En trois jours, 17 personnes ont été exécutées en Arabie Saoudite, un chiffre qui glace le sang et pose des questions brûlantes sur la peine capitale dans ce royaume du Golfe. Depuis le début de l’année 2025, le pays a déjà mis à mort 239 individus, un rythme effréné qui pourrait surpasser le record de 338 exécutions établi en 2024. Ce regain d’activité, notamment lié à la lutte contre le trafic de stupéfiants, reflète une politique judiciaire stricte, mais aussi controversée, qui divise les observateurs internationaux.
Une Vague d’Exécutions sans Précédent
Le royaume saoudien a récemment intensifié ses exécutions, avec un pic notable sur trois jours consécutifs. Parmi les 17 personnes exécutées, deux Saoudiens ont été condamnés pour terrorisme à La Mecque, tandis que 15 autres, majoritairement des étrangers, l’ont été pour des infractions liées aux stupéfiants. Ce rythme accéléré rappelle l’exécution massive de 81 personnes en une seule journée en mars 2022, un événement qui avait suscité une indignation mondiale.
Depuis janvier 2025, 239 exécutions ont été recensées, dont 161 liées au trafic de drogue. Parmi ces condamnés, 136 étaient des étrangers, dont 125 pour des délits liés aux stupéfiants. Ce constat soulève des interrogations sur la justice saoudienne et son application de la peine de mort, souvent perçue comme un outil de dissuasion, mais critiquée pour son manque de transparence.
« L’année 2025 marque une hausse alarmante des exécutions, notamment pour des infractions liées au cannabis, dans un monde où la dépénalisation gagne du terrain. »
– Jeed Basyouni, Reprieve
La Guerre contre la Drogue : Une Explication
Pourquoi une telle recrudescence ? Les experts pointent du doigt la guerre contre la drogue initiée par Riyad en 2023. Cette campagne vise à endiguer la consommation de substances illicites, notamment le captagon, une amphétamine dont l’Arabie Saoudite est un marché majeur selon les Nations Unies. Ce narcotique, souvent surnommé la « drogue des djihadistes », est au cœur des préoccupations des autorités saoudiennes.
Après un moratoire de trois ans sur les exécutions pour trafic de drogue, le royaume a repris ces peines en 2022. Depuis, les chiffres sont éloquents : 19 exécutions en 2022, deux en 2023, puis un bond à 117 en 2024. En 2025, ce nombre a déjà atteint 161, un signal clair de l’intensification de cette politique répressive.
Année | Exécutions totales | Exécutions pour drogue |
---|---|---|
2022 | Non précisé | 19 |
2023 | Non précisé | 2 |
2024 | 338 | 117 |
2025 (jusqu’à août) | 239 | 161 |
Une Justice Contestée
Les autorités saoudiennes justifient ces exécutions par la nécessité de protéger la société et de garantir la sécurité publique. Selon elles, la peine de mort n’est prononcée qu’après un processus judiciaire exhaustif, où tous les recours possibles ont été examinés. Cependant, cette position est loin de faire l’unanimité.
Les défenseurs des droits humains dénoncent une justice opaque et des condamnations souvent disproportionnées. La majorité des exécutions pour trafic de drogue concernent des substances comme le cannabis, alors que de nombreux pays optent pour la dépénalisation. Cette divergence crée un contraste frappant avec les tendances mondiales.
« Le recours à la peine de mort pour des infractions liées à la drogue va à l’encontre des efforts de modernisation que le royaume prétend incarner. »
– Observation d’un expert des droits humains
Un Contraste avec l’Image de Modernité
L’Arabie Saoudite cherche à se positionner comme une nation moderne, avec des projets ambitieux comme Vision 2030, qui vise à diversifier l’économie et à promouvoir le tourisme. Pourtant, le maintien de la peine de mort, notamment pour des délits liés à la drogue, semble en contradiction avec cette image progressiste.
Pour de nombreux observateurs, ces exécutions massives nuisent à la réputation internationale du royaume. Elles mettent en lumière un système judiciaire où la sévérité semble primer sur la réforme, malgré les annonces de modernisation. La question reste : comment concilier ces pratiques avec les ambitions globales du pays ?
Les Étrangers, Principales Victimes
Un aspect particulièrement troublant est la proportion d’étrangers parmi les condamnés. Sur les 239 exécutions de 2025, 136 concernaient des non-Saoudiens, dont 125 pour des infractions liées aux stupéfiants. Ce déséquilibre soulève des questions sur l’équité du système judiciaire et le traitement des travailleurs migrants, souvent vulnérables.
Les condamnations pour trafic de drogue incluent des substances comme le haschich ou la cocaïne, mais les peines semblent appliquées de manière systématique, sans distinction claire entre petits et gros trafiquants. Cette approche rigide alimente les critiques des organisations internationales.
Vers une Réforme Possible ?
Face à cette situation, certains appellent à une révision des politiques saoudiennes. La dépénalisation du cannabis, adoptée dans plusieurs pays, pourrait-elle influencer Riyad ? Pour l’instant, rien n’indique un changement de cap. La peine de mort reste un pilier de la justice saoudienne, malgré les pressions internationales.
Les organisations de défense des droits humains, comme Reprieve, continuent de plaider pour une abolition de la peine capitale, ou du moins pour une réduction de son usage dans les affaires de drogue. Mais dans un royaume où la sécurité est une priorité absolue, ces appels trouvent peu d’écho.
- 239 exécutions en 2025, un record en cours.
- 161 condamnations liées aux stupéfiants, majoritairement des étrangers.
- Guerre contre la drogue : une politique renforcée depuis 2023.
- Critiques internationales : la peine de mort contredit l’image moderne du royaume.
En conclusion, l’Arabie Saoudite se trouve à la croisée des chemins. Entre sa volonté de se moderniser et son attachement à des pratiques judiciaires strictes, le royaume envoie des signaux contradictoires. La vague d’exécutions de 2025, particulièrement pour des infractions liées à la drogue, continuera de susciter des débats passionnés, tant sur le plan national qu’international.