Dans le chaos brûlant du centre de la Somalie, une nouvelle page sombre s’écrit. La ville de Maxaas, un carrefour vital à 300 km de Mogadiscio, est tombée aux mains des Shebab, ces combattants islamistes liés à Al-Qaïda. Ce n’est pas qu’une simple prise de territoire : c’est un coup dur porté à l’espoir d’une stabilité fragile dans une région déjà meurtrie par des décennies de conflit. Mais comment une ville aussi stratégique a-t-elle pu basculer si vite ?
Maxaas, un verrou stratégique dans le chaos somalien
Située dans une zone clé pour le transport et la logistique, Maxaas n’est pas une ville comme les autres. Elle relie des routes essentielles, permettant le contrôle de flux commerciaux et militaires dans le centre de la Somalie. Sa chute représente un revers majeur pour le gouvernement somalien, qui lutte pour maintenir son autorité face à une insurrection islamiste qui gagne du terrain.
Les Shebab, dont l’offensive a débuté au début de l’année, ont déjà repris des dizaines de villes et villages. Ce succès à Maxaas s’inscrit dans une série de victoires qui effacent presque les progrès réalisés par l’armée nationale lors de ses campagnes de 2022 et 2023. Mais qu’est-ce qui rend cette ville si cruciale ?
Une offensive fulgurante des Shebab
Dimanche matin, l’attaque a été d’une violence rare. Selon des témoignages militaires, les Shebab ont déployé des voitures piégées et des centaines de combattants lourdement armés. L’assaut, méthodique et brutal, a submergé les défenses de la ville. Les forces somaliennes, appuyées par des milices locales, ont tenté de résister, mais la supériorité numérique et tactique des assaillants a eu raison de leurs efforts.
« Les courageux membres de l’armée somalienne et les milices locales les ont combattus avec acharnement avant de se replier tactiquement vers des positions défensives préétablies. »
Un commandant militaire somalien
Ce « repli tactique », comme l’a qualifié un haut gradé, cache une réalité plus sombre : Maxaas est désormais sous contrôle ennemi. Les combats, bien que sporadiques, se poursuivent à la périphérie, laissant présager une possible contre-offensive. Mais pour l’heure, les Shebab tiennent fermement leur prise.
Un contexte militaire fragile
Jusqu’en août 2024, Maxaas était protégée par des troupes éthiopiennes, intégrées aux forces de l’Union africaine. Leur départ, cédant la place à l’armée nationale somalienne, a créé un vide sécuritaire. Les milices locales, bien que déterminées, manquent souvent de formation et d’équipement pour affronter un ennemi aussi organisé que les Shebab.
La perte de Maxaas n’est pas un incident isolé. Depuis le début de leur offensive, les Shebab ont systématiquement ciblé des zones stratégiques, exploitant les faiblesses d’une armée somalienne encore en reconstruction. Leur capacité à coordonner des attaques d’envergure, mêlant explosifs et assauts massifs, montre une résilience inquiétante.
Les Shebab : une menace persistante
Liés à Al-Qaïda, les Shebab ne sont pas une force nouvelle en Somalie. Depuis plus de 15 ans, ils mènent une insurrection visant à instaurer un régime islamiste strict. Malgré les efforts internationaux pour les affaiblir, ils restent une menace majeure, contrôlant de vastes zones rurales et lançant régulièrement des attaques contre des cibles militaires et civiles.
Leur stratégie repose sur une combinaison de guérilla et d’attaques spectaculaires, comme l’utilisation de voitures piégées. À Maxaas, cette tactique a permis de désorganiser les défenses locales, ouvrant la voie à une occupation rapide. Leur communiqué revendiquant la prise de la ville témoigne de leur volonté de marquer les esprits.
Les Shebab ont transformé Maxaas en un symbole de leur puissance, mais aussi en un défi pour le gouvernement somalien, qui doit désormais prouver sa capacité à reprendre le contrôle.
Les défis du gouvernement somalien
Pour le gouvernement de Mogadiscio, la perte de Maxaas est un revers stratégique et symbolique. Les campagnes militaires de 2022 et 2023 avaient permis de reprendre du terrain, mais ces gains s’effritent face à la détermination des Shebab. L’armée nationale, bien que soutenue par des partenaires internationaux, souffre d’un manque de ressources et de coordination.
Les milices locales, souvent composées de combattants issus des clans environnants, jouent un rôle clé dans la lutte contre les Shebab. Cependant, leur loyauté et leur efficacité varient, rendant leur intégration dans une stratégie nationale complexe.
Une contre-offensive en vue ?
Les combats ne sont pas terminés, selon un milicien local. Des tirs sporadiques résonnent encore autour de Maxaas, et les forces somaliennes préparent une réponse. Mais une contre-offensive réussie nécessitera une coordination sans faille et des ressources importantes, deux éléments qui font souvent défaut.
Les enjeux sont immenses. Une reconquête rapide de Maxaas pourrait redonner confiance au gouvernement et à ses alliés. À l’inverse, un échec prolongerait la mainmise des Shebab sur la région, renforçant leur influence.
Les implications régionales
La prise de Maxaas ne concerne pas seulement la Somalie. La Corne de l’Afrique, déjà instable, risque de voir le conflit s’étendre. Les Shebab, en consolidant leur emprise, pourraient menacer les routes commerciales et les bases militaires des pays voisins, comme l’Éthiopie ou le Kenya, tous deux impliqués dans la lutte contre le groupe.
Pour l’Union africaine, la chute de Maxaas met en lumière les limites de son dispositif sécuritaire. Le retrait des troupes éthiopiennes, bien que planifié, a laissé un vide que les forces locales n’ont pas su combler. Cela soulève des questions sur la viabilité d’une transition complète vers l’armée somalienne.
| Facteurs clés | Impact sur Maxaas |
|---|---|
| Retrait des troupes éthiopiennes | Vide sécuritaire facilitant l’assaut des Shebab |
| Coordination militaire | Défaut de synchronisation entre armée et milices |
| Tactiques des Shebab | Attaques coordonnées avec voitures piégées |
Un avenir incertain
La Somalie se trouve à un tournant. La prise de Maxaas par les Shebab n’est pas seulement une défaite militaire, mais aussi un signal d’alarme pour la communauté internationale. La lutte contre l’insurrection islamiste exige une approche globale, combinant renforcement des capacités militaires, soutien économique et efforts diplomatiques.
Pour les habitants de Maxaas, l’avenir est encore plus incertain. La ville, désormais sous le joug des Shebab, risque de devenir un théâtre de violences prolongées. Les civils, pris entre deux feux, paient le prix le plus lourd de ce conflit sans fin.
Alors que les combats se poursuivent à la périphérie, une question demeure : le gouvernement somalien parviendra-t-il à reprendre le contrôle, ou Maxaas deviendra-t-elle un bastion durable des Shebab ? L’histoire de ce conflit, comme celle de la Somalie, reste à écrire.
