En plein cœur d’une période économique troublée, le Ministre de l’Économie Bruno Le Maire vient de faire une annonce surprenante. Lors d’une interview sur BFMTV mercredi dernier, il a révélé que l’État disposait actuellement de 3 milliards d’euros de recettes fiscales excédentaires par rapport aux prévisions établies en mai dernier. Une bonne nouvelle inattendue alors que la France fait face à un déficit public record.
Un déficit public qui reste préoccupant
Car malgré cet excédent fiscal, la situation des finances publiques françaises reste délicate. En 2023, le déficit public a atteint 5,5% du PIB, bien au-delà des 3% recommandés par les traités européens. Le gouvernement avait d’ailleurs dû revoir ses prévisions à la baisse en début d’année, les recettes fiscales ayant été inférieures de 21 milliards d’euros à ce qui était anticipé.
Bruno Le Maire a reconnu cet “accident” tout en assurant que des mesures avaient été prises pour redresser la barre :
En 2024, nous avons pris les décisions nécessaires pour être à 5,1% du PIB. En 2025, nous devrions être à 4,1% et en 2027, nous serons à 3%.
– Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie
Les risques d’une victoire de l’opposition
Mais ces perspectives restent suspendues aux résultats des prochaines élections législatives. Le Ministre, qui ne se représente pas, a en effet agité une nouvelle fois le chiffon rouge d’une victoire de l’opposition :
La mise en place du programme du Rassemblement National ou de la NUPES nous amènerait soit à mentir aux Français en ne tenant pas nos engagements, soit à exploser le déficit au-dessus des 7% dans les années à venir.
– Bruno Le Maire
Des propos qui font écho à ceux tenus par d’autres membres de la majorité ces dernières semaines, tentant de mobiliser leur électorat en dramatisant les conséquences d’une défaite.
Un excédent fiscal bienvenu mais à relativiser
Si l’annonce de cet excédent fiscal constitue indéniablement une embellie, elle doit cependant être relativisée au vu du niveau global du déficit. Comme le soulignait récemment la Cour des Comptes dans un rapport, la France affiche une dette publique parmi les plus élevées de la zone euro, à plus de 110% du PIB. Un fardeau qui pèse sur les marges de manœuvre budgétaires du pays.
Par ailleurs, cet excédent ponctuel ne doit pas masquer les défis structurels auxquels sont confrontées les finances publiques françaises :
- Un niveau de dépenses publiques très élevé, représentant plus de 55% du PIB
- Des prélèvements obligatoires parmi les plus lourds des pays développés
- Une croissance économique atone depuis de nombreuses années
Autant de réalités qui nécessiteront des réformes de fond, quel que soit le résultat des urnes en 2024. L’enjeu central sera de trouver le bon équilibre entre maîtrise des déficits, soutien à l’activité et protection du modèle social français.
Une bouffée d’oxygène temporaire
En attendant, cet excédent fiscal inattendu représente une petite bouffée d’oxygène bienvenue pour le gouvernement. Il pourrait lui permettre de financer quelques mesures ciblées à l’approche des élections, sans trop dégrader les comptes. Reste à savoir si cela suffira à convaincre des Français de plus en plus sceptiques sur la capacité de l’exécutif à redresser durablement la situation économique du pays…