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Pascal Bruckner relaxé : la liberté d’expression triomphe

L'écrivain Pascal Bruckner vient d'être relaxé dans l'affaire de diffamation qui l'opposait à Rokhaya Diallo. Un procès qui soulève des questions essentielles sur les limites de la liberté d'expression et la responsabilité intellectuelle dans le débat public. Mais jusqu'où peut-on aller ?

C’est un procès qui aura fait couler beaucoup d’encre et suscité de vifs débats. Pascal Bruckner, célèbre écrivain et philosophe français, vient d’être relaxé dans l’affaire de diffamation qui l’opposait à la militante antiraciste Rokhaya Diallo. Une décision judiciaire qui soulève des questions essentielles sur les limites de la liberté d’expression et la responsabilité intellectuelle dans le débat public.

Retour sur une polémique explosive

Tout commence en octobre 2020, lorsque Pascal Bruckner accuse Rokhaya Diallo, sur le plateau de l’émission 28 minutes sur Arte, d’avoir “armé le bras des tueurs” de Charlie Hebdo par ses critiques répétées contre le journal satirique, qualifié d'”islamophobe” et “raciste”. Des propos d’une rare violence qui choquent la militante, l’amenant à porter plainte pour diffamation quelques jours plus tard.

Lors du procès qui s’est tenu le 21 mai dernier, le procureur a requis la relaxe, estimant que l’écrivain n’avait pas franchi les limites de la liberté d’expression dans un débat “d’intérêt public”. Une position suivie par le tribunal qui a relaxé Pascal Bruckner ce mardi 25 juin.

La liberté d’expression en question

Cette affaire pose la question épineuse des limites de la liberté d’expression. Jusqu’où peut-on aller dans la critique, notamment lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles que la religion, le terrorisme ou le racisme ? Pour Pascal Bruckner et son avocat, Me Richard Malka, cette relaxe est une victoire pour la liberté d’opinion :

“On pourra donc continuer à interroger la responsabilité intellectuelle de Mme Diallo au titre de ses propos sur Charlie Hebdo”

– Me Richard Malka, avocat de Pascal Bruckner

Mais pour Rokhaya Diallo et ses soutiens, il s’agit au contraire d’une tentative de museler toute critique à l’encontre de l’écrivain et de ses prises de position parfois controversées. La militante dénonce une “méthode méprisable” visant à la faire passer pour une ennemie de la liberté d’expression.

Un texte polémique exhumé

Pour étayer son accusation, Pascal Bruckner s’appuie notamment sur un texte collectif signé par Rokhaya Diallo en 2011, intitulé “Pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo !”. Un texte au vitriol qui critique violemment l’hebdomadaire satirique et dénonce son “islamophobie” :

“Charlie Hebdo, en publiant des articles ou des dessins antimusulmans, participe à la confusion générale, à la sarkozisation et à la lepénisation des esprits.”

– Extrait du texte collectif signé par Rokhaya Diallo en 2011

Pour l’écrivain, ce type de propos a “armé les tueurs” en favorisant un climat de haine contre Charlie Hebdo. Une accusation très grave, que Rokhaya Diallo réfute avec force, rappelant son engagement constant contre toute forme de violence et de terrorisme.

Responsabilité intellectuelle et débat démocratique

Au-delà de cette affaire spécifique, ce procès questionne plus largement la responsabilité des intellectuels et personnalités publiques dans le débat démocratique. Quel est l’impact de leurs prises de position, parfois clivantes ou provocatrices, sur la société ? Peuvent-ils être tenus pour responsables, même indirectement, des dérives violentes de certains ?

D’un côté, il apparaît essentiel de préserver une liberté d’expression et de critique la plus large possible, garante d’un débat public riche et contradictoire, y compris sur les sujets qui fâchent. Mais de l’autre, il semble légitime d’attendre des personnalités influentes une forme de responsabilité et de mesure, pour ne pas alimenter les tensions et les rancoeurs.

Un équilibre délicat à trouver, comme le souligne Pascal Bruckner dans une réaction à sa relaxe :

“On ne devrait pas encombrer les tribunaux avec des litiges qui relèvent de la liberté d’expression et d’opinion.”

– Pascal Bruckner

Un vœu pieux ? Toujours est-il que ce procès aura eu le mérite de relancer le débat sur cette question essentielle pour notre démocratie. Et de nous rappeler que la liberté d’expression, si précieuse soit-elle, ne peut se concevoir sans une réflexion sur ses limites et ses possibles dérives. Un débat qui est loin d’être clos.

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