région du Bas-Shabelle, a été le théâtre d’une offensive d’envergure menée par l’armée somalienne et les forces de l’Union africaine. Après une semaine de combats acharnés, cette ville, autrefois sous le joug des Shebab, un groupe islamiste affilié à Al-Qaïda, est désormais déclarée « totalement sécurisée ». Mais que signifie cette victoire pour un pays en proie à une instabilité chronique ? Plongeons dans les détails de cette opération et ses implications.
Une reconquête stratégique dans un conflit complexe
La Somalie, déchirée par des décennies de guerre civile, fait face à une menace persistante : les Shebab. Ces combattants islamistes, déterminés à imposer leur vision rigoriste, ont intensifié leurs offensives depuis le début de l’année, reprenant des territoires que le gouvernement somalien avait durement reconquis entre 2022 et 2023. Bariire, située à une centaine de kilomètres à l’ouest de Mogadiscio, était l’un de ces territoires perdus. Sa chute en mars, sans combat, avait marqué un revers cinglant pour les autorités, aggravé par la destruction d’un pont crucial pour les approvisionnements militaires.
La reprise de Bariire, annoncée le vendredi après-midi par le ministère somalien de la Défense, est donc un symbole fort. Cette opération, menée conjointement par l’armée nationale et les troupes ougandaises de la Mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine (AUSSOM), illustre une volonté de reprendre l’initiative face à un ennemi résilient. Mais au-delà du symbole, quels sont les enjeux réels de cette victoire ?
Une offensive d’envergure contre les Shebab
Lancée le 1er août, l’opération visant à reprendre Bariire a mobilisé des ressources importantes. Selon les autorités somaliennes, cette offensive a été planifiée avec soin pour déloger les Shebab, qui avaient transformé la ville en une base stratégique. Les combats, qui ont duré une semaine, ont été intenses. Le ministère de la Défense affirme que plus de 100 combattants Shebab ont été éliminés, bien que ce chiffre reste difficile à vérifier indépendamment. Aucune information n’a été communiquée sur les pertes côté AUSSOM ou armée somalienne, laissant planer un voile d’incertitude sur le coût humain de l’opération.
« Après une semaine d’offensive, la localité stratégique de Bariire a été totalement sécurisée », a déclaré le ministère somalien de la Défense.
La reconquête de Bariire n’est pas seulement une victoire militaire. Elle redonne un élan au gouvernement somalien, dont la légitimité repose en grande partie sur sa capacité à assurer la sécurité du territoire. Cependant, la tâche est loin d’être achevée. Les Shebab, bien qu’affaiblis dans cette région, conservent une capacité de nuisance importante, comme en témoignent leurs récentes attaques.
Les Shebab : une menace persistante
Malgré la présence de plus de 10 000 soldats de l’AUSSOM en Somalie, les Shebab continuent de défier les autorités. Leur stratégie repose sur des attaques éclairs, des attentats-suicides et des frappes ciblées. En juillet, une académie militaire dans le sud de Mogadiscio a été visée par un attentat-suicide, rappelant la capacité du groupe à frapper au cœur du pouvoir. Quelques mois plus tôt, en avril, des obus ont été tirés près de l’aéroport de la capitale, un lieu hautement symbolique. Ces actions montrent que les Shebab, même affaiblis, restent une force à ne pas sous-estimer.
Un incident marquant s’est produit le 18 mars, lorsque les Shebab ont revendiqué l’explosion d’une bombe visant le convoi présidentiel. Par chance, l’attaque a échoué, mais elle a souligné la vulnérabilité des plus hautes sphères de l’État. Ces événements récents mettent en lumière la difficulté de stabiliser un pays où les infrastructures, comme le pont détruit à Bariire, sont des cibles stratégiques pour les insurgés.
Le rôle clé de l’Union africaine
La Mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine joue un rôle central dans la lutte contre les Shebab. Composée de troupes provenant de plusieurs pays, dont l’Ouganda, elle apporte un appui logistique et militaire crucial à l’armée somalienne, encore fragile. Cependant, cette mission n’est pas exempte de pertes. Fin juin, au moins sept soldats ougandais ont perdu la vie lors d’affrontements dans une ville du Bas-Shabelle, preuve des risques encourus par ces forces internationales.
L’AUSSOM, bien que présente depuis des années, fait face à un défi de taille : maintenir la pression sur les Shebab tout en préparant l’armée somalienne à prendre le relais. La reconquête de Bariire montre que cette collaboration peut porter ses fruits, mais elle soulève aussi des questions sur la dépendance du gouvernement somalien vis-à-vis de l’aide extérieure.
Résumé des enjeux à Bariire
- Reconquête militaire : Bariire, un point stratégique, est de nouveau sous contrôle gouvernemental.
- Pertes Shebab : Plus de 100 combattants auraient été éliminés.
- Rôle de l’UA : Les troupes ougandaises de l’AUSSOM ont été déterminantes.
- Défis logistiques : La destruction du pont avait coupé les approvisionnements.
Quelles perspectives pour la Somalie ?
La reprise de Bariire est une étape encourageante, mais elle ne marque pas la fin du conflit. Les Shebab, bien que repoussés, conservent des bastions dans d’autres régions et continuent de recruter. Leur capacité à mener des attaques asymétriques, comme des attentats-suicides ou des embuscades, reste une menace constante. De plus, la reconstruction des infrastructures, comme le pont détruit à Bariire, sera essentielle pour consolider cette victoire.
Pour le gouvernement somalien, le défi est double : renforcer ses forces armées tout en regagnant la confiance de la population. Les habitants de Bariire, qui ont vécu sous le contrôle des Shebab pendant des mois, auront besoin de garanties de sécurité et d’accès aux services de base. Sans une stratégie globale, incluant le développement économique et social, les gains militaires risquent de rester éphémères.
Un conflit aux racines profondes
Le conflit en Somalie ne se limite pas à une lutte militaire. Les Shebab exploitent les failles d’un État fragile, marqué par la corruption, la pauvreté et l’absence d’institutions solides. Leur discours radical trouve un écho dans certaines communautés marginalisées, rendant la lutte contre l’insurrection encore plus complexe. La reconquête de territoires comme Bariire doit s’accompagner d’efforts pour répondre à ces défis structurels.
En parallèle, la communauté internationale, via l’Union africaine et d’autres partenaires, devra continuer à soutenir la Somalie sans pour autant alimenter une dépendance excessive. La transition vers une armée somalienne autonome reste un objectif à long terme, mais essentiel pour une stabilisation durable.
| Événement | Date | Détails |
|---|---|---|
| Chute de Bariire | Mars 2025 | Les Shebab prennent la ville sans combat après le repli de l’armée. |
| Offensive AUSSOM | 1er août 2025 | Lancement d’une opération majeure pour reprendre Bariire. |
| Reconquête | Août 2025 | Bariire sécurisée après une semaine de combats. |
La reprise de Bariire est un chapitre important dans la lutte contre les Shebab, mais elle n’est qu’une étape dans un conflit bien plus vaste. Chaque victoire militaire doit être consolidée par des efforts politiques et sociaux pour éviter que les territoires reconquis ne retombent aux mains des insurgés. Alors que la Somalie continue de naviguer entre espoirs et défis, l’issue de ce conflit reste incertaine. Une chose est sûre : la détermination des forces somaliennes et de leurs alliés sera mise à l’épreuve dans les mois à venir.
