Le Hezbollah, mouvement armé libanais soutenu par l’Iran, a longtemps été une force militaire redoutable au Moyen-Orient. Mais après des mois de conflit intense avec Israël et des frappes quasi quotidiennes, que reste-t-il de son arsenal autrefois impressionnant ? Alors que le gouvernement libanais s’engage à désarmer cette organisation d’ici fin 2025, les questions se multiplient sur ses capacités restantes et les défis à venir. Cet article explore l’état actuel des ressources militaires du Hezbollah, les pertes subies, et les obstacles à un désarmement effectif.
Un Arsenal Autrefois Redoutable, Aujourd’hui Fragilisé
Avant l’escalade des hostilités en octobre 2023, le Hezbollah disposait d’un arsenal militaire diversifié, fruit de décennies de développement. Contrairement aux autres factions libanaises, désarmées après la guerre civile de 1990, le mouvement a conservé et renforcé ses capacités. Cet avantage lui a permis de devenir un acteur clé dans la région, capable de rivaliser avec des armées étatiques. Cependant, la guerre récente contre Israël a bouleversé cette dynamique, infligeant des pertes massives à ses ressources.
Une Puissance Militaire Érodée
Les affrontements avec Israël, particulièrement intenses à l’automne 2024, ont considérablement affaibli le Hezbollah. Selon des experts en sécurité, environ 70 % de ses capacités militaires auraient été détruites. Les frappes israéliennes, visant principalement les dépôts d’armes et les infrastructures stratégiques, ont décimé les stocks de missiles longue portée, qui constituaient un atout majeur du mouvement.
« L’arsenal du Hezbollah a été lourdement dégradé par le conflit et les frappes répétées d’Israël », explique Riad Kahwaji, expert militaire.
Avant le conflit, le mouvement disposait d’un impressionnant stock de 150 000 roquettes, incluant des roquettes non guidées de type Katioucha, ainsi que des missiles balistiques, anti-aériens, antichars et antinavires. Aujourd’hui, une grande partie de cet arsenal a été soit utilisée, soit détruite, laissant le Hezbollah dans une position de vulnérabilité inédite.
Les Pertes Stratégiques : Tunnels et Approvisionnements
Un autre coup dur pour le Hezbollah a été la perturbation de ses routes d’approvisionnement. Jusqu’à récemment, la Syrie, sous le régime de Bachar al-Assad, servait de corridor pour acheminer des armes depuis l’Iran. La chute d’Assad en décembre 2024 a changé la donne. Les nouvelles autorités syriennes, hostiles au trafic d’armes, ont intensifié les contrôles, bloquant plusieurs tentatives de contrebande vers le Liban.
En parallèle, le réseau de tunnels souterrains construit par le Hezbollah dans le sud du Liban, à la frontière avec Israël, a été partiellement démantelé. Ces tunnels, utilisés pour le stockage d’armes et les opérations clandestines, ont été ciblés par l’armée israélienne et scellés par l’armée libanaise dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu de novembre 2024. Ces pertes limitent la capacité du mouvement à opérer discrètement et à reconstituer ses stocks.
Chiffres clés des pertes du Hezbollah :
- 70 % de l’arsenal lourd détruit.
- Plus de 500 positions militaires démantelées par l’armée libanaise.
- Réseau de tunnels partiellement comblé.
La Production Locale : Une Tentative de Résilience
Face à ces revers, le Hezbollah s’efforce de maintenir une certaine autonomie. Le mouvement dispose d’ateliers de fabrication locaux, où il produit des roquettes simples, comme les Katioucha. Cette capacité, bien que limitée, lui permet de compenser partiellement l’arrêt des approvisionnements extérieurs. Cependant, la fabrication locale ne peut rivaliser avec les missiles sophistiqués fournis autrefois par l’Iran.
Les drones, en revanche, restent un domaine où le Hezbollah montre une résilience notable. L’ancien leader du mouvement, assassiné en septembre 2024, avait vanté la capacité du groupe à produire et utiliser des drones. Ces engins, souvent fabriqués localement ou importés d’Iran, ont été largement déployés pendant le conflit. Récemment, l’armée libanaise a intercepté un conteneur de pièces détachées destinées à la fabrication de drones, preuve que le mouvement cherche à renforcer cette capacité.
