Imaginez parcourir des milliers de kilomètres, traverser des checkpoints et des frontières, tout en portant le poids d’un pays déchiré par la guerre. C’est le périple qu’ont entrepris des centaines de jeunes catholiques pour rejoindre Rome à l’occasion du Jubilé, un pèlerinage qui réunit près d’un million de personnes âgées de 18 à 35 ans. Venus de Palestine, de Syrie, d’Ukraine ou encore du Soudan du Sud, ces jeunes ne cherchent pas seulement à prier : ils viennent témoigner de leur résilience et raviver leur espoir dans un monde fracturé.
Un Pèlerinage au Cœur des Conflits
Chaque 25 ans, l’Église catholique organise une Année sainte, un événement spirituel d’une ampleur mondiale. Cette année, Rome accueille des pèlerins du monde entier, mais ce sont les jeunes originaires de zones de conflit qui attirent particulièrement l’attention. Leur présence, marquée par des sacrifices immenses, donne une profondeur unique à ce rassemblement. Pour eux, ce voyage est bien plus qu’une tradition : c’est une quête de sens et de liberté.
Le Vatican a choisi de mettre en lumière ces participants, venus d’Irak, du Liban, de Birmanie ou encore d’Ukraine. Leur parcours, souvent semé d’embûches, témoigne de leur détermination à se reconnecter avec une communauté mondiale et à échapper, ne serait-ce qu’un instant, à l’oppression de leur quotidien.
Palestine : Un Voyage Chargé de Sens
Pour Khader Qassis, un Palestinien de 20 ans, le voyage jusqu’à Rome a duré 32 heures. Passer les barrages routiers, traverser trois pays, tout cela dans un contexte où Gaza lutte contre la famine et les bombardements, rend son pèlerinage poignant. Comme il le confie :
« C’est difficile de voyager quand on sait que des gens à Gaza rêvent juste de manger. »
Khader Qassis, pèlerin palestinien
Pourtant, sa présence à Rome lui redonne espoir. Loin des tensions, il trouve dans ce rassemblement une force nouvelle pour affronter les défis de son pays. Jessie Khair, une jeune de Bethléem, partage ce sentiment :
« Être ici, c’est se sentir libre, loin des checkpoints et des blessures. »
Jessie Khair, pèlerine palestinienne
Avec son keffieh noir et blanc, Jessie incarne la résilience d’une jeunesse qui, malgré les épreuves, trouve du réconfort dans la solidarité internationale. Les marques de soutien envers Gaza, exprimées par d’autres pèlerins, renforcent son lien avec cette communauté mondiale.
Syrie : Une Génération Marquée par la Guerre
Sur la place Saint-Pierre, au milieu des chants et des drapeaux colorés, celui de la Syrie, orné de trois étoiles rouges, se distingue. Le père Fadi Syriani accompagne 11 jeunes Syriens, dont beaucoup quittent leur pays pour la première fois. Nés dans un contexte de guerre civile déclenchée en 2011, ces jeunes ont grandi dans l’isolement et la peur.
La communauté chrétienne syrienne, qui ne représente plus que 2 % de la population, a été durement touchée par un attentat contre une église de Damas en juin, qui a coûté la vie à 25 personnes. Pour le père Syriani, ce pèlerinage est une occasion de montrer que l’espoir persiste :
« Nous venons d’un pays déchiré, mais ces jeunes veulent témoigner qu’il y a toujours de l’espérance. »
Père Fadi Syriani, accompagnateur syrien
Pour ces jeunes, Rome représente une parenthèse de normalité. Ils découvrent un monde sans frontières, où leur foi les unit à d’autres pèlerins, loin des traumatismes de leur quotidien.
Ukraine : Prier pour la Paix
Dans une église du quartier de Monti, près du Colisée, un groupe d’Ukrainiens se recueille. Majoritairement des femmes, car les hommes de plus de 18 ans ne peuvent quitter le pays depuis l’invasion russe en 2022, elles viennent principalement des régions occidentales, où la foi gréco-catholique est profondément ancrée.
