Mercredi après-midi à Saint-Herblain, en banlieue de Nantes, un chauffeur de bus de la Semitan a été victime d’une violente agression. Alors qu’il était au volant de son véhicule, trois individus s’en sont pris à lui, le rouant de coups au visage et lui fracturant plusieurs côtes. Méconnaissable, le conducteur de 40 ans a dû être secouru par les pompiers et transporté en urgence au CHU. Cet épisode choquant vient rappeler les conditions de travail souvent difficiles des employés des transports en commun, régulièrement confrontés à des actes de violence.
Une agression d’une rare violence
Selon les premiers éléments, le chauffeur aurait été pris à partie par un homme mécontent de voir les portes du bus se refermer devant lui. Après avoir donné des coups de pied rageurs contre le véhicule, l’individu serait revenu à la charge accompagné de deux complices pour s’en prendre physiquement au conducteur, sorti de sa cabine. À trois contre un, ils l’auraient alors roué de coups, lui laissant le visage tuméfié et lui fracturant trois côtes. Choqué et blessé, le quadragénaire a dû être pris en charge par les secours et hospitalisé.
Des chauffeurs en première ligne
Si l’extrême violence de cette agression a de quoi choquer, les altercations entre usagers et conducteurs sont malheureusement monnaie courante dans les transports en commun. Insultes, menaces, crachats, jets de projectiles… Les employés sont souvent pris à partie pour des motifs futiles. “On a peur d’une balle perdue. Les salariés partent avec la boule au ventre”, témoignaient déjà des syndicalistes en décembre dernier.
Les chauffeurs qui sont sur le terrain n’ont pas du tout l’impression d’une amélioration. Au contraire, on assiste à une banalisation des petites agressions.
Une conductrice de bus nantaise
La sécurité des conducteurs en question
Face à ce fléau, les autorités peinent à endiguer le phénomène. En janvier, la maire de Nantes se félicitait d’une baisse de 24% des agressions dans les transports, suscitant l’incompréhension des premiers concernés. Les syndicats dénoncent des chiffres déconnectés de la réalité du terrain et réclament des mesures concrètes pour assurer la sécurité des agents : présence policière renforcée, sanctuarisation des véhicules, formations à la gestion des conflits…
Mercredi, les syndicats de la Semitan ont bien tenté de faire valoir un droit de retrait des conducteurs suite à cette énième agression, mais la direction a refusé. “On nous a signifié que notre collègue était en faute puisqu’il était sorti de sa cabine”, déplore un délégué, amer. Un sentiment d’abandon partagé par de nombreux chauffeurs, à la merci de la moindre altercation qui dégénère.
Des mesures insuffisantes
Si certaines avancées ont été obtenues, avec par exemple le déplacement de terminus sensibles, les moyens mis en œuvre semblent encore insuffisants au regard de l’ampleur du problème. Les agressions, loin d’être des actes isolés, reflètent un malaise plus profond, celui d’une société minée par les tensions. Dans ce contexte, les conducteurs de bus apparaissent comme des cibles privilégiées, en première ligne sur le front des violences urbaines.
L’agression ultra-violente du chauffeur nantais vient nous rappeler la dure réalité à laquelle sont confrontés les agents des transports publics au quotidien. Au-delà des séquelles physiques, c’est aussi un profond traumatisme pour ces travailleurs souvent passionnés par leur métier, mais de plus en plus inquiets à l’idée de prendre leur poste. Une situation intenable qui appelle des réponses fortes et pérennes, pour que chauffeurs et usagers puissent voyager en toute sérénité.