Un an après la mort tragique du jeune Nahel, abattu lors d’un contrôle routier à Nanterre, et les violentes émeutes urbaines qui ont suivi, qu’en est-il du plan “anti-émeutes” dévoilé par le gouvernement en octobre dernier ? Élisabeth Borne, alors Première ministre, avait annoncé une série de mesures chocs visant à répondre à cette crise de l’autorité. Mais ces dispositions sont-elles réellement à la hauteur des enjeux ?
Un arsenal répressif pour sanctionner les émeutiers
Le plan anti-émeutes se voulait d’abord une réponse ferme aux débordements de l’été 2023. Parmi les mesures phares :
- La multiplication par 5 des amendes pour non-respect du couvre-feu
- Des sanctions pour les parents de mineurs impliqués dans les émeutes
- Plus de pouvoirs aux maires des communes touchées par les violences
L’objectif était clair : punir sévèrement les fauteurs de troubles pour rétablir l’ordre républicain. Car les émeutes ont causé plus d’un milliard d’euros de dégâts selon les estimations. Un coût considérable pour les collectivités et les commerces.
Mais la répression est-elle la seule réponse ?
Si ces dispositions répressives étaient très attendues par une partie de l’opinion, des voix se sont élevées pour pointer leurs limites. Pour de nombreux experts, la seule sanction ne suffira pas à endiguer durablement les violences.
L’exécutif s’attaque aux conséquences de la violence chez les jeunes, pas aux causes.
Un spécialiste des questions de sécurité
Beaucoup jugent qu’il faut aussi s’attaquer aux racines du mal-être de cette jeunesse des quartiers : le chômage, l’échec scolaire, les discriminations…
Le volet “social” du plan suffisamment ambitieux ?
Conscient de cet enjeu, le gouvernement avait aussi misé sur un volet “accompagnement” de son plan anti-émeutes. Au programme notamment :
- Le déploiement de plus d’éducateurs dans les quartiers
- Un soutien renforcé aux associations
- Des dispositifs pour l’emploi et l’insertion des jeunes
Mais ces mesures sociales seront-elles suffisantes pour recréer du lien dans les cités ? C’est tout l’enjeu du plan, dont l’ambition est de restaurer la “cohésion nationale” mise à mal par ces émeutes inédites.
Un plan remis en cause par la dissolution de l’Assemblée
Un an après son lancement, le plan anti-émeutes est aujourd’hui confronté à un nouveau défi de taille : la dissolution de l’Assemblée nationale prononcée par Emmanuel Macron. Dans ce contexte politique incertain, difficile de savoir ce qu’il adviendra des mesures annoncées.
Le nouveau gouvernement, qui sera nommé après les législatives, maintiendra-t-il ce cap sécuritaire ? Ou changera-t-il de braquet, jugeant le plan insuffisant ou inadapté ? Dans les quartiers concernés, beaucoup redoutent un abandon des promesses sociales.
On a besoin d’actions concrètes et durables, pas d’effets d’annonce. Les jeunes attendent des preuves, pas des paroles.
Un responsable associatif de Nanterre
Un an après la mort de Nahel et les émeutes qui ont suivi, le bilan du plan anti-émeutes reste donc en demi-teinte. Si des mesures fortes ont été prises, leur efficacité sur le long terme soulève des interrogations. Et l’avenir même du plan apparaît aujourd’hui menacé par les soubresauts politiques. De quoi nourrir la défiance d’une partie de la jeunesse, qui avait vu dans ce drame un électrochoc salutaire. Le chemin vers l’apaisement et la réconciliation nationale semble encore long et semé d’embûches…