Les Drones et Missiles Antichars : Une Priorité pour le Hezbollah
Dans les négociations sur le désarmement, le Hezbollah semble prêt à faire des concessions, mais pas sur tout. Selon des sources proches des discussions, le mouvement souhaite conserver ses drones et ses missiles antichars Kornet, considérés comme essentiels pour sa défense. Ces armes, plus légères et mobiles, pourraient permettre au groupe de maintenir une capacité offensive minimale, même en cas de désarmement partiel.
Les drones, en particulier, ont prouvé leur efficacité lors du dernier conflit. Capables de mener des attaques précises à faible coût, ils représentent une menace persistante pour Israël, qui continue de cibler les infrastructures liées à leur production.
Effectifs et Moral : Un Mouvement Ébranlé
Outre les pertes matérielles, le Hezbollah a subi des coups durs sur le plan humain. En 2021, le mouvement revendiquait environ 100 000 combattants, bien que des estimations indépendantes tablaient sur la moitié. Les frappes israéliennes, y compris une attaque spectaculaire aux bipers explosifs en septembre 2024, ont causé des milliers de morts et de blessés, touchant à la fois des combattants et des civils. Ces pertes, combinées à l’assassinat de figures clés comme l’ancien chef du mouvement, ont ébranlé l’organisation.
« La perte de cadres dirigeants et de combattants a affaibli la structure du Hezbollah », note un analyste militaire.
Depuis le cessez-le-feu, les frappes israéliennes se poursuivent, faisant plus de 230 morts et près de 500 blessés, selon des estimations. Ces attaques continues maintiennent une pression constante sur le mouvement, limitant sa capacité à se réorganiser.
Les Défis du Désarmement
Le gouvernement libanais, sous la pression internationale, s’est engagé à désarmer le Hezbollah d’ici fin 2025. Cette tâche s’annonce complexe. D’une part, l’armée libanaise a déjà démantelé plus de 500 positions militaires dans le sud du pays, mais le Hezbollah conserve des capacités résiduelles, notamment ses drones et ses missiles antichars. D’autre part, la volonté politique du mouvement de céder ses armes reste incertaine.
Le Hezbollah, profondément enraciné dans la société libanaise, n’est pas seulement une force militaire, mais aussi un acteur politique et social. Sa capacité à mobiliser des soutiens et à opérer dans l’ombre complique les efforts de désarmement. De plus, la méfiance envers les institutions étatiques, souvent perçues comme faibles, renforce la légitimité du mouvement auprès de certains Libanais.
Aspect | Situation avant 2023 | Situation actuelle |
---|---|---|
Arsenal | 150 000 roquettes, missiles divers | 70 % détruit, production locale limitée |
Tunnels | Vaste réseau souterrain | Partiellement démantelé |
Effectifs | 100 000 revendiqués | Décimés par les frappes |
Un Avenir Incertain
Alors que le Liban s’engage sur la voie du désarmement, l’avenir du Hezbollah reste flou. Le mouvement, bien qu’affaibli, conserve des atouts stratégiques, notamment ses drones et son influence politique. Les frappes israéliennes continues et la vigilance des nouvelles autorités syriennes compliquent sa reconstruction militaire. Pourtant, sa résilience et sa capacité à s’adapter pourraient lui permettre de rester une force influente.
Le défi pour le gouvernement libanais sera de trouver un équilibre entre les pressions internationales, les exigences d’Israël, et la réalité politique interne. Le désarmement du Hezbollah, s’il aboutit, pourrait redéfinir les dynamiques de pouvoir au Liban et dans la région. Mais pour l’heure, la question demeure : le Hezbollah peut-il réellement être désarmé, ou trouvera-t-il un moyen de préserver son influence ?
Le futur du Hezbollah dépendra autant de ses capacités militaires que de sa place dans la société libanaise.