InternationalVoyage

Surtourisme à Athènes : Plaka Perd-elle Son Âme ?

À Plaka, le cœur d’Athènes, les habitants se battent contre le surtourisme qui menace l’âme de leur quartier. Comment sauver ce joyau historique ? Cliquez pour le découvrir.

Imaginez-vous déambuler dans les ruelles pavées d’un quartier où chaque pierre semble murmurer des histoires millénaires. À Plaka, au cœur d’Athènes, l’ombre majestueuse de l’Acropole veille sur un dédale de ruelles où se mêlent vestiges antiques, églises byzantines et tavernes animées. Mais ce tableau idyllique est aujourd’hui troublé par un envahisseur moderne : le surtourisme. Avec près de 10 millions de visiteurs attendus dans la capitale grecque en 2025, les habitants de Plaka, surnommé le quartier des Dieux, se mobilisent pour préserver l’âme de leur foyer. Comment concilier la préservation d’un patrimoine unique avec l’afflux touristique qui dynamise l’économie ?

Plaka, un Joyau Menacé par le Surtourisme

Plaka n’est pas un quartier comme les autres. Habité sans interruption depuis l’Antiquité, il est souvent décrit comme le plus vieux d’Europe. Ses ruelles sinueuses, bordées de maisons néoclassiques, de petits cafés et de vestiges ottomans, attirent des millions de visiteurs chaque année. En 2024, l’Acropole, qui surplombe le quartier, a accueilli près de 4,5 millions de touristes. Mais ce succès a un prix. Les habitants, comme Giorgos Zafeiriou, président de l’association des résidents, déplorent une transformation profonde de leur quartier. Les trottoirs, envahis par les tables des restaurants, résonnent du bruit des valises à roulettes et des musiques trop fortes, tandis que les poubelles débordent sous le poids de l’afflux touristique.

« Plaka est menacé par le surtourisme. Nous ne pouvons pas laisser ce quartier perdre son âme. »

Giorgos Zafeiriou, résident de Plaka

Le tourisme, bien qu’essentiel à l’économie grecque, semble étouffer ce quartier historique. Pourtant, il y a encore quelques années, Athènes n’était qu’une escale pour les voyageurs en route vers les îles de la mer Égée. Depuis la fin de la pandémie, la ville s’est imposée comme une destination à part entière, rivalisant désormais avec les grandes capitales européennes.

Une Économie Dopée, mais à Quel Prix ?

Le tourisme représente une bouffée d’oxygène pour la Grèce, un pays durement touché par la crise économique des années 2010. À Plaka, les commerçants, comme Konstantinos Marinakis, vendeur de souvenirs, se réjouissent de cette manne financière. « Grâce au tourisme, l’économie grecque se redresse et crée des emplois », affirme-t-il avec enthousiasme. En 2025, Athènes devrait accueillir deux millions de visiteurs supplémentaires par rapport à l’année précédente, propulsant la ville parmi les 10 destinations les plus prisées au monde, selon le maire Haris Doukas.

Mais cette prospérité a un revers. Les habitants dénoncent une saturation du quartier, où les touristes, en été, peuvent être jusqu’à quatre fois plus nombreux que les 2 000 résidents permanents. Les ruelles, conçues pour une vie de village, peinent à absorber cet afflux. Les restaurants empiètent sur l’espace public, les locations saisonnières prolifèrent, et l’authenticité du quartier s’effrite peu à peu.

