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Crise des Polluants Éternels en Belgique : Que Savoir ?

En Wallonie, l'eau potable est contaminée par des "polluants éternels". Quels risques pour la santé ? Quelles solutions ? Les réponses arrivent, mais à quel prix...

Imaginez ouvrir votre robinet pour un verre d’eau, un geste anodin, et apprendre qu’il contient des substances chimiques persistantes, surnommées « polluants éternels ». En Wallonie, cette réalité a secoué des milliers d’habitants. Depuis plusieurs mois, la région fait face à une crise sanitaire et environnementale liée aux PFAS, des composés chimiques quasi indestructibles. Cette situation, révélée par des analyses récentes, soulève des questions brûlantes : d’où vient cette pollution ? Quels sont les risques pour la santé ? Et surtout, comment les autorités comptent-elles y remédier ? Plongeons dans cette problématique complexe, entre science, politique et inquiétudes citoyennes.

Une Crise Silencieuse aux Conséquences Durables

En 2023, la Wallonie a été secouée par une révélation troublante : l’eau potable de plusieurs communes, notamment dans la région de Mons, contenait des niveaux alarmants de PFAS, ces polluants éternels utilisés dans de nombreux produits industriels pour leurs propriétés imperméables et anti-adhésives. Ces substances, présentes dans des objets du quotidien comme les poêles antiadhésives ou les vêtements imperméables, ont la particularité de ne pas se dégrader dans l’environnement. Résultat : une fois dans l’eau, le sol ou l’organisme humain, elles s’accumulent, parfois pendant des décennies.

La crise a éclaté suite à une enquête révélant que des alertes sur la contamination de l’eau à Chièvres, une commune abritant une base militaire américaine, avaient été ignorées pendant des années. Cette découverte a mis en lumière une fracture dans la confiance entre la population et les autorités, alimentant un sentiment de méfiance. Les habitants, qui buvaient cette eau sans méfiance, se demandent aujourd’hui à quoi ils ont été exposés et pour combien de temps.

Les PFAS : Qu’est-ce que c’est ?

Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, forment une famille de plusieurs milliers de composés chimiques. Leur résistance exceptionnelle en fait un atout pour l’industrie, mais un cauchemar pour l’environnement. Utilisés dans les mousses anti-incendie, les emballages alimentaires ou encore les textiles, ils se retrouvent aujourd’hui dans les sols, les rivières et même le sang humain. Leur surnom de polluants éternels reflète leur incapacité à se décomposer naturellement, ce qui les rend particulièrement problématiques.

« Ces substances sont partout, et leur impact sur la santé peut être grave à long terme. »

Un scientifique belge impliqué dans les analyses

Les études scientifiques montrent que l’exposition prolongée aux PFAS peut avoir des effets néfastes : troubles de la fertilité, impacts sur le développement fœtal, augmentation des risques d’obésité ou même de certains cancers. Ces risques, bien que mieux compris aujourd’hui, restent difficiles à quantifier pour les populations exposées sur de longues périodes.

Une Pollution aux Origines Floues

Dans la région de Mons, la contamination semble liée à une conduite d’eau majeure, le Feeder du Hainaut. Mais l’origine exacte reste un mystère. Parmi les hypothèses, l’utilisation de mousses anti-incendie sur la base militaire de Chièvres est pointée du doigt. Ces produits, riches en PFAS, auraient pu s’infiltrer dans les nappes phréatiques, contaminant l’eau potable distribuée à des milliers de foyers. Une enquête judiciaire est en cours pour clarifier les responsabilités, mais les réponses se font attendre.

Ce flou alimente la frustration des habitants. À Braine-le-Château, par exemple, des tests ont révélé des concentrations de PFAS cinq à six fois supérieures à la norme européenne de 4 ng/l pour quatre types de PFAS. Face à cette situation, les autorités ont réagi en installant des filtres à charbon actif pour purifier l’eau. Mais pour beaucoup, ces mesures arrivent trop tard.

Une Réponse en Deux Temps

Pour répondre à l’inquiétude croissante, les autorités wallonnes ont lancé une campagne de tests sanguins. Entre mai et juillet 2024, environ 1 300 habitants de dix communes prioritaires, dont Chièvres et Braine-le-Château, ont été testés pour évaluer leur niveau d’exposition aux PFAS. Les résultats, attendus à l’automne 2024, pourraient entraîner de nouvelles recommandations sanitaires.

Pourquoi les tests sanguins ?

  • Mesurer la concentration de PFAS dans le sang.
  • Évaluer les risques pour la santé à long terme.
  • Identifier les populations les plus exposées.