Svitlana Tryhub, 23 ans, originaire de Lviv, note une meilleure entente avec le nouveau pape, Léon XIV, par rapport à son prédécesseur, dont certaines déclarations avaient suscité la polémique en Ukraine. Natalia Prykhodko, 24 ans, un drapeau ukrainien sur les épaules, exprime un mélange de joie et de douleur :
« Ici, nous ressentons la liberté, mais nos téléphones sonnent à chaque bombardement dans nos villes. »
Natalia Prykhodko, pèlerine ukrainienne
Leur présence à Rome est un symbole de résilience. Malgré les alertes incessantes, elles portent un message d’espoir et de paix, priant pour un avenir meilleur pour leur pays.
Un Message Universel d’Espoir
Ce Jubilé n’est pas seulement un rassemblement religieux : il est un cri d’espoir pour une jeunesse confrontée à des réalités brutales. Ces jeunes, qu’ils viennent de Palestine, de Syrie ou d’Ukraine, partagent un même désir de liberté et de paix. Leur foi, renforcée par ce pèlerinage, devient une arme contre le désespoir.
Leurs histoires rappellent que, même dans les contextes les plus sombres, la solidarité et la spiritualité peuvent ouvrir des horizons nouveaux. À Rome, ils ne sont plus seulement des victimes de la guerre : ils deviennent des porteurs d’espoir.
Pourquoi ce pèlerinage compte ?
- Il réunit des jeunes de pays en guerre, souvent isolés.
- Il offre une parenthèse de liberté et de normalité.
- Il renforce la foi et la solidarité internationale.
- Il met en lumière des conflits souvent oubliés.
Les Défis du Voyage
Pour beaucoup, rejoindre Rome a été un véritable défi. Les obstacles ne manquent pas :
- Checkpoints et frontières : Les pèlerins palestiniens doivent naviguer dans un réseau complexe de barrages.
- Coûts élevés : Les Syriens, issus d’un pays en crise économique, ont souvent dû compter sur des aides.
- Restrictions de voyage : Les Ukrainiens, surtout les hommes, font face à des interdictions strictes.
Ces sacrifices rendent leur présence d’autant plus significative. Chaque pas vers Rome est une victoire sur les contraintes imposées par la guerre.
Rome : Une Ville de Rencontres
La capitale italienne, avec ses places majestueuses et ses églises historiques, devient un carrefour d’histoires et de cultures. Sur la place Saint-Pierre, les drapeaux se mélangent, les langues se croisent, et les chants résonnent. Pour ces jeunes, c’est une occasion rare de se sentir intégrés dans une communauté mondiale.
Jessie Khair, la Palestinienne, souligne l’importance de ces rencontres : « Cela m’aide à rester en contact avec des gens qui partagent mon énergie. » Ces échanges, souvent simples, sont une source de réconfort et d’inspiration.
Un Appel à la Paix
Le Jubilé de 2025 intervient dans un contexte géopolitique tendu. Les conflits en Ukraine, en Syrie ou à Gaza continuent de faire des victimes, et les sanctions internationales peinent à changer la donne. Pourtant, ces jeunes refusent de se résigner.
Leur présence à Rome est un message adressé au monde : la paix est possible, mais elle nécessite du courage et de la solidarité. En priant ensemble, en partageant leurs histoires, ils montrent qu’un autre avenir est envisageable.
| Pays | Défis | Message |
|---|---|---|
| Palestine | Checkpoints, famine à Gaza | Résilience et liberté |
| Syrie | Guerre civile, attentats | Espoir malgré la souffrance |
| Ukraine | Invasion russe, restrictions | Paix et solidarité |
Un Héritage pour l’Avenir
Ce pèlerinage laissera des traces durables. Pour ces jeunes, il représente une chance de se reconstruire, de tisser des liens et de raviver leur foi. Mais il est aussi un rappel pour le monde entier : les victimes des conflits ne sont pas seulement des chiffres, ce sont des individus avec des rêves et des aspirations.
En quittant Rome, ces pèlerins emporteront avec eux un message universel : même dans l’obscurité, la lumière de l’espoir peut briller. Leur courage et leur détermination sont une leçon pour nous tous.
Le Jubilé de 2025 restera gravé comme un moment où la jeunesse, malgré les guerres et les divisions, a choisi de croire en un avenir meilleur. Et si leur foi peut déplacer des montagnes, peut-être peut-elle aussi construire la paix.