Chiffres clés du tourisme à Athènes :

  • 4,5 millions de visiteurs à l’Acropole en 2024
  • 10 millions de touristes attendus à Athènes en 2025
  • 12 000 locations saisonnières recensées dans le centre-ville

Les Locations Saisonnières : une Menace Croissante

Un des enjeux majeurs à Plaka est la multiplication des locations de courte durée, souvent via des plateformes comme Airbnb. Ces logements, prisés par les touristes, transforment des maisons traditionnelles en quasi-hôtels. Dimitris Melissas, avocat spécialisé en urbanisme, pointe du doigt des pratiques illégales : « Des bâtiments entiers sont convertis en appartements touristiques, parfois avec des services hôteliers comme des réceptions ou des petits-déjeuners en terrasse, en violation des réglementations. »

Pour contrer ce phénomène, l’association Ellet, dirigée par Lydia Carras, a saisi le Conseil d’État grec. Une décision, attendue d’ici septembre 2025, pourrait créer une jurisprudence et limiter ces pratiques. En parallèle, le gouvernement a interdit l’enregistrement de nouvelles locations saisonnières dans le centre d’Athènes pour au moins un an, une mesure visant à freiner la hausse des loyers, qui devient insoutenable pour les habitants.

« Le problème en Grèce n’est pas de voter des lois, mais de les faire appliquer. »

Dimitris Melissas, avocat en urbanisme

Plaka : un Passé Protégé, un Futur Incertain

L’histoire de Plaka est marquée par des luttes pour sa préservation. Dans les années 1960 et 1970, le quartier était envahi par des discothèques et des bouzoukias, ces établissements de musique traditionnelle grecque. Face à l’exode des habitants, un décret présidentiel de 1993 a imposé des règles strictes : fermeture des clubs, protection des habitations et réglementation de l’usage des bâtiments. Aujourd’hui, ces mesures semblent insuffisantes face à la pression touristique.

Pour répondre à ces défis, la municipalité a créé une unité d’intervention à Plaka, soutenue par la police municipale. Cette équipe veille au respect des règles, notamment en sanctionnant les restaurants qui débordent sur l’espace public ou les stationnements illégaux. Mais pour les habitants, ces actions restent timides. « Quand je vois des annonces pour investir dans des appartements transformables en Airbnb, je doute de l’efficacité des mesures », confie Dimitris Melissas.

Vers un Tourisme Durable à Athènes ?

Le maire d’Athènes, Haris Doukas, reconnaît la nécessité d’agir avant que Plaka ne subisse le sort de villes comme Barcelone, où des manifestations dénoncent les excès du tourisme de masse. « Nous ne sommes pas encore à ce stade, mais nous devons anticiper », insiste-t-il. Parmi les pistes envisagées : limiter l’accès à certaines zones, renforcer les contrôles sur les locations saisonnières et promouvoir un tourisme durable qui respecte l’identité du quartier.

Problèmes Solutions envisagées
Surtourisme Limitation de l’accès à certaines zones
Locations saisonnières Interdiction de nouveaux enregistrements
Espace public envahi Unité d’intervention municipale

Les habitants, eux, appellent à une mobilisation collective. Lydia Carras, de l’association Ellet, insiste sur l’importance de préserver le patrimoine culturel de Plaka, non seulement pour les résidents, mais pour les générations futures. « Ce quartier est un témoignage vivant de l’histoire grecque. Nous ne pouvons pas le laisser devenir un parc à thème pour touristes », affirme-t-elle.

Un Équilibre à Trouver

Le défi d’Athènes est clair : concilier les avantages économiques du tourisme avec la préservation de l’identité de ses quartiers historiques. Plaka, avec son charme intemporel, incarne cette tension. Les mesures actuelles, bien que prometteuses, peinent à répondre à l’ampleur du problème. La décision du Conseil d’État, attendue prochainement, pourrait marquer un tournant, mais seule une application rigoureuse des lois permettra de protéger ce joyau.

En attendant, les habitants continuent de se battre pour leur quartier. Ils rêvent d’un Plaka où les ruelles résonnent encore des rires des enfants, des conversations des voisins, et non du fracas des valises à roulettes. L’avenir de ce quartier des Dieux dépendra de la capacité des autorités et des citoyens à travailler ensemble pour un tourisme respectueux et durable.

Comment Plaka peut-elle rester fidèle à son histoire tout en accueillant le monde ?

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.