Parallèlement, le gouvernement wallon a pris une décision ambitieuse : avancer à 2025 l’application de la norme européenne limitant à 100 ng/l la concentration de vingt PFAS dans l’eau potable, initialement prévue pour 2026. Cette mesure vise à rassurer la population, mais elle ne règle pas le problème de fond : la persistance des PFAS dans l’environnement.

La Défiance des Habitants

Dans les communes touchées, la méfiance est palpable. À Braine-le-Château, un habitant, Douglas, exprime son exaspération :

« Les autorités disaient que tout allait bien, mais elles n’avaient aucune donnée. Ce n’est pas acceptable. »

Douglas, 35 ans, habitant de Braine-le-Château

Ce sentiment est partagé par beaucoup. À Chièvres, la découverte que les militaires consommaient de l’eau en bouteille par précaution, alors que les habitants n’étaient pas informés, a amplifié la colère. Cette fracture de confiance complique la communication des autorités, qui peinent à rassurer une population en quête de transparence.

Des Solutions à Long Terme ?

Le ministre wallon de la Santé et de l’Environnement, Yves Coppieters, ne cache pas la complexité du problème :

« On est partis pour des décennies pour régler cette histoire. »

Yves Coppieters, ministre wallon

Pour lui, la solution passe par des mesures radicales, comme l’interdiction totale des PFAS dans les produits de consommation. Une proposition en ce sens est attendue de la Commission européenne en 2026, avec des exceptions possibles pour des usages jugés essentiels, notamment dans le domaine médical. En attendant, les autorités locales se concentrent sur des mesures d’urgence :

  • Installation de filtres à charbon actif sur les réseaux d’eau.
  • Contrôles renforcés des normes de qualité de l’eau.
  • Restrictions sur l’épandage de boues contaminées dans les champs.

Ces actions, bien que nécessaires, sont perçues comme des pansements sur une plaie bien plus profonde. La contamination par les PFAS ne disparaît pas avec des filtres : elle nécessite une refonte des pratiques industrielles et agricoles.

Un Défi Européen et Global

La crise wallonne n’est que la partie émergée de l’iceberg. Les PFAS sont un problème mondial, touchant des pays comme les États-Unis, où des scandales similaires ont éclaté, ou encore les Pays-Bas, confrontés à la contamination de rivières. En Europe, l’Union européenne travaille sur une réglementation plus stricte, mais le chemin est long. Interdire les PFAS dans des produits comme les boîtes à pizza ou les vêtements imperméables demande un équilibre entre protection de l’environnement et besoins industriels.

Produit Usage des PFAS Alternative possible
Emballages alimentaires Résistance à l’eau et aux graisses Matériaux biodégradables
Textiles imperméables Imperméabilisation Revêtements sans PFAS
Mousses anti-incendie Efficacité contre les feux Formules sans fluor

Pour les citoyens, l’attente de solutions concrètes est insoutenable. Certains, comme Douglas, espèrent que les tests sanguins apporteront des réponses claires. D’autres exigent des mesures préventives immédiates, comme l’interdiction de consommer des produits locaux, tels que les œufs ou légumes cultivés sur des sols potentiellement contaminés.

Vers un Avenir sans PFAS ?

Résoudre la crise des PFAS demande un effort collectif. Les scientifiques appellent à une meilleure surveillance des rejets industriels, tandis que les associations environnementales plaident pour une interdiction totale de ces substances. En Wallonie, les autorités tentent de regagner la confiance en renforçant les contrôles et en communiquant davantage. Mais comme le souligne le ministre Coppieters, le combat est loin d’être terminé.

Pour les habitants, l’enjeu est double : protéger leur santé et préserver leur environnement. La crise des PFAS met en lumière une réalité inquiétante : les substances chimiques que nous utilisons au quotidien peuvent avoir des conséquences imprévues, parfois des décennies plus tard. Alors que les résultats des tests sanguins sont attendus, une question demeure : serons-nous capables de tirer les leçons de cette crise pour éviter qu’elle ne se répète ?

Que peut-on faire à l’échelle individuelle ?

  • Vérifier la qualité de l’eau potable dans sa commune.
  • Privilégier des produits sans PFAS (emballages, textiles).
  • Soutenir les initiatives pour une réglementation plus stricte.

La crise des PFAS en Wallonie est un signal d’alarme. Elle rappelle que la protection de l’environnement et de la santé publique est un défi de longue haleine, nécessitant des actions concrètes et une coopération internationale. En attendant, les habitants de la région continuent de vivre avec l’incertitude, espérant des réponses claires et des solutions durables.

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